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,<br />
106 INITIATION DU MORT<br />
que c'est au niveau le plus ClCmentaire de la lignk, an win de la familie Ctendue,<br />
que s1op&re la mCternpsycose.<br />
Dam un article celebre, rt Le U&@t de l'enfant sur le sol a, Marcel Gran<strong>et</strong><br />
&tacit frappd par le fait que les anciennes coutunes frirt8tair-e~ chinoises voulaient<br />
que le mort ait un reprksentant dans Ies cdrdrnonies du deuil <strong>et</strong> que ce rBle soit<br />
tenu par son p<strong>et</strong>it-fils, de sorte que : u Le chef du culte pour rendre hommage<br />
A son @re, s'inclinait devant son propre fils <strong>et</strong> le servait mme il efit fait pow<br />
son #re (fait extraordinaire, selon les r&gles de la morale cIassique !) : c'est<br />
qufil voyait dors en son fils Ie reprCsentant de son propre pire. Et Yon dewit<br />
porter le deuil dar jik +our le A la mort d'un fils dnC, ' corps v&itable de l'anc&tre<br />
'. r1 I1 en concluait que l'anc&tre se rCincarnait dans son descendant :<br />
a ... mais, enfm, l'essentiel de la mort, que dalisent les premiers rites, est d'&tre<br />
un prooh de dPlsincarnation <strong>et</strong> de r<strong>et</strong>our h la masse ancestf2J.e.<br />
I Inversement, la naissance, rdsultat d'une incarnation d'ancbtre, implique un<br />
procM6. d'dviction <strong>et</strong> de d~~aissement de la maw ancestrale. Ndtre, c'est, d'abord,<br />
sortir de la comrnunautd des rnorts ... w2<br />
On ne saurait mieux exprimer la relation morts-vivants qui commande le<br />
voyage bu tnort chez 1s Hmong. Bien slit, la a rnasse ancestde r, qdsenttSe<br />
&ez les Chinois, g6n4alogistes fervents, par la somme des tabl<strong>et</strong>tes accurnuldes<br />
dans le temple ancestral, se r&uit ici deux ancCtres symboliques. On utilise<br />
d'ailleurs pour les dkigner les termes de parent6 rtlservds d'habitude au grand-<br />
$re <strong>et</strong> A la grand-mire. Ceh sug@re un circuit court : en re joignant ses grand5<br />
parents sur le plan mythique, l'grne va s'incarner de fait dans un p<strong>et</strong>it-fils. La<br />
relation grand-@re-p<strong>et</strong>it-fils prime dans Sun <strong>et</strong> Yautre plan, dans le sens ascendant<br />
(mythique) comme dans le sens descendant (reel). Gran<strong>et</strong> pensait que,<br />
chez les Chinois, le p<strong>et</strong>it-fils 4tait choisi pour son appartenance h m?me maitit!<br />
que son grand-@ea, or l'exemple hrnong tdrnoigne que c<strong>et</strong>te identit6 du grand-$re<br />
<strong>et</strong> du p<strong>et</strong>it-fils peut se rencontrer dans une soeiCtd sans moiti4s <strong>et</strong> qu'elle ne<br />
signifie rien d'autre que la dincarnation du grand-@re dans son p<strong>et</strong>it-fils.<br />
Chez les Hmong, tout se passe comme si la possCdait un stock d'bes<br />
limit$ venant au monde tour tour sans ddpasser l'effectif de la famille Ctendue,<br />
w tout au plus de son extension la plus large : le lignage minimal. 11 n'existe pint<br />
de source traditionnelIe pour ces lignk puisque, selon le mythe du deluge,<br />
I'humanitd actueue est le produit d'une gbnkation spontante, rdpartie dhs l'origine<br />
en clans exogamiqu~ - les dans symbolisent ici l'ensemble de l'organisation<br />
sociale aduelle. L'absence d'kriture <strong>et</strong> de g4nCalagies suffit A interdire toute<br />
I. M. GRANET. dam Etudes soriologigwes sur la Chine, Paris, 1953 : 194-195.<br />
2. Ibid. : rg6.<br />
3. On sait que c<strong>et</strong>te constatation a 6t4 le point de dtpart des CuUghs rnalrimoni&s<br />
d reMm dc $roxintilLI dam !a Chirpc ancaelpne. Paris, 1939. Sur la thhrie de Gran<strong>et</strong> <strong>et</strong> sa<br />
critique, on se reportera aux chapitres xrx. sx <strong>et</strong> xxr des Slrucfzwes Plimemtaires de la<br />
pamsk.