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Poirot quitte la sce.. - Index of

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d’aisance et de p<strong>la</strong>isir pour elle-même. C’était aussi un ami de Litchfield, et lorsqu’il par<strong>la</strong>it à<br />

Margaret, elle devait se voir sous les traits d’une héroïne délivrant ses sœurs de leur<br />

esc<strong>la</strong>vage. Je suis convaincu, Hastings, qu’aucune de ces personnes n’aurait commis de<br />

crime, n’eût été l’influence de Norton.<br />

Et nous en arrivons maintenant aux événements de Styles. J’étais sur <strong>la</strong> piste de Norton<br />

depuis un certain temps. Et lorsqu’il fit <strong>la</strong> connaissance de Franklin, je f<strong>la</strong>irai aussitôt le<br />

danger. Vous devez bien comprendre qu’il lui fal<strong>la</strong>it une base de travail, si je puis ainsi<br />

m’exprimer. On ne fait croître une p<strong>la</strong>nte que s’il existe une semence. Par exemple, j’ai<br />

toujours été persuadé que, dans l’esprit d’Othello, existait déjà <strong>la</strong> conviction – peut-être<br />

exacte, d’ailleurs – que l’amour que lui portait Desdémone était l’adoration passionnée et<br />

excessive d’une jeune fille pour un guerrier fameux plutôt que l’amour pondéré d’une femme<br />

pour un homme en tant qu’homme. Il se peut qu’il ait compris que Cassio était, en somme, le<br />

compagnon rêvé de Desdémone et que celle-ci, en temps voulu, s’en rendrait compte ellemême.<br />

Les Franklin présentaient pour Norton des possibilités fort intéressantes. Toutes sortes de<br />

possibilités, à vrai dire. Vous avez dû comprendre maintenant, Hastings, ce qu’une personne<br />

douée d’un solide bon sens aurait vu dès le début, à savoir que Franklin et votre fille étaient<br />

épris l’un de l’autre. La brusquerie du docteur, l’habitude qu’il avait de ne jamais regarder<br />

Judith, de <strong>la</strong>isser de côté toute courtoisie à son égard, tout ce<strong>la</strong> aurait dû vous montrer qu’il<br />

était épris de votre fille. Mais c’est un homme d’une grande force de caractère et aussi d’une<br />

grande droiture. Il parle peut-être d’une manière brutale, mais il a des principes bien arrêtés.<br />

Pour lui, un homme reste fidèle à l’épouse qu’il a choisie.<br />

Judith de son côté, était éperdument et désespérément amoureuse de lui. J’aurais cru que<br />

vous vous en seriez aperçu, et elle avait elle-même cru que vous aviez compris le jour où<br />

vous l’avez trouvée dans <strong>la</strong> roseraie. D’où son accès de mauvaise humeur. Un caractère<br />

comme le sien ne saurait supporter les manifestations de pitié ou de sympathie. C’est un peu<br />

comme si on touchait une p<strong>la</strong>ie à vif.<br />

Puis elle a compris que vous <strong>la</strong> croyiez éprise d’Allerton, et elle ne vous a pas détrompé,<br />

vou<strong>la</strong>nt ainsi se protéger contre une autre manifestation de sympathie qui lui eût été<br />

douloureuse. Elle flirtait avec Allerton, comme pour chercher dans ce jeu une sorte de<br />

conso<strong>la</strong>tion désespérée, tout en sachant fort bien à quel genre d’individu elle avait affaire. Il<br />

l’amusait et <strong>la</strong> distrayait, mais elle n’a jamais éprouvé pour lui le moindre sentiment.<br />

Norton, naturellement, savait à quoi s’en tenir, et il avait, entrevu les possibilités que<br />

pouvait lui procurer cette situation. Je pense qu’il a d’abord essayé son pouvoir sur Franklin,<br />

mais qu’il a essuyé un échec complet. Le docteur appartient au seul type d’homme<br />

parfaitement inaccessible à l’insidieuse influence d’un Norton. Il possède un esprit<br />

extrêmement lucide, une connaissance précise de sa sensibilité et un souverain mépris pour<br />

les pressions extérieures. De plus, <strong>la</strong> grande passion de sa vie, c’est son travail. Et ce dernier<br />

fait le rend encore moins vulnérable.<br />

Avec Judith, Norton a beaucoup mieux réussi, en jouant très habilement sur le thème des<br />

vies inutiles. C’était pour elle un article de foi, et il s’est montré d’une habileté consommée,<br />

affectant de soutenir <strong>la</strong> thèse opposée et déc<strong>la</strong>rant calmement que Judith n’aurait jamais le<br />

cran de mettre ses théories en pratique. « C’est le genre de théories que l’on entretient<br />

quand on est jeune, mais que l’on ne met pas en pratique. » Sarcasme facile et usé, mais qui<br />

produit souvent l’effet recherché. Ces enfants sont tellement vulnérables ! Et si prompts à

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