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Anatomie d'un "quartier de gares" : recompositions ... - Urbamet

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<strong>de</strong>rnièrement, donc est une dame charmante qui est installée là, au coin, et, donc ça c'est<br />

sympa, je trouve. Ça c'est très sympa. (…) Elle est toujours au petit…, à la petite brasserie où<br />

on va, mais, elle s'est hyper bien intégrée dans le <strong>quartier</strong>, elle est appréciée <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong><br />

parce que elle est hyper agréable, pimpante, donc ça c'est sympa. Ça manque un peu <strong>de</strong>s…, je<br />

veux dire <strong>de</strong>s figures locales comme ça, un peu dans le <strong>quartier</strong> quoi. (commerçant, 37 ans, 4<br />

ans d'ancienneté)<br />

Cet extrait indique bien ce qu'on pourrait appeler l'intégration urbaine <strong>de</strong> l'activité<br />

prostitutionnelle dans le <strong>quartier</strong> <strong>de</strong> gare, ce dont les propos <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s personnes<br />

rencontrées atteste : sur le modèle du chacun-chez-soi, <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> bon voisinage, plus<br />

ou moins distantes, nées <strong>de</strong> l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s visages familiers, voire bonjours réguliers ou<br />

échanges <strong>de</strong> propos badins. La porte est ouverte au pittoresque, voire au comique un rien<br />

nostalgique (« dans le temps, on avait les putes. Là, on était écroulé, parce que c'était un<br />

folklore », se remémore un restaurateur). Ce pittoresque se sédimente dans la mémoire et<br />

rappelle les formes précé<strong>de</strong>ntes du commerce sexuel : une mythologie un rien coquine, un<br />

rien cocasse, qui ancre les représentations du « <strong>quartier</strong> chaud » dans la durée.<br />

Et quand on prolonge la rue, il y avait sur la gauche, <strong>de</strong>s… un endroit pour les hommes quoi,<br />

pour uriner, qu'on a condamné parce que bien sûr c'était l'endroit où les homos se retrouvaient,<br />

c'était terrible, ça faisait <strong>de</strong>s nuits mouvementées parce qu'ils se couraient les uns après les<br />

autres ! (rire) Ça c'était marrant !<br />

C'était quand ?<br />

Il y a longtemps (rire). Il y a combien <strong>de</strong> temps que ça a été muré, il y a longtemps que ça a été<br />

muré, je vais dire dans les années 1975 par là. C'était terrible ! (Ça) criait là <strong>de</strong>dans !<br />

(commerçante, 55 ans, 39 ans d'ancienneté)<br />

Ainsi les représentations du "<strong>quartier</strong> chaud" et du "<strong>quartier</strong> coupe-gorge"<br />

apparaissent relativement indépendantes l'une <strong>de</strong> l'autre. Dans l'extrait suivant, on<br />

remarque comme l'activité prostitutionnelle est liée au <strong>quartier</strong> : le discours sur celui-ci<br />

passe nécessairement par celle-là (ce qui est probablement une forme <strong>de</strong> réponse par<br />

anticipation à l'attente imputée aux sociologues) ; mais elle n'est pas jugée négativement,<br />

en ce qu'elle procure <strong>de</strong>s avantages directs (les allées et venues, l'animation suscitée, qui<br />

sont autant <strong>de</strong> traits <strong>de</strong> la vitalité <strong>d'un</strong>e ville nocturne) et indirects (la surveillance policière,<br />

discrète mais constante, qui protège <strong>de</strong> la délinquance toujours crainte).<br />

Avant il y avait, avant ce qui était bien, ici, dans ce <strong>quartier</strong>, c'était les bars, il y avait <strong>de</strong>s bars<br />

euh, <strong>de</strong>s bars <strong>de</strong> nuit avec <strong>de</strong>s filles et tout ça, ça c'était bien aussi.<br />

C'était quand ça ?<br />

Boh ça a été fermé il y a cinq, six ans. Il y en avait un à côté, il y en avait un au coin là qui<br />

faisait l'angle <strong>de</strong> rue, cinq six…, c'étaient <strong>de</strong>s bars où il y avait <strong>de</strong>s filles quoi. Bon, c'était<br />

marrant. Je veux dire c'était pas… C'était bien. Bon c'est le <strong>quartier</strong> sex-shop ici. En fait c'est le<br />

<strong>quartier</strong> chaud <strong>de</strong> Lille quoi. C'est un <strong>de</strong>s <strong>quartier</strong>s chauds <strong>de</strong> Lille. Mais moi ça ne me gêne<br />

pas. Moi je trouve que il y a du passage le soir, à la limite c'est aussi bien, moi je vois j'ai <strong>de</strong>s<br />

carreaux bon ici j'ai <strong>de</strong>s volets mais j'étais <strong>de</strong> l'autre côté pendant dix ans, j'avais le (restaurant)<br />

<strong>de</strong> l'autre côté, et j'ai jamais vu un carreau <strong>de</strong> cassé, je veux dire c'est là qu'on voit, j'avais pas<br />

<strong>de</strong> volets j'avais rien du tout, c'est là qu'on voit quand même que le <strong>quartier</strong> c'est surveillé,<br />

parce que justement il y a <strong>de</strong>s risques, alors il y a beaucoup <strong>de</strong> flics, il y a beaucoup <strong>de</strong>… (…)<br />

Alors bon c'est sûr que le gros problème du <strong>quartier</strong> si on peut appeler ça un problème, bon<br />

c'est la prostitution, bien que moi ça me gêne pas. Franchement, je préfère ça que… je sais pas,<br />

comme les rues je sais pas rue Gambetta ou autre chose à la limite le soir c'est plus triste. Je<br />

veux dire y'a rien. Qu'ici bon il y a toujours <strong>de</strong> l'allée et venue. C'est marrant. Et puis moi je<br />

suis bien avec les filles et tout, avec les nanas qui font le trottoir et tout. Et donc <strong>de</strong> ce côté-là<br />

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