Le ravin des tenebre..

Le ravin des ténèbres 629/809
— Vous cassez pas pour parler à voix basse.
Quand il travaille, Joe n’entend rien. À moins
qu’on ne crie. Bon ! allons manger un morceau.
Après, nous essaierons de lui faire prendre son
petit déjeuner. Il n’y a pas grand-chose à offrir à
une invitée.
— Pas besoin de grand-chose. Un jus d’orange,
un toast et du café.
— Y a pas de jus. » Gigi fouilla sans résultat. « Il
faut que je descende à l’épicerie. Pas la peine
d’envoyer Joe. Il reviendrait avec un nouveau
carnet de croquis et de la peinture, heureux
comme un gosse. Et c’est inutile de l’engueuler. »
Jeanne Eunice soupçonna quelque chose au ton
de Gigi : « Vous êtes fauchée, Gigi ? »
Gigi ne répondit pas. Elle détourna les yeux,
sortit une demi-miche de pain et s’apprêta à tailler
des toasts. Jeanne insista d’une voix unie : « Gigi,
je suis riche. Je suppose que vous le savez. Mais
Joe ne veut pas accepter un centime de moi. Vous
n’avez pas besoin d’être aussi entêtée que lui. »
Gigi dosa la poudre pour six tasses de café. Puis
elle dit sur le même ton : « Quand j’ai posé pour la
première fois pour lui, Joe m’a payée au tarif
syndical. Il avait un peu d’argent d’Eunice.
L’assurance, je pense. Mais Joe est une bonne