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Mares temporaires

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Introduction<br />

Grillas P.<br />

Introduction<br />

Les mares <strong>temporaires</strong> sont des milieux singuliers, ni vraiment<br />

aquatiques ni complètement terrestres, où l’alternance de phases<br />

sèches et inondées ainsi que l’isolement favorisent l’établissement<br />

de peuplements floristiques et faunistiques originaux et diversifiés<br />

(Encadré 1). Ces milieux sont caractéristiques de climats présentant<br />

une période de sécheresse longue, dans la région méditerranéenne<br />

mais aussi dans diverses régions du monde où règnent des<br />

climats plus ou moins arides : climats méditerranéens ou arides<br />

d’Afrique du Nord et du Sud, du continent américain (USA, Chili)<br />

ou d’Australie. L’étendue des mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />

est très variable depuis les grandes mares de Provence ou les dayas<br />

d’Afrique du Nord (plusieurs hectares) jusqu’aux mares cupulaires<br />

de quelques décimètres carrés sur substrat rocheux (Provence,<br />

Sicile, Malte) en passant par des mares isolées de quelques ares.<br />

Des habitats riches et diversifiés<br />

Les mares <strong>temporaires</strong> présentent des caractéristiques communes<br />

quant à leur écologie. Cependant, elles ne constituent pas un<br />

groupe homogène et elles sont très diversifiées en fonction des<br />

régions biogéographiques et climatiques (voir chapitre suivant). Le<br />

régime hydrologique, les sols, la roche-mère et la physico-chimie<br />

des eaux jouent un grand rôle dans leur écologie. Dans des conditions<br />

écologiques extrêmes et instables, partagée sans cesse entre<br />

un environnement aquatique et terrestre, souvent isolée, la flore a<br />

développé, dans ces milieux, des adaptations remarquables pour<br />

survivre : variétés de tailles, de formes de croissance, de modes de<br />

reproduction et de stratégies de vie (Chapitre 3). La faune a dû également<br />

s’adapter aux même contraintes, de sorte que ces milieux<br />

hébergent un patrimoine génétique diversifié et de grande valeur :<br />

les espèces rares y sont nombreuses et beaucoup y montrent des<br />

modes de vie originaux. Ainsi les amphibiens constituent un groupe<br />

très important dans les mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes avec<br />

Encadré 1. Définition Ramsar des mares <strong>temporaires</strong> 16<br />

Les mares <strong>temporaires</strong> sont des zones humides de petite taille<br />

(habituellement < 10 ha) et peu profondes caractérisées par des<br />

alternances de phases sèches et inondées et par un fonctionnement<br />

hydrologique très autonome. Elles occupent des dépressions,<br />

souvent endoréiques, submergées pendant des intervalles<br />

de temps suffisamment longs pour permettre le développement<br />

de sols hydromorphes, d’une végétation aquatique ou amphibie,<br />

et de communautés animales spécifiques. Cependant, et de<br />

façon aussi importante, elles s’assèchent assez longtemps pour<br />

exclure les communautés plus banales de faune et de flore,<br />

caractéristiques des zones humides plus permanentes.<br />

Cette définition exclut explicitement les milieux en contact<br />

physique direct avec des eaux permanentes (lisières de lac, marais<br />

permanents, grandes rivières, etc.) qui ne permettent généralement<br />

pas l’installation des espèces les plus caractéristiques de<br />

ces milieux.<br />

Encadré 2. <strong>Mares</strong> <strong>temporaires</strong> méditerranéennes 15<br />

Plans d’eau <strong>temporaires</strong> très peu profonds (quelques centimètres)<br />

existant seulement en hiver ou à la fin du printemps, avec une<br />

végétation amphibie méditerranéenne composée d’espèces thérophytiques<br />

et géophytiques appartenant aux alliances Isoetion,<br />

Nanocyperion flavescentis, Preslion cervinae, Agrostion salmanticae,<br />

Heleochloion et Lythrion tribracteati.<br />

de nombreuses espèces rares ou localisées (Chapitre 2c). Plusieurs<br />

groupes d’invertébrés comme les crustacés phyllopodes (Chapitre 2d)<br />

ou des insectes (Chapitre 2e) sont caractéristiques des mares <strong>temporaires</strong><br />

et particulièrement bien adaptés à l’alternance des phases<br />

sèches et inondées.<br />

Au sein des zones humides <strong>temporaires</strong>, la Directive de l’Union européenne<br />

92/43/CEE du 21 mai 1992 (dite “Directive Habitats” 118 ), réserve<br />

l’appellation mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes (Encadré 2) à<br />

deux grands types de milieux considérés comme prioritaires : des<br />

milieux exclusivement doux sur substrat non calcaire et des milieux<br />

sur substrat faiblement saumâtre, souvent calcaire. Les mares <strong>temporaires</strong><br />

méditerranéennes sur substrat non calcaire sont caractérisées<br />

par leur richesse floristique et ont pu être qualifiées de “joyau<br />

floristique” 54 . Elles se rencontrent dans les cinq régions du monde<br />

présentant un climat méditerranéen où leur végétation est caractérisée<br />

par des espèces des genres Isoetes, Marsilea et Pilularia 313 .<br />

Sur substrat calcaire, d’autres types de végétation se rencontrent<br />

dans les mares <strong>temporaires</strong>, comprenant également des espèces<br />

rares des genres Ranunculus, Damasonium ou Elatine.<br />

Vulnérabilité et menaces<br />

Les mares <strong>temporaires</strong> sont des milieux très vulnérables du fait de<br />

leur faible profondeur d’eau et de leur taille souvent réduite. De plus<br />

les espèces qui les colonisent sont souvent discrètes et peu connues.<br />

Malgré une meilleure perception des zones humides par le public<br />

ces dernières années, les mares <strong>temporaires</strong> sont souvent mal reconnues<br />

et leur importance ignorée, ce qui les expose à des destructions<br />

non intentionnelles. Dans le Bassin méditerranéen, la conservation<br />

des mares <strong>temporaires</strong> a été depuis des millénaires compatible, voire<br />

favorisée, par l’activité agricole. Aujourd’hui, les conditions économiques<br />

sur les deux rives de la Méditerranée remettent en cause<br />

les conditions de leur conservation. L’agriculture moderne permet<br />

de drainer facilement ces espaces généralement plats et peu inondés<br />

pour en tirer de bonnes terres agricoles. L’industrialisation et le<br />

développement du tourisme leur portent également atteinte. Une<br />

menace plus inhabituelle est leur mise en eau quasi-permanente<br />

comme réservoirs pour la régulation des crues, la défense contre<br />

les incendies, voire pour la gestion cynégétique, piscicole ou la<br />

conservation de la faune.<br />

Objectifs et limites de ce guide de gestion<br />

Cet ouvrage a pour objectif d’aider à la conservation des mares <strong>temporaires</strong><br />

méditerranéennes à travers la prise en compte de leurs<br />

richesses et de leur fonctionnement écologique. Il s’adresse, en priorité<br />

aux gestionnaires de sites dans toute la région méditerranéenne.<br />

Il vise à leur fournir l’information nécessaire pour identifier ces habitats,<br />

mieux connaître leur fonctionnement et l’écologie des espèces<br />

qui les occupent et, enfin, pouvoir gérer et restaurer les sites dégradés.<br />

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