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Lettres du P. Henri Planchat

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Notre bon Père Supérieur est tout heureux de vous donner, à vous et à tous les membres de la petite<br />

Communauté d’Amiens, sa bénédiction, en ce renouvellement de l’année et en la vigile de cette belle fête de<br />

l’Epiphanie.<br />

174 - à M. Halluin<br />

Tout à vous en Jésus Enfant...<br />

l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />

Où il est question de la lettre <strong>du</strong> P. Le Prevost, celle <strong>du</strong> 5 janvier(n o 926): aller voir le papa de notre petit Charles<br />

LENOIR pour un problème avec le jeune Joseph LUCAS. -- P.S. <strong>du</strong> Père Le Prevost: M. Mitouard arrive,<br />

fatigué.<br />

Mon bon Père Halluin,<br />

Vaugirard, 8 janvier 1864<br />

(vendredi dans l’octave de l’Epiphanie)<br />

Notre Père Supérieur me charge de vous expliquer plus au long une petite affaire dont il vous a touché<br />

deux mots hier ou avant-hier. Une nouvelle lettre <strong>du</strong> père de Charles Lenoir, nous oblige à réclamer de vous une<br />

prompte et énergique intervention auprès de ce brave et digne vieillard, bien vivement et bien mal à propos<br />

inquiet.<br />

Un nommé Joseph Lucas, jeune homme de 19 ans, nous avait été en quelque sorte imposé pour les<br />

études latines par un excellent Père Dominicain qu’avaient trompé des dehors hypocrites et un rare génie<br />

d’intrigue. Dès l’arrivée de Charles à Vaugirard, ce jeune chercha à faire de notre bon petit ami son intime; un<br />

sens droit et l’expérience tinrent Charles sinon complètement, au moins suffisamment en garde contre les<br />

avances de ce mauvais garnement. Néanmoins, dominateur et entraînant au possible, ce vilain drôle aurait fini<br />

par dévoyer et remplir de son mauvais esprit non seulement Charles, mais plusieurs autres de nos bons jeunes<br />

gens. De mauvaises conversations avec un de nos latinistes et le soupçon qui se confirme de plus en plus, d’un<br />

vol considérable, nous firent expulser Lucas, il y a environ trois semaines. Lucas avait juré d’emmener avec lui<br />

Charles, fort peu disposé à le suivre. Mais la Providence a voulu que je saisisse, sans l’avoir cherché le moins <strong>du</strong><br />

monde la première lettre d’une correspondance que Lucas, de son propre mouvement, et sans aucune réciprocité<br />

de la part de Charles, voulait absolument établir avec celui-ci, pour en venir à ses fins. D’autres lettres se<br />

succédèrent coup sur coup; mais malgré mille ruses, poussées jusqu’au changement d’écriture, pas une ne<br />

parvint à son destinataire. Nous en avons formé un dossier que, le Père Dominicain étant changé de maison,<br />

nous allons remettre entre les mains de Mgr de Ségur sur lequel le Père se reposait <strong>du</strong> nouveau casement en<br />

séminaire de Lucas, actuellement en attente chez un curé de Normandie.<br />

Toutefois, sous prétexte de venir se confesser à M. Faÿ (le misérable avait bien, avant de partir,<br />

demandé hypocritement à notre Père Supérieur sa bénédiction) Lucas put pénétrer de nouveau quelques instants<br />

dans la maison et entretenir, à la dérobée, Charles auquel il extorqua l’adresse de son père. Là-dessus il écrivit<br />

au pauvre vieillard la lettre la plus odieuse par les calomnies contre la maison, par le perfide intérêt pour Charles<br />

et par les folles promesses de travailler à l’avenir de l’enfant. Lui, nourri par la charité qu’il vilipende et se<br />

donnant des aises avec l’argent qu’il ne peut qu’avoir dérobé, n’en étant pas <strong>du</strong> reste probablement à son coup<br />

d’essai, car il nous est passé sous les yeux une certaine lettre de famille, parlant d’huissiers lancés contre lui, peu<br />

après son départ <strong>du</strong> village, Lucas a bien osé adresser à Charles (c’est à nous qu’elle est parvenue) une copie ou<br />

plutôt un commentaire d’une lettre à lui répon<strong>du</strong>e par le père Lenoir, en ayant l’effronterie de joindre à ce<br />

commentaire l’original, passablement différent de sa glose. Charles commence à s’étonner de n’avoir point de<br />

réponse à la lettre écrite à son père pour le Jour de l’An. Je lui ai dit que j’écrirais lundi, s’il ne lui venait rien<br />

d’ici là. Dans le fait arrive ce matin une épître <strong>du</strong> père Lenoir, où celui-ci gémit sur sa misère à l’hospice et<br />

insinue à Charles que s’il était là, sa présence lui procurerait de petites douceurs et de la consolation.<br />

C’est le thème dicté par le perfide Lucas. Jamais Charles n’a été plus content ici, ni plus disposé à se<br />

donner au Bon Dieu, lorsqu’il en sera temps. Il sort de faire pour l’octave de l’Immaculée Conception une<br />

excellente retraite dont les fruits ont été sa fermeté personnelle contre les assauts de Lucas et la découverte de<br />

l’infâme complot. Il dit lui-même que Lucas lui pesait par ses plaintes continuelles sur toutes choses et, certes, je<br />

voudrais que le père Lenoir vît ses joues roses et rebondies pour juger s’il manque ici, quand il est traité pour le<br />

moins aussi bien que nous, qu’il vît son visage riant, quand on le représente comme un triste esclave et qu’on<br />

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