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Lettres du P. Henri Planchat

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Chers parents,<br />

Paris, Séminaire de St Sulpice, 12 décembre 1847<br />

Votre lettre <strong>du</strong> 4 décembre m’a vivement affligé, tant pour l’inquiétude et l’embarras que ce pauvre<br />

Eugène vous cause que pour ce cher Eugène lui-même.<br />

Je me faisais si bien une fête de recevoir une longue lettre de sa main; et il est si indisposé, si fatigué<br />

qu’il n’a même pas pu ajouter un mot à votre lettre! Oh! j’ai la ferme espérance que le bon Dieu, comme ma<br />

bonne mère le dit si bien, ne vous éprouvera point au-dessus de vos forces; que si la divine Providence permet<br />

qu’aux pertes pécuniaires viennent s’ajouter des peines bien plus sensibles, toutes ces tribulations ne<br />

dépasseront pas la mesure <strong>du</strong> plus grand bien de vos âmes; ni même celle d’une patience ordinaire; elle vous<br />

réserve, je n’en doute point, pour une époque prochaine, des consolations qui vous feront oublier vos douleurs;<br />

et bientôt le cher Eugène ne vous inspirera plus aucune inquiétude ni pour son corps, ni pour son âme. C’est <strong>du</strong><br />

moins la double grâce que je ne cesse de demander à Dieu dans toutes mes prières, de lui faire demander par<br />

toutes les personnes que je crois puissantes sur son cœur, par l’intermédiaire <strong>du</strong> cœur de notre bonne Mère, cette<br />

Consolatrice souveraine de tous les affligés.<br />

Je crains bien qu’il ne soit survenu à M. Eugène Du Vivier et par suite à ma tante Elambert quelque<br />

nouvel embarras; car je ne l’ai point revue depuis l’unique fois où elle m’a ren<strong>du</strong> le service de me faire ma<br />

provision de bougies. J’attends pour lui donner votre lettre ou sa visite ou notre sortie <strong>du</strong> Jour de l’An; car c’est<br />

une trop grande affaire ou, disons mieux, c’est une chose trop contraire à l’esprit <strong>du</strong> Séminaire que de demander<br />

une permission extraordinaire de sortir, fût-ce dix minutes, pour que je lui porte moi-même, et je n’ai pas envie<br />

de payer un commissionnaire.<br />

Je n’ai pas revu non plus ma tante Laforêt, dont je vous donne des nouvelles, -- ainsi que de ma tante<br />

Elambert -- dans un billet joint à un paquet que j’ai fait passer à M. Daidou par une occasion. Je n’ai pas vu<br />

davantage la bonne tante Leclère.<br />

Je me hâte, pressé que je suis par l’heure, d’en venir à la question des dépenses. Hélas! vous me<br />

connaissez bien peu, chers parents, si vous me croyez ou bibliomane ou dépensier, moi qui n’ai pas acheté, dans<br />

ma vie, deux de ces brochures que les jeunes gens se font un devoir de lire, pas même l’oraison funèbre<br />

d’O’Connell, moi qui, pour ne pas user de bois et économiser la lumière, ai quitté ma gentille chambre avec le<br />

feu si gai de sa cheminée, pour le chauffoir commun où l’on est <strong>du</strong> reste fort bien et pour la température et pour<br />

le travail, moi qui aurais pu, étant chez M. Poiloup, me faire de mon argent une jolie bibliothèque, comme on<br />

me le conseillait. Vous savez que je n’ai jamais refusé de faire bourse commune et que des 4.000 francs au<br />

moins que j’avais par devers moi sans Eugène, je n’ai jamais songé à regretter un sou. Si je regrette aujourd’hui<br />

quelque chose, c’est de ne rien gagner que je puisse sacrifier pour contribuer à le soulager. Je serais disposé à<br />

m’imposer toutes les privations, afin que vous puissiez pourvoir à tous ses besoins, sans vous imposer aucune<br />

privation à vous-mêmes, et, <strong>du</strong> moment où je serais convaincu que vous prenez sur votre nécessaire une partie<br />

de ce que vous me donnez, je tâcherais de faire en sorte que vous me donnassiez moins. Toutefois, et précisément<br />

à cause de ce vif désir que j’éprouve de ne vous causer de mon côté aucune gêne, aucune inquiétude,<br />

aucun ennui, il faut que je vous dissipe et le mécontentement et les craintes que votre lettre m’exprime: cela ne<br />

me sera pas difficile; il me suffira de vous faire observer<br />

1° que vous m’avez mal compris,<br />

2° qu’il vous eût suffi, pour vous rassurer, de parcourir un peu plus attentivement ma note de<br />

dépenses. D’abord vous ne m’avez pas bien compris. Jamais je n’ai dit que je comptais faire une dépense de 100<br />

francs en livres; je vous ai dit qu’il me manquait encore un de mes livres nécessaires, une histoire de l’Église;<br />

que de plus, usant de la latitude que vous m’aviez donnée d’acheter chaque année quelques livres utiles, je me<br />

procurais de suite trois ouvrages qui me profiteraient beaucoup plus, achetés maintenant qu’achetés à une autre<br />

époque de l’année; c’était dire que j’épuisais une fois pour toutes le chapitre des achats de livres utiles, pour<br />

cette année.<br />

Et cependant, c’est ma seconde réflexion, en parcourant ma note, vous auriez pu voir que les 50<br />

francs annuels marqués sur le budget pour achat de livres utiles n’étaient point absorbés par les acquisitions dont<br />

je vous prévenais. En effet, je vous ai annoncé une dépense totale à 20 francs. En lisant ma note avec plus<br />

d’attention, vous auriez encore vu que la plupart de mes dépenses étaient des dépenses une fois, des dépenses de<br />

premier établissement, dépenses prévues; dépenses dès Montrouge, dépenses en considération desquelles une<br />

différence très grande avait été établie entre le budget de cette année et celui des suivantes. Enfin je vous disais<br />

bien clairement que le port de la malle d’Augustine de Barle étant payé, il ne resterait que 10 francs, qu’il fallait<br />

que je prisse chez Vivaillier quelques chose pour payer mon histoire de l’Église, etc... (et encore ici remarquez<br />

que j’ai choisi la moins coûteuse, risque à être obligé d’en acheter une autre au sortir <strong>du</strong> Séminaire); que prendre<br />

seulement 50 francs, c’était ne mettre l’avance qu’il était convenu que j’aurais toujours, que pour cela je<br />

prendrais 100 francs...[texte per<strong>du</strong>]....Afrique un frère et un oncle; il m’a dit que l’un et l’autre avaient<br />

commencé par se porter fort mal pendant quelques mois et qu’ils s’étaient ensuite parfaitement acclimatés.<br />

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