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temps, le spectacle. Le spectacle qui prend au corps. La représentation qui anime l’enveloppe charnelle. Le<br />

performer tragique. Emporté aussi. Pas débordé, ici. Comble de <strong>la</strong> présence ou/et <strong>du</strong>alité de <strong>la</strong> présence et<br />

de l’absence de Camille doucement menée à son paroxysme. It is an illusion. Ange et diable. Et les chansons<br />

disent <strong>la</strong> vérité, aussi, nous a-t-on rappelé récemment.<br />

Danses… « You can wave it all away »…<br />

90 <strong>Spectres</strong> <strong>du</strong> Cinéma #3 Été 2009<br />

« Qu’est-ce que tu veux ?<br />

- Je veux être là… »<br />

De <strong>la</strong> danse de salon dans sa forme <strong>la</strong> plus sociale (le visiteur ang<strong>la</strong>is et <strong>la</strong> maîtresse de maison dans Choco<strong>la</strong>t)<br />

à celle presque immobile et silencieuse dans son versant le plus intime (les deux amants nus aperçus par <strong>la</strong><br />

fenêtre dans J’ai pas sommeil), dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée et <strong>la</strong> recherche fiévreusement ludique ou cathartique (Grégoire<br />

Colin depuis son lit dans US Go Home ou Denis Lavant en sortant de Beau travail), etc., les films de C<strong>la</strong>ire<br />

Denis explorent une gamme sans cesse renouvelée <strong>du</strong> mouvement dansé, <strong>du</strong> corps qui danse, en tant qu’il<br />

appartient à tous : non pas l’art de <strong>la</strong> Danse – même si celui-ci peut être rejoint, dans Beau Travail avec<br />

Bernardo Montet et, bien sûr, dans Vers Mathilde, le documentaire sur le travail de Mathilde Monnier 3<br />

–, mais <strong>la</strong> possibilité de <strong>la</strong> danse, ou plutôt des danses, pour chacun, pour tout le monde, dans une même<br />

« démocratie »que celle des chants. À chacun ses codes et/ou sa liberté. Mais pour tous : le moment d’une<br />

forme de répit, ou/et de confession, ou/et de recherche, ou/et de libération, et, bien sûr, de sensualité<br />

avec soi et/ou avec l’autre. Jusqu’à <strong>la</strong> danse/étreinte magnifique <strong>du</strong> frère et de <strong>la</strong> sœur dans US Go Home,<br />

unissante et libératrice à <strong>la</strong> fois, pour parvenir à <strong>la</strong>quelle il aura fallu bien des danses, bien des chants, et<br />

presque tout le temps <strong>du</strong> film. Maintenant, <strong>la</strong> jeune femme peut s’é<strong>la</strong>ncer. Pour de bon.<br />

Le ménage dans un hôtel…<br />

Les voix des sœurs qui s’enchaînent, presque un même corps qui parle…<br />

N’ai remarqué leur (pourtant vraie) gémellité que cette fois, par le son…<br />

Est-ce que Denis aime Demy ? Je ne sais pas… Si les angles et les finalités divergent, peut-être jusqu’à<br />

s’opposer, c’est pourtant bien dans des mondes chantés, dansants et densément colorés que nous sommes<br />

conviés, ici aussi. Et peut-être <strong>la</strong> principale in<strong>version</strong> tient-elle au point d’appui de ces deux cinéastes.<br />

Il est plus directement dans le corps chez Denis et c’est là que <strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> décor (et au sens fort et<br />

<strong>la</strong>rge, jusqu’à celui de « milieu », d’écosystème social) s’imprime et peut nous parvenir. Chez Demy, le<br />

« décor » semble premier, générant l’espace et <strong>la</strong> chorégraphie, c’est par lui que <strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion des corps se<br />

fait et qu’ils nous parviennent. Sans doute pourquoi aussi l’on peut facilement chanter avec une autre voix<br />

dans les films de Demy, quand chez Denis c’est alors filmé comme tel, et reste exceptionnel.<br />

Un métro qui se fond en boîte techno…<br />

Exceptionnel Richard Courcet portant/porté par <strong>la</strong> voix de Murat, et vraiment, quelque chose que je<br />

retrouve au Club Silencio de Mulhol<strong>la</strong>nd Drive… Étrangement, je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours trouvé<br />

que Rebecca del Rio dégageait aussi quelque chose de « masculin »… Ou alors l’impression était plus<br />

généralement liée au spectacle dans son ensemble… Ici, troub<strong>la</strong>nt moment que cette danse où « masculin »<br />

et « féminin » se fécondent dans un même corps, avec cette exacerbation singulière de <strong>la</strong> virilité profonde<br />

3 Sur <strong>la</strong> chorégraphe et le Centre qu’elle dirige, avec des traces de Vers Mathilde : http://www.mathildemonnier.com/fr/

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