03.08.2013 Views

Mares temporaires

Mares temporaires

Mares temporaires

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Impact des espèces envahissantes<br />

La colonisation des mares par des plantes exotiques compétitives,<br />

souvent rudérales, peut engendrer une concurrence avec les espèces<br />

caractéristiques des mares <strong>temporaires</strong>. Poirion & Barbero 303<br />

signalent ainsi la colonisation de nombreuses mares et cupules de<br />

l’Esterel, et du massif de Biot (Var) par une plante sud-africaine<br />

très dynamique : Freesia alba. Dans les Maures encore, Paspalum<br />

dilatatum, Panicum capillare et Euphorbia prostrata, les deux premières<br />

s’étant a priori surtout propagées le long du réseau routier,<br />

colonisent les zones d’accumulation sédimentaire en fond des<br />

ruisseaux et des mares (Médail, com. pers.). Ces espèces participent<br />

à la fermeture du milieu et doivent donc être surveillées même si,<br />

compte tenu de leur développement surtout estival ou automnal,<br />

leur impact sur les autres espèces des mares <strong>temporaires</strong> reste probablement<br />

faible. En Corse, c’est une autre espèce sud-africaine,<br />

Cotula coronopifolia qui affecte sérieusement la plupart des zones<br />

humides de basse altitude 280 , notamment la mare temporaire de la<br />

Tour d’Olmeto (Paradis, com. pers.).<br />

La mise en eau permanente des mares <strong>temporaires</strong> et l’installation<br />

de retenues sur les ruisseaux <strong>temporaires</strong> sont généralement suivies<br />

de l’introduction de poissons, souvent exotiques, qui constituent<br />

une menace majeure pour les amphibiens 4, 51, 98, 154, 258, 272 .<br />

Par exemple en Provence, l’étang de Saint-Rémy dans les Alpilles<br />

accueillait dans les années 1960 plusieurs espèces patrimoniales<br />

pour la région (Triturus helveticus, Alytes obstetricans, Pelobates<br />

cultripes, Pelodytes punctatus) qui ont aujourd’hui totalement disparues<br />

du fait de l’introduction de poissons (Peyre, com. pers.).<br />

Semblable constat a été fait dans la région cantabrique, la Province<br />

de La Coruña (Espagne), en Algérie et dans le Languedoc où<br />

Encadré 38. Damasonium alisma et le labour<br />

Devictor 112 a comparé les banques de graines de Damasonium<br />

alisma dans des mares situées dans des zones en jachère avec<br />

celles de mares situées dans des zones cultivées. Malgré une<br />

densité de plantes 3 à 5 fois plus élevée dans les zones cultivées<br />

que dans les zones en jachère, le nombre moyen de graines, dans<br />

la banque du sol, était équivalent dans les deux zones (environ<br />

300 graines en moyenne par prélèvement de 250g). Dans les<br />

zones en jachère, les graines étaient trouvées essentiellement<br />

en surface alors qu’elles avaient une distribution plus homogène<br />

dans le profil du sol dans les zones cultivées. Les taux de germination<br />

des graines, dans la zone en jachère, étaient de 70 % et<br />

45 % respectivement pour les horizons superficiels et profonds,<br />

et dans la zone cultivée de 40 et 80 % pour les horizons superficiels<br />

et profonds.<br />

Le labour peut expliquer cette répartition contrastée. Dans la<br />

partie cultivée, les graines produites l’été, à pouvoir germinatif<br />

élevé, sont enterrées par le labour d’automne et les graines<br />

retrouvées en surface sont d’âges variables avec un taux de germination<br />

plus faible. Dans la zone en jachère, les graines restent<br />

en surface et germent au printemps suivant.<br />

Le labour présente donc des effets antagonistes sur la banque<br />

de graines de Damasonium : positif par l’ouverture du milieu, il<br />

favorise l’expression de cette espèce héliophile et négatif parce<br />

qu’il enfouit les graines qui perdent progressivement leur pouvoir<br />

germinatif.<br />

d’après Devictor 112<br />

4. Menaces sur les mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />

le nombre d’amphibiens dans les sites avec poissons est très inférieur<br />

à celui observé dans les sites sans poisson. Les gambusies (Gambusia<br />

affinis), introduits en France, en Espagne et en Algérie dans<br />

les années 1970 pour lutter contre les moustiques 96, 136, 340 , sont<br />

régulièrement trouvés dans les mares <strong>temporaires</strong> où ils ont un<br />

impact négatif sur certaines espèces de zooplancton (Daphnia<br />

spp). Dans des marais <strong>temporaires</strong> de Camargue, l’entrée accidentelle<br />

d’épinoches (Gasterosteus aculeatus) par les canaux d’irrigation,<br />

a provoqué, dans le zooplancton, l’extinction progressive des<br />

espèces les plus grandes et les plus visibles (colorées) qui sont<br />

caractéristiques de ces milieux 304 .<br />

L’explosion des populations d’écrevisses de Louisiane (Procambarus<br />

clarkii) a des effets négatifs directs sur la végétation des<br />

mares <strong>temporaires</strong> et indirects sur les espèces animales colonisant<br />

ces milieux en diminuant leurs ressources alimentaires et en altérant<br />

leurs zones refuges (voir, par exemple, dans le Parc National<br />

de Doñana 179 ). Dans la Réserve Naturelle de Paul do Boquilobo<br />

(Portugal), 13 espèces d’amphibiens pouvaient être observées jusqu’au<br />

début des années 1990 100, 319 . Onze ans après implantation de<br />

l’écrevisse de Louisiane, seules 4 espèces ont été retrouvées, avec des<br />

effectifs nettement inférieurs à ceux observés lors du premier inventaire<br />

en 1993. Seul Bufo calamita, inféodé aux flaques très éphémères,<br />

non colonisées par l’écrevisse, a vu ses effectifs croître localement.<br />

L’impact des écrevisses de Louisiane est parfois augmenté par l’introduction<br />

de poissons exotiques avec des effets considérables sur les<br />

peuplements d’amphibiens comme dans la Province de La Coruña 154<br />

(Espagne) et dans le Parc de l’Alentejo au sud-ouest du Portugal 29 .<br />

En général, ces prédateurs s’attaquent aux œufs et aux larves des<br />

espèces d’amphibiens les plus sensibles. Quelques espèces montrent<br />

cependant des résistances à ces prédateurs, soit par la toxicité de<br />

leurs larves (Bufo bufo), soit par des comportements d’évitement<br />

(Rana sp., certains Urodèles). Par ailleurs, la plupart des batraciens<br />

identifient la présence de poissons grâce à une reconnaissance<br />

chimique 191 , ce qui leur permet d’éviter les sites colonisés par ceuxci.<br />

Cet évitement aboutit cependant à une perte des sites de reproduction<br />

qui accélère le déclin des espèces.<br />

Envahissement de la mare de Padulu (Corse) par Dittrichia viscosa<br />

69<br />

Pozzo di Borgo M. L.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!