Mares temporaires
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Suivi des populations<br />
Le suivi de la fréquence, de l’abondance, de la densité des populations<br />
par litre ou par unité de surface (m 2 ) et du sex-ratio* est plus<br />
lourd en temps et demande plus de rigueur. Dans ce cas la mare<br />
est divisée en cellules numérotées dont certaines (au moins 3) sont<br />
tirées au hasard pour un prélèvement de volume connu (technique<br />
des carrés latins). Moyenne et variance permettent d’établir la distribution<br />
de l’espèce au temps t. Par exemple, ce protocole appliqué<br />
à Lindiriella massaliensis dans la mare de Bonne Cougne (Var,<br />
France) a montré des regroupements d’individus en décembre, puis<br />
une distribution au hasard en janvier, avant la disparition spontanée<br />
de la population en février. A faible profondeur, les échantillons<br />
sont prélevés au cylindre sans fond 275 375, 380 . Son enfoncement de<br />
quelques centimètres dans les sédiments assure l’étanchéité à sa<br />
base ce qui permet de vider ou de filtrer la colonne d’eau dont on<br />
connaît le volume (surface de base x hauteur). Lorsque la profondeur<br />
dépasse 50-60 cm, on utilise un filet qui filtrera un volume<br />
d’eau déterminé par le diamètre d’ouverture et la longueur du trait<br />
(1 ou 2 m en général). L’emploi de substrats artificiels peut compléter<br />
les méthodes classiques (Encadré 56). Le dénombrement se<br />
fera sous loupe binoculaire et les comptages se feront soit à valeurs<br />
réelles (juvéniles, adultes), soit dans le cas de grands effectifs,<br />
selon la méthode de Frontier 151 qui définit des classes d’abondance<br />
selon une progression géométrique :<br />
• Cote 0 effectifs 0,<br />
• Cote 1 effectifs 1 à 3,<br />
• Cote 2 effectifs 4 à 17,<br />
• Cote 3 effectifs 18 à 80,<br />
• Cote 4 effectifs 80 à 350,<br />
• Cote 5 effectifs 351 à 1 500, etc.<br />
La détermination du sex-ratio* est utile dans le suivi des populations,<br />
l’évolution du ratio pouvant varier selon les espèces et en<br />
fonction du temps. Les techniques basées sur le suivi individuel sont<br />
inopérantes chez les crustacés : la mue ne permet pas le marquage<br />
coloré et la coupure d’un cerque, ou une amputation, comme cela<br />
peut se faire chez les amphibiens, provoque la mort rapide des individus<br />
suite à des hémorragies (système circulatoire ouvert).<br />
L’étude des populations de macro-crustacés peut faire appel à<br />
d’autres méthodes mais qui sont relativement lourdes à mettre en<br />
Figure 44. Restes de macro-crustacés trouvés dans le sédiment (d’après Thiéry 380 )<br />
A, B : Anostracés, antennes de Branchipus schaefferi et Tanymastigites jbiletica<br />
C, D, E : Fragments de cerque de bouclier céphalo-thoraxique, mandibule de Triops granarius<br />
F : Conchostracé, fragment de pince de Leptestheria mayeti<br />
A<br />
F<br />
6. Suivi<br />
œuvre et qui peuvent demander un équipement rarement à disposition<br />
des gestionnaires et des compétences techniques très<br />
pointues. Lorsqu’elles seront nécessaires, ces méthodes (décrites<br />
sommairement ci-dessous) seront mises en œuvre par des équipes<br />
spécialisées.<br />
Les courbes de croissance/tables de vie nécessitent l’établissement<br />
de corrélations entre la longueur totale ou d’un élément, comme<br />
le telson, et l’âge des individus. D’une façon générale, les Anostracés<br />
sont mesurés du front à l’extrémité des cerques inclus, les<br />
Notostracés par la longueur de la carapace et les Spinicaudata par<br />
la longueur des valves. Les mesures sont faites sur papier millimétré<br />
(estimations rapides) ou avec un micromètre oculaire sous<br />
loupe binoculaire.<br />
La fécondité se mesure par le nombre d’œufs de chaque ponte<br />
durant la vie de la femelle. A titre d’exemple, le nombre d’œufs<br />
croît de façon exponentielle, de 2 à 350 au sein d’une ponte avec<br />
l’âge de la femelle (8 à 17 mm). Sachant qu’elle peut pondre entre<br />
4 et 6 fois au cours de son existence, on peut estimer le nombre<br />
d’œufs produits à plus de 650. Dans le cas de Spinicaudata (Cyzicus,<br />
Leptestheria, etc.), une femelle peut au cours de sa vie pondre plusieurs<br />
milliers d’œufs.<br />
Les mesures de biomasses nécessitent une fixation au formaldéhyde<br />
10 % (ne déforme pas et ne dissout pas ou peu les graisses : 6 à 8 %<br />
de perte de biomasse contre 25 % dans l’alcool), le séchage à l’étuve<br />
(65 °C), le refroidissement, puis la pesée des individus 380 (isolément<br />
ou par lots de 10). L’établissement d’une équation de régression<br />
Longueur (L mm)-Poids sec (W mg) spécifique servira pour d’autres<br />
milieux sans avoir à recommencer ces opérations.<br />
Dans le cadre d’études des métapopulations*, les méthodes utilisant<br />
l’outil moléculaire (structure génétique des populations, polymorphisme<br />
des loci, microsatellites, etc.) permettent de caractériser les<br />
populations (stabilité intrasite) et de quantifier leur isolement, ou<br />
leurs relations interpopulationnelles au sein d’un ensemble de sites<br />
correspondant à une aire fragmentée (voir Bohonak 39 et Brendonck<br />
et al. 57 , pour des exemples chez les Anostracés).<br />
E<br />
C<br />
D<br />
B<br />
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