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L'ESPECE HUMAINE ET 1.A MORT 87<br />
Des precisions sont fournies kgalement sur c<strong>et</strong>te trace de pas de vache ou<br />
de cheval, ces animaux Ctant soit ceux de Ndzeu Nyong, soit ceux des frkres<br />
eux-memes. Le crapaud va s'y blottir pour Cchapper & la pluie. I1 rapporte de<br />
ses expQiences l'idCe que sur terre il y a & peine assez de place pour lui tout seul !<br />
L'aigle, identifit? par certaines versions comme dlaav pem yeeb, Tlang PC Ying<br />
(chin. $ai ying) (( aigle-faucon blanc n, par d'autres comme dav dub, da dou cc aigle<br />
noir )) (?), <strong>et</strong>c., va se percher, dans la version de NguiC Tcheu, sur 1'extrCmitC<br />
du ciel de l'Aieul Sho, le faisant trembler.<br />
(( Le vieux Sho s'Ccria : ' Par le pass6 il n'Ctait jamais rien venu se<br />
percher sur le toit de ma maison. Quel est l'inconnu qui vient c<strong>et</strong>te annCe<br />
se percher ici & faire trembler la maison ? ' L'aigle lui dit : ' Ce sont Tii<br />
Tou <strong>et</strong> Tii Plou qui m'envoient voir si le ciel est grand, si la terre est vaste,<br />
si on peut y cr6er l'humanitg, s'il y a de la place pour les hommes, s'il<br />
y a de l'espace pour les esprits. ' r<br />
La m&me version donne en clair le passage des treize jours :<br />
(( Tii Tou <strong>et</strong> Tii Plou, autrefois quand j'avais crCC I'humanitC - dit<br />
le crapaud - quand les hommes mouraient, aprks treize jours rCvolus<br />
ils pouvaient revenir, maintenant que c'est vous qui avez crCC l'huma-<br />
nit$, quand les hommes mourront, aprks treize jours ils ne pourront<br />
plus revenir ... ))<br />
Enfin on rencontre des versions aberrantes essayant de faire coincider l'his-<br />
toire du dCluge avec celle-ci. En eff<strong>et</strong> il ne manque pas de points de comparaison<br />
superficiels - dont en particulier le meurtre du crapaud A coups de baton <strong>et</strong><br />
l'attaque de Sho ou du vieillard (ou de la fCe) char& de prCvenir les deux hCros -<br />
dans les divers contes du deluge. Cependant il est difficile de faire coincider le<br />
th6me de la courge <strong>et</strong> de la gCnQation spontanCe de I'humanitC avec la naissance<br />
des deux frkres inventeurs de la mort. Si on s'explique aisCment les confusions<br />
<strong>et</strong> rencontres qui ont pu se produire entre les deux mythes originels, il ne semble<br />
pas faire de doute qu'il s'agisse de deux trames de fonctions, sinon de sources,<br />
diffkrentes. Le meurtre originel qui a introduit la mort a une fonction sans mys-<br />
tere : expliquer l'apparition de c<strong>et</strong>te dernikre dont l'existence est tout aussi rCvol-<br />
I. On pourrait traduire, en for~ant<br />
que vous avez crB6e n. RUEY YIH-FU <strong>et</strong> KUAN TUNG-KUEI<br />
un peu, a I'humanitB que j'ai crBBe o versus u I'humanite<br />
(Rites de maviage <strong>et</strong> a% deuil ....<br />
1962 : 195, n. I) donnent l'explication suivante : a La tradition Miao dit : Autrefois les hommes<br />
ne mouraient pas, chacun devenu vieux se debarrassait de sa peau. On appelait cela (mau<br />
ple = mob phlis) ' souffrir du changement de peau '. Cela d.urait sept jours <strong>et</strong> les souffrances<br />
Btaient trks grandes. Ne pouvant supporter ce spectacle, Ndzeu Nyong envoya les maladies<br />
sur terre pour faire mourir les hommes <strong>et</strong> ieur Bviter les souffrances du changement de peau. ))<br />
Le chiffre sept au lieu de treize ne peut Ctre qu'une confusion des enqu6teurs chinois<br />
ou un emprunt chinois chez les informateurs hmong. En eff<strong>et</strong>, chez les Chinois, l'Pme dBfunte<br />
est censCe revenir a son domicile aprhs sept jours, escortBe par un gardien des Enfers.