Lettres du P. Henri Planchat

Monseigneur,
Paris, le 26 novembre 1870
26 ème jour du mois des Trépassés
La misère si grande dans tous les quartiers de Paris en ce moment l’est encore plus dans celui de
Charonne; ce sont des centaines de familles dans une complète détresse, sans souliers, sans vêtements, sans
chauffage et sans autre nourriture que les rations très insuffisantes que fournit l’assistance publique.
De plus il n’y a dans ces quartiers aucune personne qui puisse venir en aide aux œuvres. Vous
m’excuserez donc Monseigneur, si je prends la liberté de m’adresser à votre charité et de vous prier de
contribuer au soulagement des nombreuses familles dont les enfants suivent le patronage. Plus de 90 de ces
pauvres enfants sont préparés à faire leur première communion le mois prochain; et leur habillement, presque
tout entier à la charge de l’œuvre, est une nouvelle charge que la Charité seule peut porter.
Je vous serais donc très reconnaissant si vous pouviez donner à cette œuvre une place parmi celles
que vous secourez. Madame COCHIN aura la bonté de recevoir les offrandes, à moins que les bienfaiteurs ne
préfèrent les adresser à M. l’abbé Planchat, aumônier de l’Œuvre ou à moi, qui suis en ce moment son
coopérateur.
Veuillez agréer, Monseigneur, l’hommage de mon respectueux dévouement,
l’abbé Planchat, prêtre
6, rue des Bois, Charonne
324 - Activités de l’aumônerie militaire
Les bons fruits de l’œuvre militaire et le zèle des religieux. -- La collaboration avec les Curés et les PP. de
Picpus.
Cher...
Charonne, 29 novembre 1870
4 ème jour de la neuvaine
de l'Immaculée Conception
Ci-dessous le petit compte rendu du passage chez nous des Mobiles de Saône-et-Loire que je vous ai
dû [dit?].
Quand il se présentera une nouvelle fournée quelconque, je vous en donnerai avis.
Le 21 novembre est signalée l'arrivée sur le Boulevard Mazas, à l'avenue de St-Mandé, de deux
bataillons de Saône et Loire. Immédiatement prévenu, M. l'aumônier intérimaire de Nazareth [M. de Varax], qui
compte nombre de parents parmi l'état-major du Corps, accourt à Ste-Anne et rassemble à l'aumônier de Ste-
Anne, en parcourant avec lui les baraques, 300 mobiles. Après une heure de jeux, ces braves gens écoutent avec
un profond recueillement une courte exhortation de M. le Curé de St-Germain l'Auxerrois, en visite à Ste-Anne,
et reçoivent la bénédiction, donnée par un Père Picpucien. Les trois jours suivants, les mobiles se succèdent à Ste-Anne pour les jeux et la conférence, faite en
un quart d’heure par l'aumônier de Ste-Anne, sur le texte déjà exploité: Factus sum Vir. Le 25 un mobile vient
communier pieusement à la messe du matin; à côté de lui était à la Ste-Table un mobile de la Vendée, terminant
un séjour de dix jours à l'ambulance, déjà marqué par une communion pieuse, en compagnie de deux
compatriotes. Une dizaine de mobiles se confessent ce soir [-là]. Les réunions pour eux étaient de préservation,
car la plupart avaient fait leur devoir à Villejuif, aux œuvres de la Toussaint.
Le 26, jour du départ des mobiles de Saône-et-Loire pour Pantin, trois d'entre eux faisaient faction à 4
h. du matin à la porte de Ste-Anne pour y venir communier. Dans une petite exhortation avant la communion,
l'aumônier avait demandé à ces braves gens d'avertir, à leur retour aux baraques, les camarades: qu'ils avaient le
temps de communier avant le départ, (8 h.) L'un des trois auditeurs ramenait une demi-heure après cinq
camarades.
l'abbé Planchat, prêtre
325 - à M. Decaux
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