Mares temporaires
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Les mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />
Encadré 12. Un exemple d’intervention des eaux souterraines<br />
dans le cycle saisonnier d’une plan d’eau temporaire<br />
: L’étang de Valliguières (Gard)<br />
La problématique de l’alimentation en eau de la mare a été abordée<br />
en 4 phases successives :<br />
Etude préalable des documents existants : cartes topographiques,<br />
géologiques, photos aériennes, compte-rendus de prospections<br />
hydrogéologiques.<br />
La dépression de Valliguières est entaillée au cœur d’un vaste plateau<br />
calcaire karstifié (Barrémien). Elle est bordée par de hautes<br />
parois assez pentues, faillées à leur base.<br />
La présence de l’eau dans la dépression est attestée par l’existance<br />
d’une source importante (captée pour alimenter le village), de suintements<br />
signalés sur la carte topographique de l’IGN et par le ruisseau<br />
de Valliguières. L’étang de Valliguières occupe une zone basse<br />
d’environ 2 ha au pied de la paroi rocheuse, à l’est de la dépression.<br />
Premières observations sur le terrain, fin avril 2000<br />
L’étang est un plan d’eau temporaire endoréique qui ne reçoit ni<br />
n’alimente de ruisseau. Le fond calcaire de l’étang est tapissé<br />
d’une couche plus ou moins épaisse de marnes imperméables<br />
assez caillouteuses. Deux anciens abreuvoirs creusés par l’homme,<br />
constituent les ultimes trous d’eau avant l’assec estival, quand il a<br />
lieu. L’un (appelé ci-dessous “Mare aux tritons”) est adossé à la<br />
paroi, l’autre (appelé “Grande mare”) en est plus éloigné.<br />
Les témoignages des habitants montrent que le régime hydrique<br />
de l’étang est calqué sur celui des pluies. Il reste en eau les années<br />
très humides et s’assèche plus ou moins tôt au printemps les<br />
années sèches. Pourtant, une observation sur le terrain, ajoutée<br />
aux indices relevés sur les cartes (source, etc.), a conduit à envisager<br />
une autre hypothèse de fonctionnement que la seule action<br />
antagoniste des pluies et de l’évaporation.<br />
Fin avril 2000, il y a environ 25 cm d’eau dans la Mare aux tritons<br />
alors que la Grande mare s’est asséchée depuis peu. Le sol des<br />
40<br />
deux mares étant imperméable, la seule intervention des pluies et<br />
de l’évaporation ne suffit pas à expliquer la différence de comportement<br />
des deux mares au cours du printemps. D’autre part, un<br />
forage à la tarière à main dans la marne du fond de la Grande<br />
mare reste vide d’eau alors qu’un autre forage en bordure de la<br />
Mare aux tritons se remplit d’eau jusqu’au niveau de la mare.<br />
Une hypothèse de travail<br />
L’hydrodynamique saisonnière de l’étang ne serait pas pilotée<br />
directement par l’action des pluies et de l’évaporation s’exerçant<br />
au niveau du plan d’eau lui-même, mais indirectement par l’intermédiaire<br />
des eaux souterraines du plateau calcaire le surplombant.<br />
L’étang serait alimenté par un suintement de l’aquifère karstique<br />
pénétrant en force dans l’assise marneuse à la faveur de fissures<br />
au pied de la paroi.<br />
La prospection sur le terrain (2000-2002) confirme cette hypothèse.<br />
• Le suivi des niveaux d’eau (Fig. 7)<br />
La comparaison de l’évolution réelle du niveau d’eau à celle qui<br />
aurait résulté du seul bilan des apports pluviaux et des pertes par<br />
évaporation montre une très nette discordance entre les deux.<br />
D’une manière générale, les niveaux calculés sont plus hauts que<br />
ceux mesurés en période de décrue de l’étang et plus bas en<br />
période de crue. Le marnage* de l’étang peut dépasser 5 m.<br />
• Le suivi de la conductivité électrique des eaux*<br />
D’une manière générale, la conductivité de l’étang est plus élevée<br />
en période de crue (apport des eaux plus minéralisées de l’aquifère<br />
karstique) qu’en période de décrue (pas d’apport karstique). La<br />
conductivité en période de hautes eaux est comparable à celle de<br />
la source alimentant le village (0,7 – 0,8 mS/cm à 20°C).<br />
• L’ensemble étang-karst fonctionne selon le principe des vases<br />
communicants (Fig. 8).<br />
Figure 8. Interprétation de la dynamique saisonnière des eaux souterraines et des plans d’eau (d’après Heurteaux 186 )<br />
Situation fin avril 2000<br />
h<br />
■ Calcaires barrémiens<br />
■ Marnes<br />
F Forage<br />
Mare aux tritons<br />
F<br />
Grande mare<br />
F<br />
Situation fin juillet 2000<br />
Karst Etang Karst Etang Karst Etang<br />
■ Eau d’origine karstique<br />
■ Eau de saturation des marnes<br />
■ Eau d’inondation de l’étang<br />
h<br />
h<br />
Mare aux tritons à sec<br />
Grande mare<br />
Situation en mars 2003<br />
Heurteaux P. & P. Chauvelon<br />
Perte de charge induite par les forces de frottement qui s’opposent<br />
à l’ascension de l’eau dans la couche de marne du fond de la mare<br />
h