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2222 LA RELIGION ET LA MAGIE<br />
individu,, la cérémonie présumée aurait dû être bien brève<br />
pourr ne laisser qu'un nombre aussi restreint d'empreintes.<br />
D'autree part, l'inventeur signale lui-même que le plafond de<br />
cettee salle est assez bas pour que presque dès l'entrée on ne<br />
puissee plus s'y tenir debout, mais accroupi. Cette disposition<br />
dess lieux explique tout naturellement que l'artiste ou les<br />
artistess qui sont venus y chercher de l'argile pour les statues<br />
dess Bisons aient été obligés de marcher sur les talons. Il<br />
nouss semble donc arbitraire de voir dans les empreintes de<br />
talonss la trace de quelque cérémonie magique.<br />
Onn a enfin considéré comme pouvant être un indice de<br />
pratiquess à caractère plus ou moins religieux l'étrange particularitéé<br />
que présentent un grand nombre des mains au<br />
patronn de Garg-as : un, plusieurs ou même tous les doigts<br />
sontt privés des deux phalanges terminales (fig. 118). Cet<br />
aspectt des images est susceptible de deux interprétations : la<br />
mainn naturelle qui a servi de patron était, soit une main<br />
intactee aux doigts repliés, soit une main mutilée. Sans vouloir<br />
prendree parti, les inventeurs semblent avoir une préférence<br />
pourr la dernière interprétation. L'ethnographie fournit de<br />
nombreuxx exemples de mutilations des doigts correspondant<br />
àà des rites religieux, funéraires ou propitiatoires, dont la<br />
significationn primitive semble même parfois oubliée de ceux<br />
quii les pratiquent (i). Si donc les figures de mains de Gargas<br />
avaientt été obtenues avec des mains mutilées, [on ^pourrait<br />
conjecturerr que des pratiques semblables ont existé chez les<br />
Aurignaciens..<br />
Laa complexité des faits ne saurait s'accommoder d une<br />
explicationn simpliste. Tout d'abord, la mutilation digitale,<br />
sii elle a existé, n'était pas une pratique générale et systématique..<br />
Outre qu'on n'a relevé, à ma connaissance, aucune<br />
mutilationn des doigts sur les squelettes retrouvés dans les<br />
sépultures,, toutes les images de mains rencontrées ailleurs<br />
(1)) LUQUET, Journal de Psychologie, 1922, p. 813-814. — Rev. de VEc. d'Anthropol.thropol.<br />
de Paris, 1894, p. 167. — OBERMAIER, Der Mensch der Vorzeit, p. 430.<br />
—— RATZHL, Vûlkerkunde, t. I, p. 306 et 690.