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Réponse de Berton

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— Évi<strong>de</strong>mment, tu peux compter sur elle, dans une certaine<br />

mesure. Et, finalement, tu peux avoir recours au même<br />

expédient que moi.<br />

— Tu n’es pas Gibarian.<br />

— Ah, vraiment, et qui suis-je ? Un personnage <strong>de</strong> rêve ?<br />

— Non. Tu n’es qu’une marionnette. Mais tu ne le sais pas.<br />

— Et comment sais-tu qui tu es ?<br />

Je voulus me lever ; je ne pouvais pas bouger. Gibarian<br />

parlait. Je ne comprenais pas ce qu’il disait ; j’entendais<br />

seulement le son <strong>de</strong> sa voix. Je luttais désespérément,<br />

m’efforçant <strong>de</strong> vaincre l’inertie <strong>de</strong> mon corps. Une secousse et…<br />

je me réveillai. Je happai l’air avi<strong>de</strong>ment. Il faisait nuit. J’avais<br />

rêvé, c’était un cauchemar. Et voici que j’entendis une voix<br />

lointaine, monotone : « … un dilemme, que nous sommes<br />

incapables <strong>de</strong> trancher. Nous nous persécutons nous-mêmes.<br />

Les polythères se servent uniquement d’une sorte<br />

d’amplificateur sélectif <strong>de</strong> nos pensées. Dès que nous tentons <strong>de</strong><br />

trouver la motivation <strong>de</strong> ces phénomènes, nous tombons dans<br />

l’anthropomorphisme. Où il n’y a pas d’hommes, il ne peut y<br />

avoir <strong>de</strong> motifs accessibles à l’homme. Pour pouvoir continuer<br />

les recherches, il faut anéantir soit ses propres pensées, soit leur<br />

forme matérialisée. Il n’est pas en notre pouvoir d’anéantir nos<br />

pensées. Quant à anéantir leur forme matérialisée, cela<br />

ressemblerait à un meurtre. »<br />

J’avais aussitôt reconnu la voix <strong>de</strong> Gibarian. Je tâtai le drap à<br />

côté <strong>de</strong> moi ; j’étais seul dans le lit. Je m’étais rendormi, je<br />

rêvais <strong>de</strong> nouveau…<br />

Je l’interpellai :<br />

— Gibarian ?<br />

La voix s’interrompit au milieu d’un mot. J’entendis un<br />

faible jappement et je sentis un courant d’air sur mon visage.<br />

Je bâillai :<br />

— Eh bien, Gibarian, tu me poursuis d’un rêve à l’autre…<br />

J’entendis un bruissement tout près <strong>de</strong> moi ; j’élevai la voix :<br />

— Gibarian !<br />

Les ressorts du lit grincèrent. Une voix murmura à mon<br />

oreille :<br />

— Kris… c’est moi.<br />

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