Le ravin des tenebre..

Le ravin des ténèbres 581/809
Le cabaret s’était rempli. Les lumières
baissèrent et le spectacle commença par deux
comiques. Jeanne essaya de s’amuser en tentant
de se rappeler depuis combien de temps, elle
connaissait chaque répartie. Elle ne constata qu’un
seul progrès : les histoires cochonnes de sa
jeunesse avaient disparu du répertoire. Les
histoires cochonnes étaient mortes de leur belle
mort quand les tabous s’étaient évanouis.
L’humour était fondé sur le sexe. Les comiques en
faisaient un large usage. Le sexe restait la chose la
plus comique dans un monde fatigué. Mais il était
plus difficile d’en tirer des effets vraiment drôles
que de simplement choquer comme autrefois.
Elle applaudit cependant les comiques quand
ils se retirèrent. Les lumières s’éteignirent et la
piste de danse se transforma en cour de ferme.
Elle fut plus intéressée par la technique de ce
changement de décor que par les comiques.
La cour de ferme fut utilisée pour l’une des plus
vieilles (peut-être bien la plus vieille) de toutes les
histoires d’amour. Et elle était jouée d’une façon
stylisée dans des décors et des costumes
symboliques : le Fermier, la Fille du Fermier et le
Beau Parleur de la Ville avec ses billets de cent
dollars. C’était une pantomime musicale.