Anatomie d'un "quartier de gares" : recompositions ... - Urbamet
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touriste belge, à une vieille dame distinguée, au conducteur <strong>d'un</strong> chariot électrique ; on relit pour la<br />
énième fois un tableau que l'on connaît pourtant par cœur…<br />
Clau<strong>de</strong> Lucas 7<br />
Dans ce lieu où les rôles sociaux propres au répertoire <strong>de</strong> l'acteur seraient<br />
suspendus, celui-ci ne serait plus défini que par sa seule condition <strong>de</strong> citadin, ou par le<br />
cours d'action dans lequel il est engagé et par lequel, suppose-t-on, il "donne le change" et<br />
meuble son séjour. Partant, les catégories <strong>de</strong> population (qu'elles soient exogènes ou<br />
qu'elles soient fondées sur une dominante d'usage) seraient impropres à l'étu<strong>de</strong> <strong>d'un</strong> tel lieu,<br />
dans la mesure où elles ne permettraient pas d'en saisir la dynamique, faite d'ajustements<br />
répétés, qui en fait un lieu "en émergence", une trame <strong>de</strong> négociations perpétuelles plus<br />
qu'un espace normé et prescriptif.<br />
Que l'on puisse effectivement décrire le cadre <strong>de</strong> la gare sous les traits <strong>de</strong> la<br />
transition et <strong>de</strong> l'ajustement ne conduit pas cependant à oublier l'épaisseur du tissu social.<br />
En d'autres termes, si ajustements il y a, ils sont basés sur <strong>de</strong>s grilles <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> la<br />
situation qui trouvent leur source dans un savoir social général autant, sinon plus, que dans<br />
la situation elle-même.<br />
Pour rendre compte <strong>de</strong> la logique <strong>de</strong>s situations, le recours à la catégorie<br />
précé<strong>de</strong>mment critiquée d'usagers du lieu <strong>de</strong>meure incontournable. Non que les<br />
"précautions d'emploi" tombent une fois rappelées, mais parce qu'elles sont préférables aux<br />
substituts que l'on pourrait en donner, si l'on prend acte du fait qu'elle désigne une<br />
population définie à la fois par <strong>de</strong>s traits exogènes et par une dominante d'usage. Autant,<br />
prise isolément, cette dominante d'usage ne permet pas <strong>de</strong> définir une population (dans la<br />
mesure où rechercher une telle dominante revient à nier les spécificités <strong>de</strong>s pratiques, qui<br />
combinent, agencent, et superposent), autant chercher à caractériser ce public particulier<br />
revient à égréner une liste <strong>de</strong> situations sociales assez diverses. Ceux que l'on nommera<br />
usagers du lieu peuvent être jeunes ou plus âgés, hommes ou femmes, sans domicile,<br />
hébergés en foyer, ou disposant <strong>d'un</strong> logement, touchant le RMI ou sans ressources<br />
régulières, etc… Régler la focale sur cette population a quelque chose <strong>de</strong> limitatif, et<br />
appelle en arrière-plan <strong>de</strong>s perspectives plus générale : la situation <strong>de</strong> ces personnes<br />
s'inscrit dans les processus <strong>de</strong> désaffiliation décrits par R.Castel, <strong>d'un</strong>e part, et, <strong>de</strong> l'autre,<br />
leurs pratiques d'espace se situent dans le cadre particulier du « rassemblement » dont les<br />
bases ont été rappelées.<br />
C'est donc dans ce cadre que l'on cherchera à mettre en lumière les pratiques. Elles<br />
relèvent, effectivement, <strong>de</strong>s compétences ordinaires ; pour autant elles ne sont pas sans<br />
conséquences et éclairent les dynamiques du rassemblement.<br />
7 Suerte. L'exclusion volontaire, Paris, Plon, coll. Terre Humaine, 1995<br />
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