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Mares temporaires

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4. Menaces sur les mares<br />

<strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />

Gauthier P., P. Grillas & M. Cheylan<br />

Les mares <strong>temporaires</strong> sont souvent dispersées dans l’espace et, du<br />

fait de leur faible surface, sont potentiellement faciles à détruire.<br />

Cependant, dans une perspective historique, l’action de l’homme<br />

sur les mares est contrastée : d’une part les pressions anthropiques<br />

multiples les détruisent ou les dégradent, d’autre part de nombreuses<br />

mares ont une origine artificielle, créées pour remplir diverses<br />

fonctions, dont celle d’abreuvoir pour le bétail 373 (Encadré 34).<br />

Aujourd’hui, malgré l’absence de données précises, il est évident<br />

que la dégradation et la destruction des mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />

l’emportent largement sur la création.<br />

Les caractéristiques hydrologiques (durée, hauteur, dates) et la<br />

faible productivité (peu de nutriments*, sécheresse estivale) des<br />

mares <strong>temporaires</strong> sont les facteurs les plus importants pour la<br />

conservation de leurs espèces et de leurs communautés caractéristiques<br />

(Chapitre 3). Lorsqu’elles affectent ces facteurs, les activités<br />

humaines ont un impact sur la conservation des espèces<br />

qu’elles hébergent. Il convient de distinguer les atteintes conduisant<br />

à la destruction directe des mares (urbanisation, comblement,<br />

etc.) des dégradations ou perturbations (par exemple drainage<br />

partiel, pollution), moins irrémédiables, mais qui modifient leur<br />

fonctionnement écologique. L’introduction d’espèces envahissantes,<br />

la fermeture du milieu ou l’atterrissement* naturel perturbent<br />

aussi l’équilibre fragile de ces habitats et de leurs espèces.<br />

Même si la plupart des menaces qui pèsent sur les mares <strong>temporaires</strong><br />

sont communes à l’ensemble du pourtour méditerranéen, on<br />

constate un contraste entre les pays du Nord et ceux du Sud. Utiles<br />

pour une économie agricole basée sur une exploitation extensive, les<br />

mares présentent aujourd’hui un intérêt limité dans la plupart des<br />

régions européennes où elles sont abandonnées ou détruites 284, 373 .<br />

Dans les pays du Sud, elles conservent au contraire une utilité dans<br />

leur contexte économique actuel. Leur importance risque, cependant,<br />

de diminuer à la faveur du développement économique.<br />

Destruction des sites<br />

Au cours des cinquante dernières années, l’urbanisme a subi un<br />

essor très important sur le pourtour méditerranéen, en rapport<br />

avec la croissance démographique et le développement du tourisme.<br />

Les zones humides <strong>temporaires</strong> en milieu périurbain sont confrontées<br />

à des menaces de comblements lors d’aménagements locatifs<br />

ou routiers. Dans la région Languedoc-Roussillon, la majorité des<br />

régressions et des extinctions locales de plantes rares ont été provoquées<br />

par la destruction directe des habitats (urbanisation) et<br />

par l’intensification de l’utilisation des terres 228 . Près d’Agde, les<br />

mares de Rigaud ont disparu lors de la construction d’un lotissement<br />

260 et celles de Notre-Dame de l’Agenouillade (Agde, Hérault)<br />

sont encerclées par l’urbanisation. Les mares du Plateau de Vendres<br />

(Hérault) et de Rodié (Var) ont été dégradées ou partiellement<br />

détruites par des infrastructures routières. A Malte comme au Maroc,<br />

la disparition des mares consécutivement à l’urbanisation est fréquente<br />

près des villes 21, 222, 322 .<br />

La raréfaction des sites a des conséquences importantes sur les<br />

populations, notamment d’amphibiens, en réduisant les échanges<br />

Encadré 34. <strong>Mares</strong> <strong>temporaires</strong> dans le sud de la France :<br />

un bilan parfois positif en nombre mais toujours négatif<br />

en qualité<br />

Aucune étude ne permet aujourd’hui de mesurer le déclin des<br />

milieux <strong>temporaires</strong>. Cependant, si dans certains secteurs du sud<br />

de la France comme le massif des Maures (Var) ou le causse<br />

d’Aumelas (Hérault), les créations sont certainement supérieures<br />

aux disparitions, elles ne leur sont pas équivalentes en qualité.<br />

Dans le massif et la plaine des Maures, les créations ont deux<br />

fonctions principales : des petites retenues d’eau pour la défense<br />

des forêts contre les incendies (DFCI) et des mares à vocation<br />

cynégétiques. Certaines accueillent de belles populations d’amphibiens,<br />

surtout des espèces pionnières* (Crapaud calamite, Crapaud<br />

commun, Pélodyte) mais aussi des espèces rares (Pélobate). En<br />

revanche, elles présentent un faible intérêt sur le plan botanique,<br />

car souvent creusées dans la terre et donc boueuses. Sur le causse<br />

d’Aumelas, de nombreuses mares à vocation cynégétique, également<br />

attractives pour certains amphibiens, ont été créées au cours<br />

des vingt dernières années sans que l’on constate des destructions<br />

de mares anciennes (type lavognes, voir Chapitre 2a).<br />

En Languedoc, Chaline 72 reprenant en 2001 des inventaires de<br />

mares réalisés en 1974 par Gabrion 153 , a constaté une disparition<br />

de 6 mares sur les 94 étudiées. Dans le même temps, les<br />

créations de mares étaient bien plus nombreuses parmi lesquelles<br />

Chaline distingue :<br />

• les mares abreuvoirs, de plus en plus souvent bâchées et donc<br />

peu intéressantes pour la faune et la flore (sur les causses<br />

essentiellement),<br />

• les mares à but cynégétique, petites, souvent cimentées, en<br />

général assez profondes et plus ou moins dépourvues de végétation,<br />

• les retenues collinaires à but de DFCI, alimentées par des ruisselets,<br />

en général profondes et d’assez grande taille.<br />

Ces nouveaux types de mares attirent quelques amphibiens pionniers*<br />

des milieux instables (Crapaud calamite, Pélodyte) ou généralistes<br />

(Crapaud commun, Triton palmé, Rainette méridionale)<br />

mais sont globalement bien plus pauvres que les mares traditionnelles<br />

de cette région.<br />

Cheylan M.<br />

Dans la plaine des Maures, la construction d’un golf a détruit de nombreux<br />

ruisselets <strong>temporaires</strong> à Isoetes duriei<br />

63<br />

Roché J.

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