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Samedi 10 Janvier 2009.<br />

La ville de Lyon, comme bien d’autres dans l’hexagone, est en émoi.<br />

26 <strong>Spectres</strong> <strong>du</strong> Cinéma #3 Été 2009<br />

Se faire à voir<br />

Il y a, dans une rue, les soldes d’hiver qui commencent, et <strong>la</strong> légère précipitation<br />

désordonnée des nombreux passants chargés de sacs qui va avec.<br />

Il y a, dans une rue parallèle, l’effervescence causée par l’une des manifestations de soutien<br />

au peuple palestinien une fois encore massivement assassiné par l’armée israélienne sur son<br />

propre territoire, dans <strong>la</strong> bande de Gaza. Venu comme les autres personnes exprimer mon<br />

indignation publiquement, je me fonds dans le long cortège ordonné qui serpente dans les<br />

artères principales de <strong>la</strong> ville.<br />

C’est ce jour-là que je choisis pour me rendre au <strong>cinéma</strong>, à <strong>la</strong> suite de <strong>la</strong> manifestation, afin<br />

d’aller voir Je veux voir, de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige.<br />

J’ouvre ici une parenthèse pour constater comme les titres des films que j’ai récemment vus,<br />

et qui ont trait aux conflits au Proche-Orient, invitent à d’étranges répétitions pour qui souhaite<br />

les évoquer. « Voir Je veux voir », « Dans Dans <strong>la</strong> vie ». Des répétitions qui invitent, pourquoi pas,<br />

à p<strong>la</strong>cer son expérience de spectateur en miroir de ces films (et vice-versa), à interroger ainsi <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce de ceux-ci très exactement à l’intérieur <strong>du</strong> réel même <strong>du</strong> spectateur.<br />

De l’injonction de Catherine Deneuve exprimée en début de film, naît le nom <strong>du</strong> film,<br />

p<strong>la</strong>çant le « voir » en question. Elle veut voir le Sud Liban après <strong>la</strong> guerre de l’été 2006, jusqu’à <strong>la</strong><br />

frontière avec Israël. Caprice de star, solidarité idéologique avec le peuple libanais ? On ne sait.<br />

Toutes choses étant, elle sera accompagnée pour ce<strong>la</strong> par l’acteur libanais Rabih Mroué, une<br />

équipe de personnel pour <strong>la</strong> protéger, ainsi que par les cinéastes. Elle a vu, donc, quelque chose.<br />

Et nous aussi, spectateurs-manifestants pour <strong>la</strong> cause palestinienne les yeux fermés, puisque le<br />

premier acte que le <strong>cinéma</strong> requiert de ses spectateurs, c’est de regarder.<br />

Qu’avons-nous vu ? Des images entremêlées, appartenant à, au moins, deux types de<br />

régimes.<br />

Il y aurait les images « objectives », celles des ruines par exemple, ou des barbelés à <strong>la</strong><br />

frontière. Des images documentaires, pas toujours faciles à obtenir, qui demandent autorisations<br />

pour être éventuellement pro<strong>du</strong>ites. Ces images fixent une réalité que Deneuve et Rabih ont<br />

vue, ou <strong>du</strong> moins, qu’ils pouvaient tous deux voir.<br />

Il y aurait les images « subjectives », les quelques séquences où le travail de p<strong>la</strong>sticiens<br />

de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige prend soudainement le dessus. C’est l’image brouillée<br />

car défi<strong>la</strong>nt en gros p<strong>la</strong>n, onirique, de champs de blé, ou le long travelling enregistrant, dans<br />

l’obscurité, les lumières tressautantes d’un tunnel. Ces images sont le fait de l’expression artistique<br />

des cinéastes qui sont à l’origine <strong>du</strong> projet. Elles ont été pensées et conçues à l’intention des<br />

spectateurs.

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