03.07.2013 Views

Poirot quitte la sce.. - Index of

Poirot quitte la sce.. - Index of

Poirot quitte la sce.. - Index of

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

qu’à l’ordinaire.<br />

— Elle adore empêcher les gens de se distraire. Elle voudrait que son mari s’inquiète,<br />

s’a<strong>la</strong>rme, et que, moi, je tourne sans cesse autour d’elle. Il faudrait également persuader<br />

Sir William qu’il n’est qu’une brute, parce que <strong>la</strong> promenade d’hier a trop fatigué Sa<br />

Seigneurie ! Elle est comme ça.<br />

Il était c<strong>la</strong>ir que Miss Craven trouvait aujourd’hui sa ma<strong>la</strong>de absolument odieuse. Je<br />

supposai que Mrs. Franklin s’était montrée particulièrement dure envers elle. C’était le genre<br />

de femme que les infirmières et les domestiques ne peuvent souffrir.<br />

Donc, ainsi que je l’ai déjà mentionné, nous ne prîmes pas son indisposition très au<br />

sérieux, à l’exception de Boyd Carrington qui errait sans but avec l’air malheureux d’un petit<br />

garçon que l’on vient de réprimander.<br />

Combien de fois, depuis lors, n’ai-je pas ressassé les événements de cette journée,<br />

essayant de me rappeler un détail qui m’aurait échappé, un incident minime que j’aurais<br />

oublié, m’efforçant de me remémorer l’attitude de chacun.<br />

Je voudrais essayer, une fois de plus, de noter ce qui me revient à l’esprit.<br />

Boyd Carrington paraissait mal à l’aise, un peu comme s’il se sentait coupable. Il pensait<br />

sans doute qu’il avait fait preuve, <strong>la</strong> veille, d’un peu trop d’entrain, sans songer à <strong>la</strong> santé<br />

délicate de sa compagne. Au cours de cette matinée, il monta deux fois prendre des<br />

nouvelles de Barbara ; mais Miss Craven, qui n’était pas elle-même de très bonne humeur, le<br />

reçut un peu sèchement. Il al<strong>la</strong> ensuite jusqu’au vil<strong>la</strong>ge acheter une boîte de choco<strong>la</strong>ts, qu’il<br />

fit monter à <strong>la</strong> jeune femme. Mais l’infirmière <strong>la</strong> fit rede<strong>sce</strong>ndre aussitôt en déc<strong>la</strong>rant que<br />

Mrs. Franklin détestait les choco<strong>la</strong>ts.<br />

D’un air navré, il ouvrit <strong>la</strong> boîte dans le fumoir où nous nous trouvions en compagnie de<br />

Norton, et nous nous servîmes généreusement.<br />

Norton – j’en ai maintenant l’impression très nette – avait, ce matin-là, quelque chose qui<br />

le tracassait. Il était plus distrait que de coutume et, à plusieurs reprises, fronça les sourcils<br />

d’un air perplexe. Il adorait les choco<strong>la</strong>ts et en engloutit un bon nombre, le regard perdu<br />

dans le vague.<br />

Le temps s’était gâté et, depuis dix heures, <strong>la</strong> pluie tombait à verse.<br />

Vers midi, Curtiss avait installé <strong>Poirot</strong> dans le salon, où Elizabeth Cole était allée le<br />

rejoindre et lui jouait du piano. Elle avait un toucher délicat, et elle s’était attaquée à Bach et<br />

à Mozart, les deux compositeurs préférés de mon vieil ami.<br />

Franklin et Judith revinrent du <strong>la</strong>boratoire vers une heure moins vingt. Ma fille était pâle<br />

et avait les traits tirés. Elle jeta un regard vague autour d’elle, comme si elle était perdue<br />

dans un rêve lointain, puis elle s’en al<strong>la</strong> sans avoir desserré les lèvres. Franklin s’assit avec<br />

nous. Lui aussi paraissait fatigué et soucieux. Je me rappelle avoir prononcé quelques paroles<br />

à propos de <strong>la</strong> pluie, qui nous apportait, après <strong>la</strong> canicule, un peu de fraîcheur, et il répondit<br />

vivement :<br />

— Oui. Il y a des fois… quand quelque chose est en train de changer…<br />

Je ne sais pourquoi j’eus l’impression qu’il ne par<strong>la</strong>it pas seulement du temps. Toujours<br />

aussi gauche dans ses mouvements, il heurta <strong>la</strong> table et renversa <strong>la</strong> moitié des choco<strong>la</strong>ts.<br />

— Oh, pardon ! bredouil<strong>la</strong>-t-il d’un air étonné en s’adressant apparemment à <strong>la</strong> boîte de<br />

bonbons.<br />

C’aurait pu être drôle, et je me demande pourquoi ça ne l’était pas. Il se baissa et se mit<br />

à ramasser les choco<strong>la</strong>ts éparpillés. Norton lui demanda s’il avait eu une matinée fatigante,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!