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Lettres du P. Henri Planchat

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Et d’abord ce m’a été une grande joie d’apprendre hier soir, à mon retour de Charonne, que les eaux<br />

pro<strong>du</strong>isaient enfin l’effet tant désiré, de vous remonter un peu.<br />

Notre petite retraite de Ste-Anne n’a pas trop mal été. Elle m’a, en outre, procuré l’occasion de faire<br />

un peu plus connaissance avec l’excellent vicaire de S. Eloi, compatriote et ami de M. Risse, qui est le soutien<br />

spirituel de la grande œuvre des écoles <strong>du</strong> soir, Premières Communions et Patronage des Sœurs au quartier de<br />

Reuilly. Il a passé à Ste-Anne toute la soirée de vendredi, a bien voulu partager notre modeste souper, et<br />

confesser un certain nombre d’enfants pendant la séance de retraite. Le samedi, j’ai été dire à sa place la messe<br />

aux Petites Sœurs des Pauvres de la rue Beauveau. Elles n’en avaient point à cause de neuf mariages à la fois à<br />

la paroisse.<br />

Nous avons eu, entre le 13 et le 15, environ 200 communions. Dimanche prochain nous en donnera<br />

bien, j’espère, une cinquantaine. Il y a bien des causes conjurées [conjuguées?] contre cette Communion de<br />

l’Assomption: renouvellement dans beaucoup de paroisses le dimanche précédent, mais surtout, surtout, trouble<br />

profond causé par les agitations de la fête civile, par les flots de parents et d’amis de province que les trains de<br />

plaisir viennent jeter dans les quartiers ouvriers. Nous avons gardé jusqu’au soir une centaine d’enfants au<br />

patronage. Dimanche, troisième et dernière promenade de l’année pour la masse <strong>du</strong> patronage. Je la<br />

recommande à vos prières et à celles <strong>du</strong> bon frère Paillé.<br />

J’ai reçu des MIGNON, qui sont à la campagne (je n’ai fait aucune démarche auprès de Mlle<br />

Mignon), sur un simple mot de lettre exposant notre détresse et celle de nos familles pauvres, 200 francs. J’étais<br />

bien navré de ce que j’avais vu dans quelques visites que m’a permis de faire, après une si longue interruption,<br />

mon petit séjour à Charonne. J’ai néanmoins remis de suite cent francs aux mains de M. Derny, comme réserve.<br />

Reflexion faite, les mille francs de l’archevêché sont disponibles, vous l’avez vu par la lettre de M. Lagarde;<br />

vous verrez, le plus tôt possible après votre retour, le Curé de Charonne, qui vous attendra; il est trop bon pour<br />

punir vos délais involontaires de fondation en retenant cette somme. La moitié suffira largement pour payer nos<br />

dettes.<br />

Je voulais être court et pourtant je ne puis m’empêcher de vous parler de trois choses encore: de<br />

l’impression que votre lettre a pro<strong>du</strong>ite sur moi; de ce qui me paraît indispensable comme attente à Ste-Anne;<br />

enfin de la famille.<br />

Suis-je victime d’une fatale illusion, enivré de mon propre sens? Peut-être, mais votre bonne et<br />

affectueuse lettre ne m’a laissé que résigné, pas convaincu. Il me reste toujours dans l’esprit que sans affaiblir ni<br />

Vaugirard ni Nazareth, en les débarrassant plutôt d’éléments qui les gênent, parce qu’ils sont hors de leur<br />

sphère, on aurait un Ste-Anne tout formé, auquel le public s’est déjà habitué à peu près et dont par suite il ne se<br />

défierait pas. Je ne puis non plus me persuader, en voyant toute la bienveillance de M. Lagarde, et le ton bien<br />

plus obligeant des lettres de M. de Coulonges, que les menaces soient si terribles et la position si délicate <strong>du</strong><br />

côté de l’archevêché, même <strong>du</strong> côté de la Société de S. Vincent de Paul. Vous aurez, dans votre conversation<br />

intime et seul à seul avec M. le Curé, bien des lumières encore à cet égard.<br />

Enfin et par dessus-tout, je me dis que le bon Dieu vous fera sentir vivement le besoin de ces âmes<br />

que nous sommes seuls à soutenir, presque seuls au moins, celles de nos enfants et de leurs parents; je le<br />

constatais encore ces jours-ci, toujours heureusement impressionnées de nos relations avec eux et bientôt<br />

refroidies par l’interruption de ces relations. Peut-être alors vous verrez moins d’imprudence que de confiance<br />

en Dieu pour les immenses besoins des âmes, dans la fondation en question. En définitive, je suis résigné; car ce<br />

n’est pas pour moi une affaire personnelle et il faudrait partir demain pour Arras, afin que Charonne se fondât<br />

après-demain; je partirais de grand cœur. Du reste, il ne me paraît pas possible que de façon ou d’autre, Dieu ne<br />

vienne pas bientôt en aide à des âmes si délaissées et, le plus grand nombre, de bonne volonté.<br />

Les œuvres <strong>du</strong> Père PICA marchent. Une conférence s’est formée parmi les Italiens riches résidant à<br />

Paris; elle m’a demandé des familles à Charonne. Une deuxième Ste-Famille italienne s’ouvre le 23 à St-<br />

Séverin. Le Curé, que j’ai dû voir en quêtant pour nos frais de séjour pendant la retraite, est encore un véritable<br />

ami pour notre petite Communauté.<br />

En attendant, et sous le régime de patience que je suis depuis deux ans, je crois vraiment qu’il serait<br />

bien urgent de me rendre mon jeudi. M. De VIENNE pousse la charité jusqu’à continuer, pendant les derniers<br />

travaux de sa thèse, le catéchisme aux quarante enfants de Première Communion, mais celui de ce soir sera le<br />

dernier. Puis-je laisser là cette œuvre jusqu’en novembre, quand ma Première Communion est en décembre?<br />

quand plusieurs sont prêts pour la première communion de septembre à S. Charles? Et puis ne faire nulle visite<br />

aux familles? ce serait décidément perdre un bon nombre de nos meilleurs anciens. Je l’ai constaté ces jours-ci<br />

jusqu’à l’évidence.<br />

Maman continue d’aller vraiment bien. Elle a passé le jour de l’Assomption, jour de sa fête, à Ste-<br />

Anne. Elle a reçu comme bouquet de fête une lettre <strong>du</strong> Procureur Général, M. de Clary, le si respectable parent<br />

de la miraculée de Metz, la lettre la plus flatteuse pour le présent et pour l’avenir d’Eugène.<br />

Adieu, mon bon Père, faites-moi dans votre lettre un peu de direction. Le bon frère Derny est<br />

charmant.<br />

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