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Mares temporaires

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Encadré 31. Espèces rares ou menacées<br />

Il existe plusieurs façons d’être rare (Tab. 13). Pour les habitats très<br />

spécifiques comme les mares <strong>temporaires</strong>, la rareté des espèces<br />

sera plus particulièrement liée à celle de leur habitat (rareté de<br />

distribution plus que de nombre). Isoetes setacea, par exemple,<br />

colonise des sites peu nombreux et épars, mais souvent en grands<br />

effectifs 328 . On trouve toutefois, dans les mares <strong>temporaires</strong>, des<br />

espèces rares en effectifs réduits (par exemple Marsilea à Roque-<br />

Haute) qui, outre le peu de sites potentiels, doivent faire face à des<br />

problèmes démographiques et génétiques liés au nombre restreint<br />

d’individus. Les espèces rares ou menacées présentent souvent une<br />

Taille<br />

des populations<br />

Espèce à grande<br />

aire de répartition<br />

3. Fonctionnement et dynamique de l’écosystème et des populations<br />

Espèce à petite<br />

aire de répartition<br />

diversité génétique faible ou nulle qui résulte généralement du<br />

passage des populations par des goulots d’étranglement limitant<br />

la diversité intra-population et de l’absence de flux de gènes entre<br />

populations résiduelles. On considère généralement qu’une espèce<br />

spécialiste, très adaptée à un milieu particulier, est plus vulnérable<br />

qu’une espèce généraliste. Cependant, la raréfaction de ce milieu<br />

favorable (isolement) sélectionne les gènes induisant une moindre<br />

capacité de dispersion, ce qui, en retour, a de fortes chances de<br />

favoriser une bonne adaptation locale.<br />

Gauthier P.<br />

Tableau 13. Types de rareté chez quelques végétaux présents dans les mares <strong>temporaires</strong> (d’après Rabinowitz et al. 317 )<br />

Habitat peu spécifique Habitat très spécifique<br />

Espèce à grande<br />

aire de répartition<br />

Localement élevée Espèces communes Illecebrum verticillatum<br />

Ranunculus ophioglossifolius<br />

Isoetes velata<br />

Callitriche brutia<br />

Artemisia molinieri<br />

Ranunculus rodiei<br />

Apium crassipes<br />

Espèce à petite<br />

aire de répartition<br />

Partout faible Knickxia commutata Marsilea batardae<br />

Pilularia minuta Teucrium aristatum<br />

Morisia monanthos Damasonium bourgaei<br />

Marsilea strigosa<br />

Laurenbergia tetranda<br />

potentiellement reproducteurs. En dessous de ce seuil, les populations<br />

courent un risque important d’extinction au bout de 50 à<br />

100 générations en raison de la probabilité élevée de l’apparition<br />

de mutations délétères. La protection de populations avec des<br />

effectifs inférieurs à ces seuils est incertaine et les efforts de gestion<br />

devront porter vers l’augmentation des effectifs.<br />

Le critère de taille est souvent déterminant pour décider si une<br />

population requiert ou non un renforcement. Cette estimation sera<br />

facilitée si l’on connaît : l’isolement géographique, l’histoire de la<br />

population, le système de reproduction de l’espèce étudiée, la dispersion<br />

des semences et du pollen, l’histoire évolutive de l’espèce<br />

et de ses populations (expansion ou régression), et l’existence<br />

d’une banque de semences.<br />

Des connaissances sur la diversité génétique de la population peuvent<br />

aussi s’avérer importantes. A long terme, un faible niveau de<br />

variation génétique (dérive) peut diminuer le potentiel d’adaptation<br />

de la population aux changements du milieu. Toutefois, des populations<br />

génétiquement peu diverses localement peuvent être importantes<br />

pour maintenir le niveau de variation global d’une espèce,<br />

en particulier si elles correspondent à des adaptations locales.<br />

Selon les cas, différents principes de gestion devront être appliqués<br />

pour le renforcement des populations des mares <strong>temporaires</strong>.<br />

Dans le cas de populations résiduelles, le renforcement par des<br />

individus issus du même site (après multiplication ex-situ c’està-dire<br />

hors-site) ou de sites très proches doit être favorisé pour<br />

maintenir les adaptations locales et surtout éviter les échecs liés à<br />

la mauvaise adaptation des populations introduites. Le renforcement<br />

par des populations plus lointaines peut, néanmoins, s’avérer nécessaire<br />

si les populations locales sont trop appauvries génétiquement<br />

ou ne peuvent pas être produites ex-situ (effectifs trop réduits,<br />

culture ou élevage non maîtrisée).<br />

Dans le cas de métapopulations* (par exemple Triton, voir Encadré 33),<br />

des échanges peuvent être envisagés plus facilement, particulièrement<br />

entre sites de la métapopulation.<br />

Lors de projets de réintroduction faisant suite à une extinction<br />

locale, les populations sources devront être sélectionnées avec soin,<br />

notamment en fonction des paramètres du milieu, de la proximité<br />

géographique et écologique.<br />

En terme de conservation globale des espèces, il faut tenir compte<br />

du fort niveau d’isolement des populations. Le plus grand nombre<br />

possible de populations devra être préservé pour assurer une représentation<br />

maximale de la diversité génétique et phénotypique des<br />

espèces. Si des populations doivent inévitablement disparaître, il<br />

semble primordial de protéger celles présentant un bon état de<br />

fonctionnement, c’est-à-dire une taille suffisante, une reproduction<br />

régulière et, pour les plantes, une banque de semences viables.<br />

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