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Réponse de Berton

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Je ne sais plus ce que je criais encore. Il ne tressaillit même<br />

pas. De grosses gouttes s’écoulaient sur ses joues aux pores<br />

dilatés. Tout à coup, je compris : il ne m’avait pas entendu ! Les<br />

<strong>de</strong>ux mains ramenées dans le dos, <strong>de</strong> toutes ses forces, il<br />

retenait la porte, qui ballottait, comme si, <strong>de</strong> l’autre côté,<br />

quelqu’un avait tiraillé le panneau.<br />

D’une voix bizarre, aiguë, il gémit :<br />

— Allez-vous-en ! Je vous en supplie… pour l’amour <strong>de</strong> Dieu,<br />

partez ! Descen<strong>de</strong>z, je vous rejoindrai, je ferai tout ce que vous<br />

voudrez, mais je vous en supplie, partez !<br />

Sa voix trahissait un tel épuisement, que je tendis<br />

machinalement les bras, voulant l’ai<strong>de</strong>r à retenir cette porte ; il<br />

poussa alors un hurlement d’horreur, à croire que j’avais pointé<br />

un couteau dans sa direction. Je commençai à reculer,<br />

cependant qu’il criait <strong>de</strong> sa voix <strong>de</strong> fausset : « Va, va ! Je reviens,<br />

je reviens, je reviens ! Non, non ! »<br />

Il entrebâilla la porte et se précipita à l’intérieur. Il me<br />

sembla qu’un objet jaune, un disque luisant avait brillé un<br />

instant en travers <strong>de</strong> sa poitrine.<br />

Une rumeur sour<strong>de</strong> parvenait maintenant du laboratoire ; le<br />

ri<strong>de</strong>au vola <strong>de</strong> côté ; une gran<strong>de</strong> ombre se projeta sur l’écran <strong>de</strong><br />

verre, puis le ri<strong>de</strong>au retomba et je ne vis plus rien. Que se<br />

passait-il dans la pièce ? Des pas frappaient le sol, une poursuite<br />

folle s’engagea, suivie d’un effroyable fracas <strong>de</strong> verre et<br />

j’entendis un rire d’enfant…<br />

Mes jambes vacillaient ; je considérais la porte d’un œil<br />

hagard. Le silence avait succédé au vacarme. Je m’assis sur le<br />

bord plastifié d’une fenêtre. Je restai assis là, un quart d’heure<br />

peut-être, je ne sais pas, attendant quelque chose, ou<br />

simplement assommé au point <strong>de</strong> n’avoir plus envie <strong>de</strong> me<br />

lever. Ma tête éclatait. J’entendis un grincement continu et une<br />

lumière accrue éclaira le palier.<br />

De ma place, je ne voyais qu’une partie du couloir circulaire<br />

qui entourait le laboratoire. Celui-ci était situé au sommet <strong>de</strong> la<br />

Station, sous la carapace même <strong>de</strong> l’armature supérieure, aussi<br />

les parois étaient-elles concaves et inclinées, avec <strong>de</strong>s fenêtres<br />

oblongues distantes <strong>de</strong> quelques mètres. Les volets extérieurs<br />

remontaient, le jour bleu touchait à sa fin. Un éclat aveuglant<br />

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