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Mares temporaires

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si des organismes caractéristiques des mares <strong>temporaires</strong>, en particulier<br />

des crustacés, peuvent s’y développer.<br />

<strong>Mares</strong> d’origine naturelle<br />

Les processus naturels à l’origine des mares sont essentiellement<br />

l’érosion et le colmatage.<br />

L’érosion peut résulter de l’action physico-chimique de l’eau (dissolution<br />

des calcaires pour certaines mares cupulaires ou les poljés,<br />

avec exportation de sédiments), de l’action du vent (exportation de<br />

sédiments fins), de processus géomorphologiques liés à la divagation<br />

des cours d’eau mais aussi de la combinaison de ces différents<br />

processus, éventuellement combinés à l’action de la faune voire de<br />

la flore 49, 263, 380 .<br />

Des colmatages naturels limitant le drainage ou le ruissellement<br />

peuvent contribuer à la création de mares (cas des séries de dépressions<br />

endoréiques* du nord-ouest de Benslimane au Maroc, des mares<br />

sur substrat Permien de la Plaine des Maures). L’origine des mares<br />

<strong>temporaires</strong> a des conséquences importantes sur leur richesse et<br />

leur fonctionnement, en particulier sur leur fonctionnement hydrologique<br />

(Chapitre 3b) et sur les connexions potentielles entre populations<br />

de plantes ou d’animaux (Chapitre 3f).<br />

Encadré 5. Les mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes en<br />

France<br />

Un premier inventaire, réalisé en 2003 en région méditerranéenne<br />

française 391 , a permis d’identifier 106 sites représentant<br />

plus de 900 mares <strong>temporaires</strong>, la majorité relevant de l’habitat<br />

3170 “mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes”. Quelques mares<br />

<strong>temporaires</strong> méditerranéennes se rencontrent au nord de la région<br />

méditerranéenne (Poitou-Charente notamment).<br />

On distingue trois grands types de mares en fonction du substrat<br />

260 :<br />

• les mares <strong>temporaires</strong> saumâtres des zones humides littorales :<br />

Camargue, Basse Crau, marges littorales du Languedoc, Corse,<br />

• les mares <strong>temporaires</strong> aux eaux assez richement minéralisées,<br />

le plus souvent sur substrat calcaire. Ce sont les mares des garrigues<br />

languedociennes (garrigues du Montpelliérain ou de<br />

l’Uzégeois, la Gardiole, causses méridionaux), et, en Provence, la<br />

mare de l’Estagnolet à La Barben, la mare du plateau de Cengle,<br />

et les mares du centre-Var,<br />

• les mares <strong>temporaires</strong> dulçaquicoles*, aux sols généralement<br />

superficiels, de texture sableuse ou limoneuse, pauvres en humus,<br />

de pH acide ou faiblement basique. Dans la Région Provence-<br />

Alpes-Côte d’Azur, on trouve d’est en ouest : les massifs de Biot,<br />

de l’Esterel, de la Colle du Rouet, la plaine de Palayson, la plaine<br />

des Maures et la plaine de Crau. Dans le Languedoc-Roussillon, on<br />

rencontre d’est en ouest : l’étang de Capelle, la Costière nîmoise,<br />

la région d’Agde, le plateau basaltique de Pézenas, la plaine de<br />

Béziers, les plateaux de Roque-Haute et de Vendres, les mares de<br />

Saint-Estève et du plateau de Rodès. En Corse, du nord au sud,<br />

s’échelonnent les mares du Cap Corse, des Agriate, du littoral du<br />

sud-ouest, de Porto-Vecchio et de Bonifacio.<br />

Bien qu’elles totalisent une surface très réduite (sans aucun<br />

doute moins de 1 000 ha), les mares <strong>temporaires</strong> méditerranéennes<br />

abritent, en France, plusieurs centaines d’espèces végétales<br />

(Chapitre 2b), 14 espèces d’amphibiens (Chapitre 2c), 18 espèces<br />

de crustacés anostracés (Chapitre 2d) et de nombreuses espèces<br />

d’insectes (Chapitre 2e).<br />

Yavercovski N., M. Cheylan & A. Thiéry<br />

2. Biodiversité et enjeux de conservation<br />

Un grand nombre de types de mares naturelles peuvent être distingués<br />

selon leur origine. Quelques-uns, caractéristiques, sont décrits<br />

ci-dessous.<br />

<strong>Mares</strong> cupulaires<br />

Ces mares de petite taille (quelques décimètres carrés à quelques<br />

mètres carrés) et de bassin versant très réduit, (Encadré 7) sont<br />

creusées par l’érosion dans des blocs de roche dure ou des dalles<br />

rocheuses. Leur alimentation en eau est exclusivement pluviale. La<br />

dessiccation de leurs sédiments est extrême en phase sèche. Ces<br />

cupules se caractérisent par une faible épaisseur de sol et par une<br />

Encadré 6. Les dayas du Maroc<br />

Le Maroc est considéré comme le premier pays à l’échelle du<br />

Bassin méditerranéen pour sa richesse en mares <strong>temporaires</strong>,<br />

appelées localement dayas. Elles sont largement représentées<br />

sur l’ensemble du territoire avec une fréquence faible à l’est, au<br />

sud et dans les hautes altitudes, et élevée dans la zone côtière<br />

ouest de Tanger à Tiznit. La durée de submersion diminue du<br />

nord (six à huit mois) au sud (un à deux mois) et d’ouest en est.<br />

D’un point de vue biogéographique, on observe une dominance<br />

très nette des espèces méditerranéennes et des espèces cosmopolites,<br />

alors que les taxons atlantiques sont peu représentés.<br />

Au Maroc, la grande diversité des situations climatiques, géologiques<br />

et géomorphologiques est à l’origine d’une variété remarquable<br />

de dayas. Les travaux réalisés sur les crustacés par Ramdani318 et Thiéry380 ont permis de distinguer quatre ensembles principaux<br />

de dayas :<br />

• Dayas des plateaux orientaux arides près de la frontière algérienne<br />

et des zones sahariennes au sud et de l’Atlas : localisées<br />

sur des plaines d’altitude de 900 à 1 400 m qui reçoivent moins<br />

de 200 mm d’eau par an irrégulièrement répartis, leur durée<br />

d’inondation est de quinze à soixante-quinze jours et elles peuvent<br />

rester sèches pendant plusieurs années. Elles sont peu profondes<br />

et ont, pour la plupart, une origine naturelle.<br />

• Dayas des plaines internes arides (Jbilets et le Haouz de Marrakech)<br />

: localisées sur des plaines sous bioclimat aride de 300 à<br />

1 000 m d’altitude recevant 200 à 400 mm d’eau par an, leur<br />

durée d’inondation est de deux à quatre mois. Leur substrat est<br />

schisteux et donne, par altération, un sol argileux.<br />

• Dayas des plaines côtières atlantiques (Gharb, Rabat avec la<br />

Suberaie de Mamora, la région de Benslimane, de Casablanca<br />

jusqu’à Settat et Essaouira) : dans les plaines atlantiques de basse<br />

altitude (< 500 m) sous bioclimat subhumide et semi-aride,<br />

recevant 400 à 800 mm d’eau par an, ces dayas ont une durée<br />

d’inondation comprise entre cinq et sept mois. Leur sol est soit<br />

hydromorphe sur un substrat gréseux ou schisteux (dayas de<br />

Benslimane), soit sableux sur un plancher argileux imperméable<br />

(dayas de Mamora).<br />

• Dayas de montagnes (Moyen Atlas, Haut Atlas, Rif) : elles se<br />

localisent sur les hautes altitudes (> 2 000 m) sous bioclimat<br />

humide et reçoivent plus de 800 mm d’eau par an directement<br />

par les eaux de pluies et indirectement par la fonte des neiges.<br />

Leur durée d’inondation et de trois à six mois. Leur substrat est<br />

basaltique, calcaire dolomitique ou gréseux rouge du Permotrias.<br />

Rhazi L.<br />

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