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Journal asmac No 2 - avril 2024

Système - Société, santé, salubrité Politique - Deux initiatives à l’épreuve Psychoanaleptiques - Utilisation off-label dans les soins palliatifs Tiques - Les infections rares

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Politique<br />

ductions de primes, cette augmentation<br />

s’est répercutée négativement sur le revenu<br />

disponible. En 2023, cela s’est traduit<br />

par une baisse du revenu disponible de<br />

0,4%. Le fait est que ces dernières années,<br />

de nombreux cantons ont réduit leurs dépenses<br />

pour les réductions de primes et<br />

que de larges couches de la population<br />

considèrent les primes comme un fardeau.<br />

Les opposants à l’initiative critiquent<br />

que cette dernière entraînerait des coûts<br />

trop importants et qu’elle ne prévoit aucune<br />

mesure pour réduire les coûts de la<br />

santé.<br />

Le Conseil fédéral a certes reconnu<br />

que la revendication était légitime, mais le<br />

Parlement a édulcoré son contre-projet à<br />

tel point qu’il ne représentait pas une alternative<br />

valable pour les auteurs de l’initiative.<br />

Un plafonnement des coûts de<br />

l’assurance de base ...<br />

L’initiative pour un frein aux coûts a été<br />

lancée par le parti Le Centre. Elle demande<br />

un plafonnement des coûts pour les prestations<br />

de l’assurance de base. En cas<br />

d’adoption du texte, le montant total des<br />

prestations financées par l’assurance de<br />

base devrait évoluer «conformément à<br />

l’économie nationale et aux salaires<br />

moyens». Si l’augmentation des coûts est<br />

supérieure de plus d’un cinquième à l’évolution<br />

des salaires nominaux, la Confédération<br />

devrait mettre en œuvre en collaboration<br />

avec les cantons des mesures visant<br />

à faire baisser les coûts.<br />

Les partisans avancent aussi l’argument<br />

de l’augmentation des coûts de la<br />

santé et de la contrainte que cela représente<br />

pour les ménages. Ils estiment qu’il<br />

y a un potentiel d’économie important qui<br />

ne peut toutefois être exploité que si les<br />

acteurs y sont contraints par un frein aux<br />

coûts.<br />

... conduit à un rationnement<br />

et à des temps d’attente<br />

Quant aux opposants, ils craignent que le<br />

frein aux coûts n’entraîne un rationnement<br />

des prestations de santé et de longs<br />

temps d’attente. Une médecine à deux vitesses<br />

en serait la conséquence. Cela se<br />

répercuterait en premier lieu sur les personnes<br />

qui dépendent d’un financement<br />

solidaire des prestations de santé.<br />

Quelle est la position de l’<strong>asmac</strong>?<br />

Le Comité directeur de l’<strong>asmac</strong> a donné la<br />

consigne de voter OUI à l’initiative d’allègement<br />

des primes et NON à l’initiative<br />

pour un frein aux coûts. Angelo Barrile,<br />

président de l’<strong>asmac</strong> et, en tant qu’ancien<br />

conseiller national PS, membre du comité<br />

d’initiative, justifie comme suit le OUI de<br />

l’<strong>asmac</strong> à l’initiative d’allègement des<br />

primes: «En tant que médecins, nous assumons<br />

une responsabilité particulière pour<br />

la santé de nos patientes et patients. <strong>No</strong>us<br />

devons donc nous engager pour un système<br />

de qualité abordable pour tous. Je le<br />

vois régulièrement dans mon travail: les<br />

patientes et patients optent pour une franchise<br />

élevée parce que cela leur permet<br />

d’économiser de l’argent. Ensuite, ils retardent<br />

longtemps la consultation chez le<br />

médecin pour ne pas inutilement grever le<br />

budget du ménage. C’est inadmissible. La<br />

consultation chez le médecin ne doit pas<br />

devenir un luxe inabordable.»<br />

C’est pour la même raison qu’il faut<br />

rejeter l’initiative pour un frein aux coûts,<br />

explique Angelo Barrile: «Un plafonnement<br />

conduit automatiquement à un rationnement.<br />

Cela s’est produit partout où<br />

une telle mesure a été mise en œuvre. Les<br />

plus faibles dans le système sont les perdants.<br />

Si l’initiative était adoptée, cela entraînerait<br />

une médecine à deux vitesses et<br />

de longs temps d’attente pour les traitements<br />

nécessaires.»<br />

De bons arguments contre le frein<br />

aux coûts<br />

Le comité des organisations de santé qui<br />

s’oppose à l’initiative et auquel appartient<br />

l’<strong>asmac</strong> est emmené par la FMH. Il avance<br />

d’autres arguments contre l’initiative pour<br />

un frein aux coûts: la dépendance à la<br />

conjoncture imposée est absurde, étant<br />

donné que l’état de santé général de la population<br />

se détériore justement lorsque<br />

l’économie va mal. L’initiative veut donc<br />

limiter l’accès aux soins justement lorsqu’ils<br />

sont le plus nécessaires. De plus, elle<br />

implique le risque de réaliser des économies<br />

sur le dos du personnel, c’est-à-dire<br />

que la pression sur les salaires et les conditions<br />

de travail des médecins et du personnel<br />

s’accentuerait. Par ailleurs, les traitements<br />

reportés ou annulés engendrent<br />

des coûts consécutifs importants. Le véritable<br />

objectif de l’initiative, c’est-à-dire de<br />

réduire les coûts, ne pourra donc pas être<br />

atteint.<br />

Angelo Barrile souligne qu’il faut garder<br />

un œil sur les coûts de la santé, mais<br />

que l’initiative pour un frein aux coûts<br />

n’est pas la bonne réponse. «Au lieu de cela,<br />

nous devrions améliorer les soins de<br />

base et faire avancer la transformation numérique.<br />

Des études montrent que la numérisation<br />

permet à elle seule de réduire<br />

les coûts de 10%. Les caisses-maladie<br />

peuvent aussi contribuer aux économies<br />

en évitant les demandes inutiles qui engendrent<br />

un surcroît de travail pour les<br />

médecins.» Pour finir, il rappelle qu’il faut<br />

améliorer les conditions de travail du personnel<br />

hospitalier, car une fluctuation élevée<br />

occasionne aussi des coûts. Quant au<br />

corps médical, il peut contribuer à réduire<br />

les coûts en travaillant selon les principes<br />

«Smarter Medicine».<br />

Voter et mobiliser<br />

Les premiers sondages réalisés en mars<br />

montrent que les deux initiatives ont de<br />

bonnes chances d’être acceptées. En particulier,<br />

l’acceptation de l’initiative pour un<br />

frein aux coûts mettrait en péril la qualité<br />

des soins de santé, comme le souligne Angelo<br />

Barrile: «En tant que médecins, nous<br />

savons comment fonctionne le système de<br />

santé. Il nous incombe donc d’effectuer un<br />

travail d’information et de réfuter les<br />

nombreux faux arguments qui circulent. Il<br />

est essentiel de mobiliser le plus grand<br />

nombre pour un non. Un net rejet de l’initiative<br />

serait un signal fort en faveur d’un<br />

système de santé solidaire et porteur<br />

d’avenir.»<br />

– Vous trouverez d’autres informations<br />

et du matériel de campagne sur le site<br />

web du comité «<strong>No</strong>n au frein aux coûts»:<br />

www.frein-aux-couts-non.ch<br />

– Informations et arguments relatifs à<br />

l’initiative d’allègement des primes:<br />

www.primes-abordables.ch<br />

@vsao<strong>asmac</strong><br />

vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 2/24 7

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