Journal asmac No 2 - avril 2024

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Point de mire: Système Sous l’Empire romain et jusqu’au XVIII e siècle, il était courant de faire ses besoins dans la rue. La population urbaine vivait dans une saleté permanente. L’absence d’évacuation des eaux usées entraînait régulièrement la contamination des puits d’eau potable situés dans les agglomérations, donnant lieu à des épidémies dévastatrices de typhus et de choléra. De ce fait, l’espérance de vie dans les villes était nettement inférieure à celle des campagnes. Ce n’est qu’au XIX e siècle que les médecins, les urbanistes et les architectes ont exigé une évacuation contrôlée des eaux usées dans le cadre de la réforme des cloaques. Grâce aux efforts d’amélioration de l’hygiène urbaine, l’espérance de vie a doublé, passant de 40 à 80 ans. Augmentation de la pollution des eaux Le gain en termes de qualité de vie s’est accompagné d’une augmentation de la pollution des eaux. En effet, les eaux usées rejetées par les agglomérations se sont déversées dans les ruisseaux, les rivières et les lacs sans être épurées. Des tapis de mousse se sont formés, et des algues et tapis d’algues nauséabonds ont proliféré dans les cours d’eau, causant la mort des poissons. Pour des raisons sanitaires, les autorités décrétèrent des interdictions de baignade en de nombreux endroits jusque dans les années 1970. 34 Construction de stations d’épuration A la fin des années 1950, moins de 10% de la population suisse est raccordée à une station d’épuration publique (STEP). L’utilisation croissante de tensioactifs synthétiques dans les détergents et les produits d’entretien, ainsi que l’exploitation agricole toujours plus intensive du Mittelland aggravent dramatiquement les problèmes de protection des eaux. La première loi sur la protection des eaux en Suisse entre en vigueur en 1957. Dès 1962, la Confédération soutient la construction de stations d’épuration. A peine vingt ans plus tard, environ 80% de la population et presque toutes les entreprises évacuent déjà leurs eaux usées vers une STEP. En parallèle à la construction des stations d’épuration publiques, le réseau de canalisations est étendu en un temps record pour atteindre une longueur totale de 130 000 kilomètres à l’heure actuelle. Ce système d’évacuation ramifié et robuste permet d’éviter les inondations dans les zones d’habitation, même en cas de fortes pluies. Du nettoyage mécanique à l’ozonation L’épuration des eaux usées et l’assainissement urbain se développent continuellement jusqu’à aujourd’hui. Les STEP actuelles comportent quatre étapes d’épuration: – Première étape: dans les années 1950, le traitement des eaux usées se limite souvent à l’épuration mécanique, c’est-àdire à l’exploitation d’une décantation primaire. Mais cela ne permet d’éliminer qu’une partie de la charge organique des eaux usées. Les tapis de mousse sur la Limmat en aval de Zurich au début des années 1960 n’invitaient guère à la baignade. – Deuxième étape: dans les années 1960, le traitement biologique des eaux usées s’impose, notamment le procédé à boues activées. Les micro-organismes présents dans les boues dégradent les polluants organiques à l’aide d’oxygène. Environ 90% des substances biodégradables sont ainsi éliminées des eaux usées. – Troisième étape: dans les années 1970, les grandes stations d’épuration sont équipées d’une étape d’épuration chimique sous la forme d’une précipitation de phosphates. Cela permet d’éliminer des eaux usées, en plus des substances biodégradables, le phosphore qui favorise la prolifération des algues. Les phosphates sont finalement interdits en 1986 pour les détergents textiles. – Elimination de l’azote: afin d’éliminer des eaux usées l’ammonium ou le nitrite, toxiques pour les poissons, ainsi que le nitrate, utilisé comme engrais, les STEP sont agrandies et développées dans les années 1980 et 1990 (mécanismes de nitrification et dénitrification). – Depuis 1998, l’ordonnance sur la protection des eaux prescrit l’élaboration de plans généraux d’évacuation des eaux pour les communes. Cela permet de consolider la planification et la mise en œuvre systématiques d’un système d’évacuation des eaux usées fonctionnel. – Depuis 2002, on assiste à un changement de mentalité concernant la gestion des eaux urbaines par temps de pluie. Pendant des décennies, l’assainissement urbain a consisté à évacuer le plus rapidement possible toutes les eaux usées des agglomérations. Ce n’est qu’avec la loi sur la protection des eaux de 2002 qu’apparaît le principe selon lequel les «eaux non polluées» doivent être infiltrées en priorité. – Quatrième étape: à partir des années 2010, l’attention se porte sur les micropolluants issus de médicaments, d’hormones ou de biocides. Dès 2014, la Confédération oblige certaines STEP à les éliminer des eaux usées. Pour ce faire, des procédés au charbon actif ou à l’ozone (ozonation) sont principalement utilisés. – De nouvelles approches élargissent l’assainissement urbain traditionnel et permettent une gestion de l’eau durable et adaptée au climat dans les agglomérations. Le principe de la ville-éponge, développé dans les années 2020, permet d’intégrer l’eau dans la conception des agglomérations et de leurs infrastructures, de la retenir, de l’évaporer, de l’évacuer sans danger et de l’utiliser comme 2/24 vsao /asmac Journal
Point de mire: Système Que ne doit-on pas jeter dans les égouts? De l’écume sur l’Aar près d’Aarbourg en 1962. Une situation heureusement inconcevable de nos jours. élément de conception. Cette gestion de l’eau adaptée au climat offre des opportunités à la fois pour l’homme et pour la nature et atténue les effets du changement climatique. Situation actuelle Aujourd’hui, 98% des ménages sont raccordés à une STEP, ce qui signifie que le potentiel d’extension est pratiquement épuisé. Les terrains sont drainés, les eaux polluées des ménages, de l’industrie et de l’agriculture sont acheminées vers les STEP. Près de 750 stations d’épuration publiques traitent les eaux usées dans toute la Suisse, 24 heures sur 24 et 365 jours par an. Les cours d’eau naturels ont ainsi été considérablement déchargés des nutriments, métaux lourds et autres substances problématiques. Ils ont non seulement amélioré la qualité de l’habitat des organismes aquatiques, mais offrent aussi de nouveau une eau propice à la baignade. Les épidémies et les maladies liées au manque d’hygiène appartiennent depuis longtemps au passé. L’assainissement urbain est, pour ainsi dire, fondamental pour notre santé et la protection des eaux. On trouve dans les égouts toutes sortes de produits qui n’ont rien à y faire: – Les matières solides telles que les litières pour chats, les lingettes humides, les articles d’hygiène, les chewing-gums, les préservatifs ou les textiles finissent souvent dans les toilettes. Or, ceux-ci doivent être jetés à la poubelle et non dans les canalisations, car ils les bouchent. Dans le pire des cas, cela peut occasionner une inondation de la pièce. Et si les objets sortent de la maison, ils risquent d’obstruer les pompes de la station d’épuration et doivent être enlevés à la main au prix de gros efforts. – Les déchets de cuisine sont biodégradables et doivent être mis au compost; les aliments cuits, rôtis et les restes d’animaux doivent être jetés à la poubelle. Les restes de nourriture peuvent obstruer les canalisations et, dans le pire des cas, attirer les rats et la vermine. – L’huile, les médicaments, les produits chimiques, les engrais, les peintures et les vernis contiennent des substances nocives qui ne doivent en aucun cas pénétrer dans la nappe phréatique. Les substances, médicaments et poisons doivent être rapportés aux points de vente; leur nettoyage à la STEP reste insuffisant. Plus d’informations: www.inf-eau.ch Les lingettes humides peuvent obstruer les pompes des égouts et doivent être jetées à la poubelle. Annonce Dans l’urgence, Donner les premiers soins © Ron Haviv / VII www.msf.ch ccP 12-100-2 vsao /asmac Journal 2/24 35
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