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334 - à Mme Allard<br />
Madame,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong><br />
Charonne, 11 janvier 1871<br />
(8 ème jour de la neuvaine de sainte Geneviève)<br />
J’ai au coin de mon feu un pauvre enfant de la rue Charonne, ayant fait ici, à 14 ans, sa Première<br />
Communion, aujourd’hui engagé, à 19 ans, parmi les francs-tireurs des Ternes. Une embuscade de 24 heures au<br />
bord de la Seine lui a valu des douleurs de reins, un moment calmées par le séjour à l’ambulance, et qui renaissent<br />
plus cruelles au moment de rejoindre le Corps.<br />
Une chemise, ou tout au moins un gilet de flanelle, le soulagerait grandement.<br />
J’ai 1.500 f. de dettes, 1.50 f. en caisse et parfois pas de quoi manger.<br />
Voyez ce que vous pourriez faire.<br />
Votre très reconnaissant serviteur...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
335 - à un bienfaiteur<br />
Mon ami,<br />
Paris, ce 12 janvier 1871<br />
Je ne veux pas tarder plus longtemps à vous présenter mes vœux et l’assurance de nos prières, au<br />
renouvellement de l’année pour vous et les vôtres.<br />
Dois-je cesser de donner galoches et chaussons à ceux de nos enfants qui marchent nu-pieds dans la<br />
neige? A vous d’en décider, car il m’est impossible d’en acheter autrement qu’au comptant.<br />
Je dois 1.500 f. à mon marchand d’habits pour mes 120 premières communions de l’Immaculée<br />
Conception de 1870.<br />
L’assistance des bureaux de bienfaisance, même de MM. les Curés <strong>du</strong> voisinage, m’a presque<br />
totalement manqué.<br />
Je fais donc plus que force en nourrissant 60 à 80 de nos patronnés les plus nécessiteux, en assistant<br />
comme je peux mes 50 malades.<br />
Heureux, si je trouvais quelques débris de tapis et de couvertures pour les garantir <strong>du</strong> froid.<br />
Votre très reconnaissant ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
336 - à un confrère<br />
Les effets sévères <strong>du</strong> siège de Paris: de 3 ou 4 bouches à nourrir, le Père est arrivé à 60 et plus: au secours!<br />
Charonne, 26 janvier 1871<br />
4 ème jour de la neuvaine de N. D. des Victoires<br />
Isolé de ma famille qui m’aidait puissamment à faire vivre et nos frères et nos œuvres, je suis ré<strong>du</strong>it à<br />
la plus extrême détresse et je viens vous implorer humblement votre charitable assistance.<br />
J’ai ici à nourrir depuis 6 semaines 60 à 80 des plus malheureux de nos patronnés. J’ai constamment<br />
50 malades presque tous délaissés des médecins, découragés par leur impuissance à procurer des fortifiants. Je<br />
ne puis donner aux uns et aux autres que ce que je quête au jour le jour. Car pour mes 125 premières<br />
communions <strong>du</strong> 15 décembre 1870 je dois 1.500 f. au marchand d’habits, bien que m’étant borné à acheter des<br />
étoffes et des galoches.<br />
Votre très reconnaissant confrère,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong><br />
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