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Mares temporaires

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Les mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />

végétation discrète, associant des espèces de petite taille souvent<br />

rares. On les trouve, par exemple, au Maroc sur les dalles calcaires<br />

de la Chaouia 380 , à Malte sur les dalles calcaires de Kamenitzas 21,223 ,<br />

dans l’île Capraia en Italie 277 et en France sur les dalles de rhyolithe<br />

dans le Var (Esterel), sur calcaire dans les Bouches-du-Rhône<br />

(Lamanon) ou sur affleurements granitiques en Corse.<br />

Poljés et dolines<br />

Ces mares résultent de dissolutions et/ou d’effondrements karstiques.<br />

Elles forment des dépressions caractérisées par des liens hydrologiques<br />

plus ou moins complexes avec le karst souterrain, sources<br />

d’une grande richesse floristique et faunistique (Encadré 13, Chapitre<br />

3b).<br />

On les trouve par exemple en France, en Provence (Centre Var), en<br />

Languedoc (lac des Rives sur le Causse du Larzac ou mare de<br />

Valliguières dans le Gard), en Corse (sur le calcaire de Bonifacio :<br />

mares de Padulu et de Musella), en Slovénie (d’où vient leur nom)<br />

et au Maroc, dans le Moyen Atlas (causse d’Ain Leu, Azrou, etc.) et<br />

dans les plaines de l’ouest, au sud de la Province de Benslimane.<br />

<strong>Mares</strong> liées à la dynamique fluviale (mais déconnectées du cours d’eau)<br />

Près du lit majeur des cours d’eau, ces faibles dépressions, de dénivelé<br />

inférieur à 1 m, peuvent être mises en eau par les précipitations<br />

Encadré 7. Les mares cupulaire de la Colle du Rouet<br />

A la Colle du Rouet (Var), les cupules, creusées dans des reliefs<br />

tabulaires rhyolithiques, forment souvent, sur la même dalle, des<br />

systèmes de plusieurs dizaines de mares. L’existence de communications<br />

entre les mares suggère un fonctionnement en vases communicants.<br />

Au gré des épisodes orageux, les sédiments accumulés<br />

au fond des cupules en situation élevée sont emportés par les eaux<br />

et, éventuellement, redistribués dans des cupules voisines. Ce type<br />

de fonctionnement expliquerait :<br />

• le maintien d’une végétation de type pionnier* dans la plupart<br />

des cupules,<br />

• la propagation des espèces d’une cupule à l’autre,<br />

• l’existence de niveaux de remplissage et de stades de végétation<br />

très variables entre cupules.<br />

Pour les plantes et les crustacés des mares <strong>temporaires</strong>, l’effet des<br />

orages serait donc positif pour lutter contre la menace que constitue<br />

le comblement, et négatif lorsque la totalité de la banque de<br />

semences et d’œufs est vidangée.<br />

En étudiant les mares cupulaires de l’île de Gavdos (Grèce), petites<br />

mares (< 1 m 2 et < 50 cm de profondeur) creusées dans des roches<br />

calcaires ou ophiolitiques, Bergmeier 30 a trouvé une relation claire<br />

entre la profondeur des mares, qui influence leur date d’assèchement,<br />

et leur végétation. Il a ainsi défini cinq types de mares : des<br />

plus aquatiques inondées jusqu’en mai avec Zanichellia et Callitriche<br />

pulchra comme espèces caractéristiques aux plus terrestres, en eau<br />

seulement jusqu’à début mars, avec Tillea alata et Crepis pusilla.<br />

A la Colle du Rouet, la végétation de 14 cupules situées sur une même<br />

dalle rhyolithique (Fig. 1) a été étudiée selon la méthode des transects<br />

de quadrats. Dans chaque cupule, la richesse en espèces végétales<br />

(entre 1 et 22) était fortement corrélée à l’épaisseur moyenne du sédiment<br />

(de 1 à 8 cm). Une typologie des mares réalisée sur la base de la<br />

profondeur de la cupule et de l’épaisseur moyenne du sédiment fait<br />

apparaître 4 groupes assez différents :<br />

• les cupules peu profondes (5 cm en moyenne) à sol squelettique,<br />

très pauvres en espèces avec Crassula vaillantii,<br />

16<br />

et/ou, selon les cas, par les fluctuations de la nappe souterraine.<br />

En France, à Avignon, les mares de l’île de la Barthelasse et en<br />

Camargue, les mares des Cerisières (Tour du Valat) appartiennent<br />

à ce type de formation.<br />

<strong>Mares</strong> de légères dépressions topographiques<br />

Ces mares sont installées sur des substrats peu perméables, argilolimoneux,<br />

le plus souvent sans lien phréatique avec la nappe,<br />

même peu profonde. En Corse, les Tre Padule illustrent ce type de<br />

mares.<br />

<strong>Mares</strong> de barrages dunaires<br />

Ces mares occupent des sillons interdunaires de dunes actives ou<br />

fossiles. Elles sont bien développées sur le littoral marocain (Province<br />

de Benslimane), où des dunes consolidées sont disposées<br />

perpendiculairement à la pente générale des plateaux et constituent<br />

des obstacles à l’écoulement des cours d’eau 111, 323 . On peut<br />

en observer également sur la côte languedocienne ou en Espagne.<br />

<strong>Mares</strong> d’origine artificielle<br />

Pour ses activités d’élevage, de voirie, d’irrigation, ou de stockage<br />

d’eau, l’homme a créé des bassins et des mares. Au fil du temps, ces<br />

milieux ont été colonisés par des biocénoses* dont la composition<br />

• les cupules profondes (10 cm en moyenne) à sol peu épais,<br />

pauvres en espèces avec Callitriche brutia, Isoetes velata, Crassula<br />

vaillantii et quelques espèces amphibies,<br />

• les cupules profondes et à sol épais (> 5 cm en moyenne), suffisamment<br />

humides pour abriter des espèces vivaces comme<br />

Isoetes velata, Mentha pulegium et plusieurs petit joncs annuels<br />

(Juncus bufonius, etc.),<br />

• les cupules peu profondes à sol épais (2,4 cm en moyenne) avec<br />

des espèces nombreuses et plus riches en terrestres que les précédentes.<br />

Ces mares cupulaires sont peuplées d’invertébrés à cycles biologiques<br />

courts166 : quelques Branchiopodes anostracés comme Tanymastix<br />

stagnalis, des Cladocères, des Ostracodes et des Copépodes Cyclopoïdes.<br />

A ces crustacés s’ajoutent quelques insectes, des Diptères<br />

le plus généralement (larves de Culicidae, Ceratopogonidae et de<br />

Chironomidae). Dans tous les cas, ce sont des insectes migrants et<br />

d’habitats non spécialisés, dits opportunistes.<br />

Pichaud, M., E. Duborper & N. Yavercovski<br />

Un système de mares cupulaires (Colle du Rouet, Var, France)<br />

Catard A.

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