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Lettres du P. Henri Planchat

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J’ai chargé ma tante Elambert de vous abonner au Secrétariat général de la Société [de S. V; de Paul]<br />

pour 25 exemplaires des Petites Lectures, (on ne s’abonne que pour 10, 25 ou 50, etc.) et de payer à votre<br />

compte les huit francs pour 1861. En conséquence, vous recevrez franco par le courrier qui suivra cette lettre,<br />

sinon par le même qui vous l’apportera, les dix premières livraisons de 1861 à 25 exemplaires; les deux<br />

dernières arriveront franco en leur temps. Vous aurez donc à vous faire rembourser 40 c. pour chaque<br />

abonnement; ce ne serait que 30 c. si l’on réunissait 50 souscripteurs.<br />

Vous ne sauriez croire, chère et bonne Mère, tout le plaisir que vous me faites en vous livrant à cette<br />

propagande. C’est peut-être, dans votre position, la seule œuvre de zèle que vous puissiez faire, et certes elle a<br />

son mérite; elle apportera sa bénédiction que le pauvre Eugène, — dont je n’ai nulle nouvelle depuis l’avis de<br />

son départ de Paris — partagera avec vous. L’ignorance de notre sainte Religion est si grande, l’horreur <strong>du</strong><br />

catéchisme tout cru, si invincible et la [...] <strong>du</strong> mal si commune et chaque jour présentée sous des formes si<br />

attrayantes.<br />

Je ne puis vous dire, chère et bonne Mère, sur mon séjour à Arras, autre chose, sinon qu’il se<br />

prolongera probablement tout cet hiver. M. Le Prevost lui-même ne voit pas clair encore dans la question<br />

d’avenir. La chapelle de Grenelle, à peu près couverte maintenant, sera sans doute achevée avant la fin de<br />

l’année. Il s’en faut qu’elle soit payée. M. l’Abbé Roussel pourra-t-il, lui seul, en organiser le service et en<br />

préparer le payement? c’est ce que l’on ne peut encore décider. D’un autre côté, l’on ne voit pas qui envoyer<br />

pour aider et Arras et Amiens, quand je reviendrai. Or, il faut quelqu’un pour donner cet appui.<br />

Priez le bon Dieu que sa sainte Volonté se fasse, et se fasse seule, sans aucun égard pour moi ni pour<br />

qui que ce soit. Du reste, je n’ai jamais été ni plus heureux ni plus indifférent à toutes choses; non pas certes que<br />

je ne demeure aussi profondément attaché à Grenelle que la Sœur Marie demeure attachée à Brousse. Si j’oubliais<br />

Grenelle, je serais un grand ingrat; j’en ai bien reçu cent lettres depuis trois mois et demi. Ayant dû y<br />

reparaître trois semaines après mon départ, je n’ai su à qui entendre; une communion des grands <strong>du</strong> Patronage<br />

s’est trouvée organisée à la Messe que j’ai dite à N. D. de Grâce à onze heures, le dimanche que j’y ai passé.<br />

Malgré une chaleur étouffante, l’église s’est trouvée pleine le soir à la réunion de la Ste-Famille. Mais à la<br />

grande différence de Brousse, les deux œuvres dont j’étais chargé continuent par les soins de M. Roussel et de<br />

M. Lantiez, et l’on peut fort aisément se passer de moi jusqu’à présent. Dans un temps il y aurait eu, nonobstant<br />

tout cela, une cruelle séparation pour moi. Le bon Dieu a tellement disposé mon esprit que je n’ai pas senti la<br />

peine <strong>du</strong> sacrifice. Du reste je suis, comme vous le supposez, fort satisfait de mes enfants. On m’avait dit dès<br />

l’abord que, soignés, ces pauvres orphelins seraient fort pieux. Certes je les soigne bien mal et cependant<br />

plusieurs comprennent et goûtent les choses de Dieu de façon à me confusionner. J’entrevois même pour notre<br />

petite Communauté quelques vocations que j’aurai à éprouver longuement, mais qui m’intéressent et que je<br />

recommande à vos prières.<br />

Quant à ma santé, je ne crois pas qu’elle aye jamais été meilleure, ni qu’elle puisse l’être. Tout, <strong>du</strong><br />

reste, est arrangé au mieux pour cela: repas, sommeil et vie toute entière exactement réglés, puisque c’est moi<br />

qui dois faire vivre dans la règle la petite communauté [locale]; promenade de deux ou trois heures en étudiant<br />

mes instructions par les champs, au moins quatre fois par semaine, de temps en temps une excursion plus<br />

longue, enfin, comme distraction, voyage de 48 heures à Amiens deux fois le mois; n’est-ce pas un arrangement<br />

parfait pour ma nature?<br />

Vous, ma bonne Mère, vous n’êtes ni si tranquille ni, quoique vous disiez, si soigneuse de votre santé.<br />

Je conçois toutes vos tristesses et préoccupations au sujet d’Eugène. Mais certes vous n’avez à vous faire, à son<br />

égard, aucun reproche ni d’indifférence ni de faiblesse. Et ce n’est pas d’aujourd’hui que nous sommes<br />

contraints d’abandonner le pauvre enfant à la Providence. Croyez-le, je partage ce que vous éprouvez à son<br />

sujet, et, comme vous, je me réfugie dans la prière [...] restons-y l’un et l’autre en paix et en confiance. Mais je<br />

vous en conjure, prenez pendant le sirocco les [...] et exercice convenable; et ne vous confinez plus dans votre<br />

maison pour attendre les locataires qui [...] Il n’en viendra point pendant les heures que réclameront votre santé.<br />

J’envoye à Maria, pour sa seconde fête, une charmante petite vie de Sainte Thérèse [d’Avila]. Le<br />

pieux commerce avec les morts est à votre intention; vous êtes si près d’une tombe chérie [celle de son époux,<br />

François] et voilà que la Toussaint approche. Les couvertures de ces deux petits livres sont, de plus, un<br />

programme d’excellente et facile propagande de bonnes lectures. Vous en tirerez, j’en suis sûr, bon parti pour la<br />

gloire de Dieu.<br />

Adieu, chère et bonne Mère, priez, ainsi que Maria, pour que les fruits de la Retraite de la<br />

Communauté, qui s’ouvre à Vaugirard, au moment même où je vous écris, soyent abondants et solides; pour que<br />

ces fruits rejaillissent sur nos Maisons d’Amiens et d’Arras, qui s’imposent une gêne momentanée assez grande,<br />

en envoyant chacune plusieurs de leurs membres à la retraite.<br />

80<br />

Votre fils reconnaissant...<br />

l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre

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