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Le désirable et le sublime, 1969<br />

82 <strong>Spectres</strong> <strong>du</strong> Cinéma #3 Été 2009<br />

Avez-vous vu José Benazeraf ?<br />

« J’y suis souvent, en quête de ces objets qu’on ne trouve nulle<br />

part ailleurs, démodés, fragmentés, inutilisables, presque<br />

incompréhensibles, pervers enfin au sens où je l’entends et où<br />

je l’aime, comme par exemple cette sorte de demi-cylindre sans<br />

signification pour moi, strié d’horizontales et de verticales rouges<br />

et vertes, précieusement contenu dans un écrin, sous une devise en<br />

<strong>la</strong>ngue italienne, que j’ai ramené chez moi et dont à bien l’examiner<br />

j’ai fini par admettre qu’il ne correspond qu’à <strong>la</strong> statistique, établie<br />

dans les trois dimensions, de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d’une ville de telle à<br />

telle année, ce qui pour ce<strong>la</strong> ne me le rend pas plus lisible. »<br />

André Breton, Nadja<br />

La Filmothèque <strong>du</strong> Quartier Latin, rénovée il y a deux ou trois années, un ancien<br />

dancing, théâtre aussi, avec ses deux salles très charmantes – <strong>la</strong> bleue, « Audrey », <strong>la</strong><br />

rouge, « Marilyn » – propose, aux passants d’une des rues les plus cinéphiles de Paris,<br />

beaucoup de poésie. C’est-à-dire, beaucoup de <strong>cinéma</strong>, mais qui dans cette diversité n’est<br />

de fait pas toujours très intéressant. (En témoigne le récent cycle interminable intitulé<br />

« So british : les sommets de l’humour ang<strong>la</strong>is » ou encore, entre autres, <strong>la</strong> passion<br />

déraisonnable <strong>du</strong> propriétaire pour Scorsese, qu’il semble élever au rang de demi-dieu.)<br />

Mais beaucoup de <strong>cinéma</strong>, ce<strong>la</strong> veut dire aussi : beaucoup de bons films qui ne sont pas<br />

forcément dans <strong>la</strong> liste des « 1001 qu’il faut avoir vus avant de mourir », de très belles<br />

salles, l’obscurité jusqu’à <strong>la</strong> fin des génériques. En somme, il reste à <strong>la</strong> « Filmo », comme<br />

l’appellent ses habitués, beaucoup d’éléments auxquels l’in<strong>du</strong>strie actuelle <strong>du</strong> <strong>cinéma</strong><br />

n’accorde plus toujours d’importance – et c’est <strong>du</strong> reste ce qui a pu faire penser à certains<br />

qu’il vivait ses dernières années, le <strong>cinéma</strong>. Enfin passe. L’important, et c’est notre sujet,<br />

est que <strong>la</strong> Filmothèque nous propose, dans cet écart entre le bien et le moins bien, ce<br />

qu’aujourd’hui nous pourrions appeler poésie. Précisons : une poésie, qui naît d’abord de

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