Lettres du P. Henri Planchat

LE JEUDI-SAINT, 6 avril 1871,
On arrête l’abbé Planchat et le frère Derny; ce derniersera relâché le jour même.
347 - à M. Derny
6, rue des Bois, Charonne
On recherchait l’abbé Paul de Broglie.
XIII - LA CAPTIVITE
(6 avril - 26 mai 1871)
Le Père doit être encore au Dépôt de la Police: il pressent un déménagement sous peu. -- Je vous remets certains
objets; confiez à l’abbé Larive mes malades; -- besoins en nourriture -- Dumont: voir lettre du 11 janvier 1870 --
Eugène Dahel: fils de la concierge: cf. lettre du 8 décembre 1870.
Cher ami,
Paris, Pâques (9 avril) 1871
Je vous envoye mes clefs, mon linge et 5 francs pour le malade [Jules] Dumont, 278 Blvd du Prince-
Eugène. C'est vous dire que je puis pour le moment me passer d'argent. Plaise à Dieu qu'il vous en soit venu
pour payer le courant de la maison. (en...[envoyez] par Renard la lettre ci-jointe).
Je ne puis ici me procurer de l'encre. Pourriez-vous écrire deux mots à l'abbé Larive à Charonne et les
lui faire poster de suite. Vous le prierez de voir nos malades:
1-- le petit Beh[?], un de nos enfants, rue des Hautes Vignolles, 15, je crois, (vérifiez le numéro) il se
meurt de la poitrine; il a été administré, mais depuis assez longtemps pour avoir besoin et désir d'être visité,
probablement même communié de nouveau;
2--Manfredi, italien comprenant parfaitement le francais, 35 rue des Hautes Vignolles. Ces deux
malades n'ont pas un urgent besoin de secours matériels.
3-- M. Devarenne, chez M. Appert, rue de la Réunion, 73, au l er , au fond de la cour. Je devais faire
faire les Pâques à cette infirme ces jours-ci. Elle ne peut jeûner absolument plus tard que 6 h. du matin. Pour le
plus simple, après avoir relevé la liste des demandes que je vous adresse, communiquez, s.v.p. cette lettre à M.
Larive, en la mettant sous enveloppe à son adresse. J'oubliais de vous dire que j'aurais besoin d'une cuillère,d'une
fourchette et d'un gobelet (je ne crois pas le verre admis ici) Je vous rappelle enfin les livres.
Votre ami reconnaissant,très touché de votre préoccupation et de celle de nos bien bons enfants à mon
sujet.
l'abbé Planchat
Je n'ai pas besoin, pour la nourriture, de tout ce que vous m'envoyez. Ces messages me font du bien au
cœur, mais un peu de sucre, de chocolat et de figues, de vin, si vous voulez, le tout en moindre quantité, me
suffit. Vous pouvez, si vous voulez, y joindre un peu de viande froide; ce sera moins cher qu'ici, mais peu, bien
peu; je n'ai guère faim; je n'ai pas grande soif, non plus.
[le Père n’a plus d’encre il prend un crayon à mine]
Je réfléchis qu'il est plus simple de vous prier d'envoyer les 5 f. de Dumont en les empruntant de
Dahel et même de le rembourser.
Un peu d'huile et de vinaigre et quelques poignées de pissenlits me procurerait un rafraîchissement
bien utile, et que je ne vois guère d'autre moyen d'obtenir. Un petit sac en toile servirait bien aussi pour le
déménagement, qui peut être à opérer d'un moment à l'autre.
Donnez s.v.p. à Renard ses 5 f. de la Semaine Sainte, à Hirbec ses 50f., id. à M. Hirbec son
blanchissage.
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