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Mares temporaires

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d’Afrique du Nord ont une richesse floristique supérieure à celles<br />

d’Europe. Un ensemble de mares de petite taille comporte aussi plus<br />

d’espèces et a une plus forte valeur patrimoniale qu’une seule grande<br />

mare de surface équivalente 283 . Bien entendu, une stratégie de conservation<br />

ne doit pas négliger les plus grandes mares pour autant car<br />

les risques d’extinction des populations locales sont d’autant plus<br />

réduits que les habitats les abritant sont étendus.<br />

Végétaux dépendant des mares <strong>temporaires</strong><br />

méditerranéennes : aspects biogéographiques<br />

La spécificité de la flore des mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />

réside, en premier lieu, dans un riche cortège de Ptéridophytes<br />

(Isoetes, Marsilea, Pilularia), souvent strictement inféodées à ces<br />

milieux. Leurs besoins hydriques sont variables. A leur côté, existent<br />

des végétaux strictement dépendants de la submersion comme les<br />

Callitriche ou les diverses renoncules aquatiques. Parmi les autres<br />

genres bien représentés, citons les Lythrum, Eryngium et Solenopsis.<br />

La répartition des taxons des mares <strong>temporaires</strong> est souvent fragmentée,<br />

avec des populations séparées de plusieurs centaines de<br />

kilomètres. Faut-il y voir les vestiges d’une répartition ancienne<br />

plus vaste et plus jointive, ou le résultat d’une dispersion aléatoire<br />

à longue distance par le vent (spores des Ptéridophytes) ou les<br />

oiseaux (Encadré 26, Chapitre 3f). En l’absence d’études approfondies,<br />

il est pour l’instant impossible de répondre à cette question<br />

biogéographique. Toujours est-il que le centre majeur de différenciation<br />

des éléments floristiques considérés se localise dans la partie<br />

occidentale du bassin : Quézel 313 estime que moins du quart des<br />

espèces présentes à l’ouest se rencontrent en Méditerranée orientale.<br />

Contrairement à celles de Californie 205 , les mares <strong>temporaires</strong> du<br />

Bassin méditerranéen se caractérisent par un endémisme végétal<br />

plutôt réduit (17 taxons endémiques*, soit 17,5 % de la liste globale<br />

des végétaux caractéristiques des mares (voir Tab. 2)). Seules<br />

quelques espèces endémiques existent, par exemple, Eryngium atlanticum<br />

au Maroc, Isoetes heldreichii en Grèce, Ranunculus revelieri<br />

(Corse et Provence), Marsilea batardae et Ranunculus longipes<br />

(péninsule ibérique), Solenopsis bicolor (Algérie et Tunisie) ou<br />

Artemisia molinieri (Provence). Les processus de spéciation ne sont<br />

pas forcément aboutis dans plusieurs cas où diverses sous-espèces<br />

endémiques (8 taxons) ont été décrites (cas de Isoetes velata,<br />

Polygonum romanum, Ranunulus isthmicus, R. revelieri, Solenopsis<br />

minuta).<br />

Les modalités de peuplement de ces mares ont dû être complexes, et<br />

plusieurs ensembles peuvent être distingués : un ensemble typiquement<br />

méditerranéen, majoritaire (Damasonium, Elatine, Kickxia, Lotus,<br />

Lythrum, Trifolium, etc.), un ensemble médio-européen incluant des<br />

taxons méditerranéo-atlantiques (Isoetes, Cicendia, Exaculum, Illecebrum,<br />

Littorella, Juncus, etc.), et un ensemble floristique tropical<br />

(Alternanthera, Marsilea, Oldenlandia, Laurenbergia).<br />

Enjeux de conservation et niveaux de protection sur le<br />

pourtour méditerranéen<br />

Malgré nos connaissances limitées sur la répartition des végétaux<br />

caractéristiques des mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes, une première<br />

synthèse (Tab. 2) tente d’en recenser les espèces rares (pays<br />

par pays). Cette liste se base sur la consultation de divers catalogues,<br />

flores ou listes rouges, élaborés à l’échelon national et<br />

complétés par quelques données inédites.<br />

2. Biodiversité et enjeux de conservation<br />

Ce bilan regroupe actuellement 108 taxons de rang spécifique ou<br />

sub-spécifique. L’Espagne, la France et l’Italie comportent chacune<br />

un peu plus de 60 % de l’ensemble des espèces recensées; viennent<br />

ensuite le Maroc et l’Algérie avec environ 50 % des espèces.<br />

Les enjeux de conservation se situent donc prioritairement dans<br />

ces pays, en gardant à l’esprit que les menaces d’origine anthropique<br />

les plus aiguës se situent au Maghreb. Pour l’est du Bassin<br />

méditerranéen, notons le nombre assez élevé de végétaux présents<br />

en Grèce (42 taxons soit 39 % de l’ensemble), fruit de prospections<br />

Encadré 10. Des enjeux de conservation importants<br />

pour les Bryophytes*<br />

Les mares et marais <strong>temporaires</strong> méditerranéens représentent<br />

des biotopes importants pour les Bryophytes, spécialement pour<br />

les Hépatiques. Néanmoins, seules les Riella (Riella helicophylla<br />

[voir fiche espèce], R. affinis, R. cossoniana, R. parisii, R. notarisii,<br />

R. numidica, R. bialata, etc.) y sont strictement inféodées.<br />

Ces taxons dépendent essentiellement du régime submersion/<br />

dessiccation pour effectuer la totalité de leur cycle de développement.<br />

On rencontre également aux abords des mares Sphaerocarpos<br />

texanus, assez proche sur le plan taxonomique des Riella<br />

mais à écologie différente. Les Hépatiques du genre Riccia, sans<br />

être strictement localisées aux abords de mares <strong>temporaires</strong>,<br />

y trouvent cependant un biotope de prédilection. Une vingtaine<br />

d’espèces de Riccia (voir fiche espèce) peuvent être observées dans<br />

ces conditions (Riccia macrocarpa, R. michelii, R. beyrichiana,<br />

R. canaliculata, R. perennis, R. crystallina, etc.). La coexistence en<br />

une localité de nombreuses espèces de ce genre est un élément<br />

important lorsque l’on cherche à évaluer le niveau patrimonial<br />

d’un site. D’autres Hépatiques Marchantiales, telles qu’Oxymitra<br />

incrassata ou Corsinia coriandrina sont des hôtes classiques des<br />

fonds et des abords de cuvettes <strong>temporaires</strong> en voie d’assèchement.<br />

Les Fossombronia (F. angulosa, F. crozalsii, F. pusilla, F. husnotii,<br />

etc.) sont également bien représentées. Les Hépatiques à<br />

feuilles, comme Gongylanthus ericetorum, sont, d’une manière<br />

générale, moins bien représentées dans ces biotopes. Les Anthocérotes<br />

sont également assez fréquentes (Anthoceros agrestis,<br />

Phaeoceros bulbiculosus, P. laevis, etc.).<br />

Nombreuses sont aussi les mousses naines des mares <strong>temporaires</strong>.<br />

Les Pottiacées, famille très importante dans le domaine méditerranéen,<br />

sont particulièrement bien représentées, par les genres<br />

Phascum, Pottia, Acaulon, Weissia, Tortula, etc. Les Funariacées<br />

(Funaria microstoma ou genre Entosthodon comme E. obtusus,<br />

E. mouretii), les espèces du genre Bryum (Bryum alpinum, B. barnesii,<br />

B. bicolor, B. gemmiparum, B. klinggraeffii, B. pallens, B. tenuisetum)<br />

dont de nombreux représentants possèdent des moyens de<br />

multiplication végétative* efficaces, sont généralement abondantes.<br />

Les Ephéméracées, espèces minuscules et très délicates, peuvent<br />

également coloniser les abords de mares <strong>temporaires</strong>. Archidium<br />

alternifolium (Archidiacées) peut former d’importantes colonies<br />

dans certaines mares <strong>temporaires</strong>.<br />

Les espèces de Bryophytes* rares à l’échelle d’un pays ou dans<br />

tout le pourtour méditerranéen sont nombreuses dans ces habitats,<br />

mais elles ne sont généralement pas citées dans les listes<br />

d’alerte ou de protection par méconnaissance. Riella helicophylla<br />

fait exception à la règle en cumulant divers statuts (voir fiche<br />

espèce) dont celui d’espèce listée à l’Annexe II de la Directive<br />

Habitats.<br />

Hugonnot V. & J.P. Hébrard<br />

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