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La dénonciation d’Ari Folman : « La guerre est inutile, et mon film est un message de paix. » 3 ,<br />

cette position qui lui fait dire que tout film sur <strong>la</strong> guerre est universel, est reflétée dans <strong>la</strong><br />

révé<strong>la</strong>tion finale <strong>du</strong> film où Ari Folman apprend en discutant avec son psychanalyste sa<br />

culpabilité de fils de rescapé des camps d’extermination nazis. Son propre aveu d’avoir peur<br />

de repro<strong>du</strong>ire AUSCHWITZ, sa crainte d’exister en tant que nazi cherche à justifier son rôle en<br />

tant que soldat israélien. La justification <strong>du</strong> film, l’auto-justification finalement de Folman,<br />

intervient dans <strong>la</strong> figure <strong>du</strong> psychanalyste le long <strong>du</strong> récit ; comme les images télé finales<br />

tendront à justifier l’ensemble <strong>du</strong> film documentaire.<br />

Tout Valse avec Bachir est construit sur une justification en miroir, un reflet en engendrant<br />

un autre dans <strong>la</strong> fantasmagorie générale où chaque nouvelle génération efface <strong>la</strong> précédente<br />

sans jamais rien bouleverser. Finalement, dénoncer, dénoncer quoi ? Pour quoi faire ? Il vaut<br />

mieux énoncer, agencer.<br />

DÉSERTONS<br />

Pour l’exemple présentait le cas d’une désertion, était-elle seulement vraie d’ailleurs ?<br />

Valse avec Bachir nous parle d’une désertion de l’esprit, d’un homme qui ne fait que déserter<br />

son souvenir. Pourtant, personne ne déserte dans Valse avec Bachir, mais reste et tue ; le nerf<br />

de <strong>la</strong> guerre nous dira-t-on. « On » a toujours tort, pourrions-nous répondre. En définitive, <strong>la</strong><br />

désagréable impression que <strong>la</strong>isse Valse avec Bachir et <strong>la</strong> réflexion de son auteur, peuvent<br />

être résumées en nous remémorant un fait divers que Noam Chomsky rappelle dans Fateful<br />

Triangle 4 . Shimon Yifrah, israélien, avait abattu et tué une jeune Palestinienne de 17 ans,<br />

Intissar al-Atar dans une cour de récréation en décembre 1987. La Cour suprême avait jugé<br />

que le crime « n’était pas suffisamment important » pour qu’on p<strong>la</strong>ce le meurtrier en détention<br />

et il put donc sortir moyennant une caution en attente <strong>du</strong> jugement ; qui lui avait alors valu,<br />

au final, une peine de 7 mois de sursis. Chomsky profitait de cet exemple, banal, pour montrer<br />

<strong>la</strong> façon générale qu’avait <strong>la</strong> justice de régler les crises discriminatoires entre Israéliens et<br />

Arabes.<br />

Qui se souvient d’Intissar al-Atar ?<br />

Qui a obtenu un César ?<br />

Près de vingt ans plus tard, <strong>la</strong> situation au <strong>cinéma</strong>, elle, n’a pas changé.<br />

Simon Pellegry<br />

3 « La seule et unique déc<strong>la</strong>ration qui est faite dans Valse avec Bachir est c<strong>la</strong>irement une déc<strong>la</strong>ration universelle. Le film dit qu’il n’y a ni gloire, ni<br />

g<strong>la</strong>mour dans <strong>la</strong> guerre. La guerre est inutile, et mon film est un message de paix. » <br />

4 Noam Chomsky, Fateful Triangle - The United States, Israel and The Palestinians, South End Press, Cambridge Massachussets, 1999 , p.473-4<br />

<strong>Spectres</strong> <strong>du</strong> Cinéma #3 Été 2009<br />

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