Le ravin des tenebre..

Le ravin des ténèbres 167/809
— Allons-y pour la musique, et les anesthésies
locales. Ou même rien du tout. Je suis trop
intéressée par ce qui va se passer. La douleur ne
me fait pas peur.
— Moi, elle me gêne. Vous aurez vos
insensibilisations. »
Pendant plus d’une heure, on lui joua de la
musique douce. Elle jouissait de sentir son corps
manipulé doucement. C’était merveilleux d’avoir
de nouveau un corps après tous ces jours de
paralysie (et la crainte que cela dure
éternellement, une crainte que Jean n’avait jamais
admise mais qu’elle ressentait au fond d’ellemême.)
C’était merveilleux de sentir les
attouchements des autres.
Rien à voir avec cette vieille carcasse rejetée !
Pendant les dix ou quinze dernières années, elle
n’avait eu qu’une seule vertu : elle fonctionnait
encore tant bien que mal.
Elle se demanda ce qui était advenu de son
corps masculin ? Jean l’avait légué à une École de
médecine… mais puisque Jean n’était pas mort,
pas tout à fait mort, ce testament n’avait pas de
valeur. L’avait-on mis dans le formol ? Ou jeté aux
ordures ? Il faudrait demander.
À plusieurs reprises, elle ressentit des