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Mares temporaires

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Les mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />

Annuelle et amphibie, Ranunculus baudotii achève son cycle reproducteur<br />

en phase sèche<br />

des conditions d’inondation longues (Scirpus maritimus, Heleocharis<br />

palustris) où un assèchement peu poussé permet la survie des rhizomes<br />

et des bulbes. Des espèces vivaces terrestres opportunistes<br />

s’installent également transitoirement dans les mares <strong>temporaires</strong>,<br />

à la faveur d’années sèches, dans les zones exondées. Ce sont, par<br />

exemple, des graminées comme Dactylis hispanica, Holcus lanatus<br />

ou Agropyrum campestre dans les Maures. On y rencontre aussi<br />

des ligneux présents dans les écosystèmes limitrophes, comme des<br />

cistes. Ces espèces connaissent des fluctuations d’abondance très<br />

importantes : elles prolifèrent à la faveur de séries d’années sèches<br />

et sont anéanties lorsqu’une inondation survient. Enfin certaines<br />

espèces terrestres supportent bien l’inondation hivernale et sont<br />

rencontrées fréquemment dans les mares <strong>temporaires</strong> sans en être<br />

spécialistes (par exemple Dittrichia viscosa et Cynodon dactylon).<br />

Banque de semences<br />

Le sédiment renferme aussi bien les organes de multiplication<br />

végétative des plantes vivaces bulbes, bulbilles, rhizomes, turions,<br />

bourgeons dormants, etc., que les graines ou les oospores* issues de<br />

la reproduction sexuée des plantes. Les organes de multiplication<br />

végétative, par la production de plantules de grande taille, présentent<br />

un avantage compétitif (production) par rapport aux<br />

graines dans les premiers stades de leur développement. Ces<br />

organes sont beaucoup moins fréquents dans les milieux <strong>temporaires</strong><br />

du fait de leur moindre résistance à l’assèchement.<br />

Chez les végétaux, la durée de vie des graines est très variable<br />

entre espèces. Celles subsistant moins d’un an (stocks transitoires)<br />

ne s’accumulent pas avec le temps et les effectifs de leurs stocks<br />

semenciers fluctuent très rapidement. D’autres espèces ont des<br />

graines longévives tendant à s’accumuler, en grand nombre, dans<br />

le sédiment. Dans les conditions environnementales très fluctuantes<br />

des mares <strong>temporaires</strong>, les espèces et les populations de plantes ont<br />

évolué vers la production de semences formant des stocks persistant<br />

plus d’une saison dans le sol. Ce stock longévif est fondamental<br />

quand les populations sont exposées à des échecs fréquents de la<br />

46<br />

Roché J.<br />

reproduction où lorsque les conditions environnementales ne sont<br />

pas favorables pour la germination. Des stratégies multiples<br />

comme la production de petites graines, faiblement dispersantes, en<br />

grand nombre, avec des mécanismes limitant la germination et à<br />

longue durée de vie, ont été sélectionnées pour favoriser la constitution<br />

de cette banque (Chapitre 3f).<br />

Chez les annuelles aquatiques, la capacité de produire des semences<br />

rapidement et en grand nombre est fondamentale pour la reconstitution<br />

de la banque de graines (ou de spores). Callitriche truncata<br />

germe, croît et se reproduit en moins de 30 jours, Ranunculus peltatus<br />

a besoin de plus de temps pour se reproduire mais peut achever<br />

son cycle de reproduction après l’assèchement du milieu grâce à des<br />

formes de croissance amphibies 407 . Les Characées requièrent une<br />

submersion longue pour se reproduire (Encadré 17). Elles ne bouclent<br />

pas leur cycle reproductif chaque année, mais compensent cela<br />

par une forte production d’oospores les années favorables, associée<br />

à un faible taux de germination annuel (maintien de stock).<br />

Le nombre de semences produites par chaque espèce est corrélé à<br />

sa biomasse 41, 174 . D’autre part la biomasse produite par les plantes<br />

aquatiques annuelles est, elle même, corrélée à la durée de la saison<br />

de croissance déterminée par les dates de mise en eau et d’assèchement<br />

172 .<br />

Il y a peu de mécanismes spécialisés de dispersion chez les plantes<br />

des mares <strong>temporaires</strong> : tout se passe comme si le danger était<br />

Encadré 18. Longévité de la banque de semences<br />

Les stocks semenciers augmentent la résilience de la végétation<br />

des mares <strong>temporaires</strong>, c’est-à-dire leur capacité à se reconstruire<br />

après une perturbation 60 . Plusieurs études dans les mares<br />

<strong>temporaires</strong> illustrent l’apparition sporadique (tous les trois, cinq<br />

et dix ans), parfois en grand nombre d’espèces comme Elatine<br />

brochonii ou Damasonium stellatum, par exemple 326 . Ce phénomène<br />

repose sur la dormance et la longévité des semences. La<br />

longévité est très variable selon les espèces : des sporocarpes de<br />

Marsilea strigosa étaient viables après une centaine d’années de<br />

conservation en herbier 84 alors que ceux d’Isoetes setacea avaient<br />

perdu leur viabilité au bout d’une dizaine d’années (Michaux-<br />

Ferrière, com. pers.) dans des conditions de conservation proches.<br />

De plus, il est probable que les conditions de conservation affectent<br />

cette longévité et que celle-ci soit moins longue en nature<br />

qu’en herbier.<br />

En Australie, la viabilité des banques de semences de 21 espèces<br />

issues de 6 mares différentes a été testée : au bout de onze années<br />

un seul échantillon donnait encore des germinations et seules<br />

2 espèces (Juncus articulatus et Myriophillum variifolium), continuaient<br />

à germer 61 . La durée de vie des semences de la plupart des<br />

espèces des mares australiennes est d’au moins trois ou quatre ans<br />

mais la durée moyenne ou maximale demeure inconnue 60 .<br />

Lors de projets de restauration de deux mares <strong>temporaires</strong> du sud<br />

de la France (Péguière dans le Var et Grammont dans l’Hérault),<br />

l’analyse préalable des stocks semenciers a montré que les espèces<br />

caractéristiques n’étaient plus présentes (ou plus viables) après<br />

respectivement environ quinze ans (Grillas, données inédites) et<br />

trente ans 173 .<br />

Gauthier P. & P. Grillas

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