L'ARTT RELIGIONN

2066 LA RELIGION PALÉOLITHIQUE
être,, elles agissent selon ce qu'elles sont, et leur activité
intéressee au plus haut point l'Homme qui doit en subir les
effets.. Or, les relations entre l'Homme et les divinités peuventt
être conçues, soit comme unilatérales, soit comme
réciproques..
L'Hommee peut croire que sa dévotion laisse la divinité
absolumentt indifférente, n'exerce sur elle aucune influence;
laa dévotion est alors uniquement une altitude d'abandon, où
see combinent des éléments de révérence et de crainte et à
l'occasion,, si la divinité est conçue comme bienfaisante, de
reconnaissancee et d'amour, attitude entièrement désintéressée
quee nous appellerons la piété.
Maiss l'Homme peut croire également que la divinité n'est
pass insensible à sa dévotion. La divinité ne fait en définitive
quee ce qu'elle veut, mais la dévotion peut l'incliner à vouloirr
ceci ou cela, et en particulier à vouloir et à accomplir
dess actions avantageuses pour le dévot, de même que l'attitudee
d'un Homme envers d'autres Hommes peut modifier
leurss intentions ou leur conduite à son égard. Dans cette
conception,, la dévotion, tout en reconnaissant que l'Homme
nee peut se soustraire à la puissance divine, deviendra un
moyenn de diriger celle-ci dans un sens favorable; elle
prendraa un caractère utilitaire.
Cettee conception de la dévotion, qui s'oppose à la piété
désintéressée,, présente à son tour deux variétés différentes
selonn l'efficacité qui lui est attribuée, selon que son influence
surr la divinité est considérée comme simplement persuasive,
susceptiblee d'échecs, ou comme rigoureusement contraignante,,
autrement dit selon que la volonté divine est considéréee
par rapport à la dévotion humaine comme libre ou
déterminée.. Dans le premier cas, qui constitue la religion
proprementt dite, le dévot se propose de toucher la divinité,
dee se la concilier, sans être assuré du succès de sa tentative.
DansDans le second cas, au contraire, qui caractérise la magie,
laa divinité ne fait toujours que ce qu'elle veut, elle ne peut
vouloirr autre chose que ce que le dévot veut qu'elle veuille.