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Lettres du P. Henri Planchat

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La beauté <strong>du</strong> paysage. Le passage à Milan: la retraite en silence des apprentis; prière pour que je revienne<br />

bientôt.<br />

Mes bien chers enfants,<br />

Varèse, 26 septembre 1852<br />

sanctuaire de N.D. <strong>du</strong> Mont<br />

Je voudrais que vous fussiez tous ici avec nous. Vous seriez fatigués, c’est vrai, surtout si vous aviez<br />

eu, comme moi, le sac sur le dos en montant pendant deux heures entières. Mais comme vous verriez de belles<br />

choses! D’abord l’église de la Sainte Vierge, bâtie tout en haut de cette grande montagne, puis <strong>du</strong> haut en bas 14<br />

jolies églises consacrées toutes aussi à la S te Vierge, et 4 ou 5 arcs de triomphe, moins hauts que l’Arc de<br />

l’Etoile, c’est vrai, mais bien jolis aussi.<br />

Ce n’est encore là que la moindre des choses. Vous savez, l’hiver, quand la Seine est débordée et<br />

remplit toute la plaine jusqu’au parc de M. de Lepine, lorsque la montagne de Meudon, celle de Sèvres, le Mont<br />

Valérien, sont couverts de neige, cela est bien beau à voir. Et si, au lieu d’une plaine de Grenelle, on en voyait<br />

deux ou trois remplies d’eau, si au-dessous de la neige, on voyait le Bois de Boulogne tout vert, des vignes<br />

chargées de raisin, cela serait encore bien plus beau. Ce ne serait pas encore ce que je vois de la maison <strong>du</strong> bon<br />

curé chez lequel je vous écris. Au lieu de deux plaines de Grenelle inondées, je vois 7 pièces d’eau, dont la plus<br />

petite a 4 lieues, la plus grande 20 lieues de tour. Je vois 50 lieues de montagne cent fois plus hautes que le<br />

Mont Valérien et toutes couvertes de neige, et au dessous une plaine grande 200 ou 300 fois comme celle de<br />

Grenelle, toute plantée d’arbres verts et chargés de fruits.<br />

Mais pour venir de Venise, où je vous écrivais il y a quinze jours, jusqu’à cette montagne-ci, j’ai fait<br />

bien <strong>du</strong> chemin. Surtout je suis passé deux jours dans une grande ville, appelée Milan, où j’ai logé deux jours<br />

avec des apprentis comme vous. Mais devinez un peu ce qu’ils faisaient, ces apprentis. Depuis deux jours ils<br />

priaient le bon Dieu et la S te Vierge, <strong>du</strong> matin au soir, sans dire une seule parole, si ce n’est à leur confesseur. Il<br />

y en a qui trouvent que l’on reste bien longtemps à l’église pendant la retraite de première Communion; ce n’est<br />

pas encore cela, comme vous voyez. M. le Curé a beau dire à M. Maignen: “mais j’ai peur qu’en courant dans le<br />

terrain, les enfants <strong>du</strong> patronage ne renversent le lait de la parole <strong>du</strong> bon Dieu, dont vous avez rempli le petit<br />

vase de leur cœur”; M. Maignen ne défend pas de parler, ni même de courir un peu. Eh bien, ces bons enfants de<br />

Milan se privent de bon cœur de parler. J’aurais voulu que vous les vissiez dans leur cour, se promener, le<br />

chapelet à la main, ou lisant quelque livre d’histoires, ou bien faisant une bonne prière à genoux devant la S te<br />

Vierge de la cour (je pense qu’il y a maintenant une Sainte Vierge dans le terrain de Grenelle, comme dans la<br />

cour de la rue <strong>du</strong> Regard). Et c’est pendant leurs vacances que ces bons apprentis de Milan s’enferment ainsi<br />

trois jours, se mettent ainsi trois jours le cadenas à la bouche, et cela, pour avoir le bonheur de faire une bonne<br />

confession et une bonne communion; il est vrai qu’il n’y a pas au monde plus grand bonheur que celui-là.<br />

N’allez pas croire cependant que les apprentis milanais ne savent pas jouer. Oh! ils s’en donnent le<br />

quatrième jour, et tous les dimanches, ils s’en donnent encore plus que vous. Cependant on peut passer dans la<br />

rue d’à côté sans avoir les oreilles fen<strong>du</strong>es, et puis aussitôt que la cloche donne le premier signal, tous sautent<br />

sur leurs habits et au second signal, chaque coopérateur, - c’est ainsi qu’on appelle les chefs de division -- a tout<br />

son monde bien rangé. Ils finissent par une prière qu’ils font plus longue que la nôtre, mais pas meilleure; je les<br />

en défie; car on ne fait nulle part la prière <strong>du</strong> soir mieux qu’à Grenelle. Je leur ai dit, à ces bons enfants, que<br />

leurs frères de Paris priaient pour eux tous les dimanches soirs et ils m’ont promis de prier, eux, de tout leur<br />

cœur, pour leurs frères de Paris. Ils m’ont promis aussi de prier pour que je revinsse bien vite vous voir; vous<br />

continuez toujours vos prières pour cela, n’est-ce pas? Je vous en remercie et vous embrasse.<br />

Suite et fin de la lettre d’Eugène:<br />

Votre père en N.S.<br />

H. <strong>Planchat</strong> prêtre<br />

Entrée en Suisse; ascension <strong>du</strong> St--Gothard - Petits Cantons, Schwyz, Uri, Unterwalden,<br />

Lac des 4 Cantons, chapelle de Guillaume Tell - Lucerne - Pèlerinage de N. D. de [?]- Schaffhausen<br />

(chute <strong>du</strong> Rhin) -- Fribourg - Bâle - Rentrée en France par St-Louis, Mulhouse, Colmar -- 4 jours à<br />

Strasbourg - Toul - un jour à St-Nicolas de Port, où le curé, M. Le Begne de Giromont nous offre une<br />

cordiale hospitalité...- Nancy - Metz - Bar-le-Duc - St--Dizier, où nous nous arrêtons 2 jours au Collège<br />

dont le Supérieur a été condisciple de l’abbé à Vaugirard -- Châlons-sur-Marne, hospitalité au Grand<br />

Séminaire des Lazaristes - N. D. de l’Epine...Nous retrouvons à Reims notre mère, chez son frère, M.<br />

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