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Mares temporaires

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exigeantes en lumière. Elle aboutit, le plus souvent, à la banalisation<br />

des communautés végétales et animales (pertes des espèces<br />

spécialistes et de la faune n’y effectuant qu’une partie de son<br />

cycle).<br />

La gestion permet de limiter l’accumulation de sédiments minéraux<br />

ou organiques, lorsque les causes en sont bien identifiées. La<br />

dégradation de la végétation dans le bassin versant est une cause<br />

classique d’accélération de l’érosion du bassin versant et, par suite,<br />

de la sédimentation dans les zones humides en aval. Les causes de<br />

cette dégradation peuvent être contrôlées par la gestion (contrôle<br />

du pâturage, fréquentation humaine, pistes véhicules, etc.). Au<br />

minimum une barrière végétale peut être constituée en périphérie<br />

pour stopper le sédiment tout en laissant passer l’eau.<br />

Lorsque le comblement est lié à une accumulation minérale, un<br />

fonctionnement hydrologique correct peut être restauré en surcreusant<br />

la mare et en exportant les sédiments. En fonction de la<br />

taille de la mare, ce creusement pourra être mécanique ou manuel.<br />

Les principales difficultés de la restauration par décapage du sédiment<br />

superficiel sont d’une part le choix du niveau à atteindre<br />

(niveau historique ou à calculer à partir d’objectifs hydrologiques)<br />

et d’autre part la présence ou non de stocks semenciers viables. Le<br />

creusement devra donc être complété par une étude cartographique<br />

du substrat sous-jacent et une analyse des différents horizons<br />

de sols pour localiser les stocks semenciers et si possible les<br />

utiliser pour restaurer la végétation.<br />

La gestion des ligneux<br />

La colonisation des ligneux autour et dans les mares <strong>temporaires</strong><br />

entraîne des problèmes d’ombrage (compétition) et d’accumulation<br />

de litière, et, par suite, des difficultés d’émergence et de développement<br />

pour les espèces héliophiles* (Chapitre 4). L’ouverture<br />

du milieu diminue la compétition pour la lumière et les apports de<br />

litière. En fonction de la superficie de la zone à débroussailler, la<br />

coupe pourra être manuelle (cisaille) ou mécanique (tronçonneuse,<br />

débroussailleuse). Un entretien de la coupe devra ensuite être<br />

assuré, de préférence par des troupeaux qui pourront limiter à la<br />

fois les espèces ligneuses mais aussi les herbacées les plus compétitives.<br />

Selon la nature des espèces que l’on souhaite contrôler, le<br />

choix des herbivores pourra être différent. Par exemple, les caprins<br />

et dans une moindre mesure les ovins seront plus efficaces que les<br />

bovins ou les équins pour contrôler les ligneux.<br />

La gestion par le pâturage doit faire l’objet de convention avec<br />

l’éleveur, où peuvent figurer les périodes éventuelles d’exclusion<br />

du pâturage (sensibilité de certaines espèces à des stades critiques de<br />

leur développement) et les charges maximales à l’hectare (seuil<br />

de risque de surpâturage). L’impact du pâturage peut être mesuré<br />

pour des espèces cibles particulières ou, globalement, pour la<br />

richesse ou la structure des peuplements ou de l’écosystème.<br />

La gestion des hélophytes<br />

La progression des grandes hélophytes (joncs, scirpes, massettes)<br />

dans les mares <strong>temporaires</strong> peut être liée à diverses causes comme<br />

une augmentation de l’épaisseur du sédiment, une élévation et/ou<br />

une stabilisation des niveaux d’eau. Ces espèces fortement compétitives<br />

se développent au détriment des espèces caractéristiques<br />

des mares qui supportent difficilement leur ombrage et l’eutrophisation<br />

du milieu résultant de l’accumulation de leur litière. La gestion<br />

des hélophytes (joncs, scirpes) vise donc, comme pour les ligneux,<br />

à réduire l’ombrage et les apports de litière.<br />

5. Méthodes de gestion et restauration<br />

Encadré 46. Progression des ligneux dans les mares de<br />

Roque-Haute<br />

Dans les mares de la Réserve Naturelle de Roque-Haute (Hérault)<br />

où le pâturage a disparu depuis une cinquantaine d’années, l’expansion<br />

de l’Orme (Ulmus minor) et du Frêne (Fraxinus angustifolia<br />

subsp oxycarpa) semble défavorable aux populations d’Isoetes<br />

setacea 328 . Cette hypothèse a été testée au cours d’une opération<br />

de débroussaillage expérimental. Un an après la coupe des ligneux,<br />

la fréquence des isoètes avait augmenté de 43 % dans la zone<br />

débroussaillée pour une augmentation de 7 % seulement dans la<br />

zone non débroussaillée (effet “année”). De plus, dans les zones<br />

éclaircies, un retrait de la litière augmentait encore de 14 % la fréquence<br />

des isoètes. Une expérimentation complémentaire, en<br />

laboratoire, a montré que la réduction de la lumière affecte la<br />

production de biomasse et la production de spores chez cette<br />

espèce (Fig. 32). Ces résultats suggèrent donc que l’interception<br />

de la lumière par les ligneux, ou plus généralement les espèces<br />

compétitives, suffit pour expliquer la réduction des petites espèces<br />

caractéristiques des mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes. D’autres<br />

effets peuvent s’y associer en particulier ceux associés à la décomposition<br />

de la matière organique ou la modification des sols mais<br />

ils n’ont pas été testés.<br />

Rhazi M.<br />

Dans le cas des hélophytes, la coupe mécanique (débroussailleuse),<br />

suivie de l’évacuation des produits de coupe, pourra être complétée<br />

par l’étrépage*, technique qui consiste à décaper le mat racinaire<br />

pour éliminer radicalement les plantes (équivalent du<br />

dessouchage pour les ligneux) et faciliter la reprise des espèces<br />

exigeantes en lumière (héliophiles). Cette seconde action de gestion<br />

doit être assez précise, et donc souvent manuelle, pour ne pas<br />

décaper une banque de semences sous-jacente qui aurait éventuellement<br />

subsisté sous les hélophytes. L’entretien des coupes<br />

devra être assuré manuellement et/ou par un pâturage raisonné.<br />

Figure 32. Impact de la lumière sur la production de biomasse et<br />

de spores chez Isoetes setacea<br />

Production moyenne de biomasse<br />

souterraine (bulbe en g+/-E.S.)<br />

0.18<br />

0.16<br />

0.14<br />

0.12<br />

0.10<br />

0.08<br />

0.06<br />

0.04<br />

0.02<br />

0.00<br />

0 15 50 75<br />

Réduction de lumière (%)<br />

85

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