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immédiatement portée sur vous. À ce moment-là, vous auriez probablement été paralysé par<br />
<strong>la</strong> peur et le remords ; n’importe quel policier aurait alors conclu à votre culpabilité. Il est,<br />
d’autre part, parfaitement possible que quelqu’un vous ait vu trafiquer le tube de comprimés.<br />
— Impossible. Il n’y avait personne dans les parages.<br />
— Je vous rappelle que <strong>la</strong> fenêtre possède un balcon, et quelqu’un aurait pu s’y trouver.<br />
On a également pu regarder par le trou de <strong>la</strong> serrure.<br />
— Vous êtes obsédé par les trous de serrure, <strong>Poirot</strong>. Les gens ne passent pas à ce petit<br />
jeu autant de temps que vous semblez le croire.<br />
<strong>Poirot</strong> ferma les yeux et me déc<strong>la</strong>ra que j’avais toujours possédé une nature trop<br />
confiante.<br />
— Et <strong>la</strong>issez-moi vous dire, ajouta-t-il, qu’il se passe dans cette maison des choses<br />
étranges en ce qui concerne les clefs. Moi, j’aime à savoir que ma porte est fermée à clef,<br />
même si Curtiss se trouve dans <strong>la</strong> chambre voisine. Or, peu après mon arrivée ici, ma clef a<br />
disparu, et j’ai dû en faire faire une autre.<br />
— De toute manière, répondis-je avec un soupir de sou<strong>la</strong>gement, il ne s’est rien passé. Il<br />
est terrible de penser que l’on peut ainsi se monter <strong>la</strong> tête.<br />
Je baissai un peu <strong>la</strong> voix.<br />
— <strong>Poirot</strong>, ne croyez-vous pas que l’atmosphère de Styles ait pu être… infectée, en<br />
quelque sorte, par le meurtre commis ici autrefois ?<br />
— Un virus de meurtre ? Ma foi, c’est une hypothèse intéressante.<br />
— Les maisons possèdent vraiment une atmosphère, dis-je d’un air pensif. Et celle-ci a<br />
une histoire sinistre.<br />
<strong>Poirot</strong> approuva d’un signe.<br />
— Oui. Il y a eu ici des gens qui désiraient <strong>la</strong> mort d’autres personnes, c’est vrai.<br />
— Je crois vraiment que ce<strong>la</strong> peut avoir de l’influence. Et maintenant, dites-moi ce que je<br />
dois faire à propos de… Judith et d’Allerton. Il faut arrêter ça coûte que coûte.<br />
— Ne faites rien, répondit mon ami d’un ton emphatique.<br />
— Mais…<br />
— Croyez-moi, vous ferez moins de mal en n’intervenant pas.<br />
— Si j’abordais <strong>la</strong> question avec Allerton…<br />
— Que pourriez-vous dire ou faire ? Judith n’est plus une enfant : elle est majeure et libre<br />
de ses actes.<br />
— Cependant, je devrais pouvoir…<br />
— Non, Hastings. Ne vous imaginez pas que vous êtes assez intelligent, assez énergique<br />
ou assez rusé pour leur imposer votre personnalité à tous les deux. Allerton a déjà eu affaire<br />
à des pères irrités, et ce<strong>la</strong> doit même lui procurer autant de p<strong>la</strong>isir qu’une bonne p<strong>la</strong>isanterie.<br />
D’autre part, Judith n’est pas le genre de fille à se <strong>la</strong>isser facilement intimider. Si je devais<br />
vous donner un conseil, je vous dirais : « À votre p<strong>la</strong>ce, je lui ferais confiance. »<br />
Je le regardai avec étonnement.<br />
— Judith, continua-t-il, est une fille bien, et je l’admire beaucoup.<br />
— Je l’admire aussi, répondis-je d’une voix mal assurée. Mais elle me fait peur.<br />
<strong>Poirot</strong> m’approuva d’un signe de tête.<br />
— Elle me fait peur, à moi aussi. Mais pas de <strong>la</strong> même façon. Oui, j’ai terriblement peur.<br />
Et je suis impuissant… ou presque. Les jours passent, et le danger se rapproche, Hastings.