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dans c<strong>et</strong>te voie: "La provenance de ce livre n'est pas connue. Adaptation .<br />
tib6taine d'un original indien, ou, beaucoup plus vraisernblablernent, adaptation<br />
bouddhiaue d'une tradition tibktaine ant6rieure au VIIe sikcle. le Bardo Thodol<br />
est un trait6 de la rnort reposant sur un fond d'anirnisrne extr6rne-oriental."*<br />
Or, ce substrat anirniste n'a jarnais 6t6 explor6. Non seulernent, on a souvent<br />
n6glig6 de recueillir ces chants fun6bres d'initiation des rnorts, se bornant<br />
5 les signaler**, cornme une partie banale des rites fun6raires, rnais le peu<br />
qu'il en avait 6t6 recueilli n'avait jamais, jusqu'; la prerni6re parution de<br />
ce texte, fait l'obj<strong>et</strong> d'aucune analyse s6rieuse. Pour ma part, quand j'ai fait<br />
la traduction du Kr'oua K6 de Nts'ong Neng en 1965, j'ai d'abord 6t6 s6duit<br />
par la beaut6 lyrique du chant. Ce nfest que plus tard, lorsque j'ai voulu le<br />
publier, que j'en ai d6couvert peu 5 peu, en cherchant 5 les expliquer, toutes<br />
les implications cachkes. I1 n'est point assur6 qu'un tel exercice d6bouche<br />
sur une d6couverte importante. J1y ai 6t6 aid6 par un dialogue permanent<br />
avec le milieu inforrnateur. C'est une circonstance assez rare dans le dornaine<br />
de l'<strong>et</strong>hnologie pour qu'elle soit signalhe ici en bonne place. Je dois ajouter<br />
que je n'ai pris conscience de l'irnportance exceptionnelle de c<strong>et</strong>te d6couverte<br />
que tout rckernment, 6 l'occasion d'un voyage en li6publique Populaire de<br />
Chine. En 6changeant des informations sur les r6sultats de nos recherches<br />
avec mes coll6gues chinois, sp6cialistes du groupe <strong>et</strong>hno-linguistique 3liao-<br />
Yao, j'ai pu constater avec surprise que l'analyse du chant funeraire initiatique<br />
chez les lirnong <strong>et</strong> autres hliao, n'avait don&, en Chine, aucun r6sultat<br />
comparable. Dans la mesure oij je ne puis rej<strong>et</strong>er ni rnon texte, ni son analyse,<br />
cornrne une tradition ou une interpr6tation erronge, il Ine faut bien assumer<br />
c<strong>et</strong>te position d'avant-garde,en esp6rant que les chainons rnanquants surgiront<br />
un jour.<br />
IA1initiation du rnort repose sur l'id6e que la rnort est avant tout un voyage<br />
de If,;rne qui a surv6cu au corps, vers une autre existence. Voyage donc auu<br />
sources de la vie. ('hez les Ilmong, le but du voyage est nornm6rnent le village<br />
<strong>et</strong> la rnaison des Ancctres. re n'est qufapr6s avoir trouv6 ses ancstres que<br />
c<strong>et</strong>te $me pourra revenir 5 la vie. C'est le but aussi de la plupart des chemins<br />
du mort rnentionn6s dans la littkrature. Or, <strong>et</strong>. c'est ici que le tkrnoignage<br />
de la culture hmong est capital, l'analyse structurale, qi~i rencontre la tradition<br />
initiatique indigGne, rkvhle que ce farneux village des ancstres n'est autre<br />
*Voir: Bardo Thiidol, LE LIVRE DES MORTS TIBETAINS ou LES EXPERIENCES<br />
D'APRES LA MORT DANS I,E PLAN DU BARDO, suivant la version anglaise du Lama<br />
Kazi Dawa Sarndup, kditke par le Dr. W.Y. Evans-Wentz, traduction franqaise de<br />
Marguerite La Fuente, prkckdke d'un prkface de hl. Jacques Hacot, Paris, 1970.<br />
** Par exernple, pour les Viao seulement, Margar<strong>et</strong> Portia Mickey ( The Cowrie<br />
Shell Miao of Kweichow, Carnbridge,hlass., 1947,pp.56,57) rnentionn? des c6r6monies<br />
"pour ouvrir le chernin", de rn6rne I. de Reauclair ( "A Mia0 tribe of Southeast Kweichow<br />
and its cultural configuration", Bull<strong>et</strong>in of the Institute of Ethnology of the Academia<br />
Sinica NOIO, Nan Kang 1960, p.162, note 1 lparle d'une couturne du k'ai lou ("ouvrir<br />
la route ",en chinois). Elle fait un contresens typique en assirnilant ce rite initiatique<br />
aux pratiques charnaniques. Sur ce point, G. Morkchand ("Le Chamanisme des Jlmong",<br />
B.E.F.E.O., tome LIV, 1968, p.203) fait justice de c<strong>et</strong>te confusion.