Suicide chez les Autochtones au Canada - Fondation autochtone de ...
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3<br />
Chapitre 1<br />
3. Qu’avons-nous comme données probantes pour établir un lien entre le suici<strong>de</strong> et <strong>les</strong> séquel<strong>les</strong><br />
intergénérationnel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’expérience vécue dans <strong>les</strong> pensionnats, particulièrement l’abus physique et<br />
sexuel?<br />
4. Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> meilleures pratiques et <strong>les</strong> interventions appliquées actuellement dans le domaine <strong>de</strong> la<br />
prévention du suici<strong>de</strong> et <strong>au</strong>près <strong>de</strong>s personnes suicidaires et <strong>de</strong>s collectivités touchées?<br />
En décembre 2003, une vaste recherche documentaire a été effectuée à l’ai<strong>de</strong> du rése<strong>au</strong> Internet et a mis à<br />
contribution Medline et PsychINFO. Les termes utilisés dans le cadre <strong>de</strong> cette recherche faisaient mention<br />
<strong>de</strong> tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> et <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> (complété), <strong>de</strong> groupes ethniques (Indigènes/Aborigènes), <strong>Autochtones</strong>,<br />
Amérindiens, Premières Nations, Esquim<strong>au</strong>, Inuit. Des artic<strong>les</strong> ont été choisis en raison <strong>de</strong> leur qualité<br />
scientifique et <strong>de</strong> leur pertinence par rapport <strong>au</strong>x questions <strong>de</strong> santé mentale <strong>au</strong>tochtone. De plus, on a<br />
recensé <strong>de</strong>s rapports obtenus d’organisations <strong>au</strong>tochtones et <strong>de</strong> centres d’information sur le suici<strong>de</strong>. À la<br />
suite <strong>de</strong> la recension <strong>de</strong> ces ouvrages et documents, le présent rapport met l’accent sur la présentation <strong>de</strong><br />
la documentation scientifique; mais celle-ci est analysée et intégrée tout <strong>au</strong> long du rapport en prêtant une<br />
attention toute particulière <strong>au</strong>x documents existants qui font état <strong>de</strong>s perspectives <strong>au</strong>tochtones présentées<br />
dans <strong>de</strong>s comptes rendus <strong>de</strong> conférences, <strong>de</strong> séances d’information et <strong>de</strong> consultations.<br />
Définitions du suici<strong>de</strong> et du comportement suicidaire<br />
Le comportement suicidaire englobe toute une série d’actes <strong>au</strong>to<strong>de</strong>structeurs. La définition classique du<br />
suici<strong>de</strong> nous vient du sociologue Emile Durkheim :<br />
[TRADUCTION] Le terme suici<strong>de</strong> s’applique à tous <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> décès résultant directement ou<br />
indirectement d’un acte positif ou négatif commis par la victime elle-même alors qu’elle sait quel<br />
effet cet acte produira (1951 :44).<br />
Quoique cette définition semble claire et précise, elle présuppose cependant qu’il est possible <strong>de</strong> savoir ce<br />
que <strong>de</strong>s personnes en état <strong>de</strong> crise ou se démenant dans une pério<strong>de</strong> prolongée d’intense détresse pensaient<br />
<strong>au</strong> moment d’agir. Généralement, il n’y a <strong>au</strong>cun moyen <strong>de</strong> reconstituer en toute certitu<strong>de</strong> ce que quelqu’un<br />
pensait ou projetait <strong>au</strong> moment <strong>de</strong> son décès. Même pour <strong>les</strong> proches qui connaissaient bien la personne,<br />
il peut être très difficile <strong>de</strong> déterminer avec précision le mobile ou l’intention qui l’a poussée à se donner<br />
la mort. Dans le cas <strong>de</strong> tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>, <strong>les</strong> personnes peuvent n’avoir que très peu <strong>de</strong> souvenirs <strong>de</strong>s<br />
circonstances entourant leur geste du fait qu’el<strong>les</strong> étaient en état d’ébriété, droguées ou en état d’extrême<br />
confusion ou d’agitation. Sur le plan clinique, <strong>de</strong>s patients retracent souvent <strong>de</strong>s motivations contradictoires<br />
et complexes qui évoluent à mesure qu’ils se rétablissent et qu’ils tentent <strong>de</strong> se distancer <strong>de</strong> la crise qu’ils<br />
ont vécue. Dans le cas d’étu<strong>de</strong>s sur <strong>de</strong>s décès par suici<strong>de</strong> où <strong>de</strong>s évaluations ne peuvent être faites que<br />
rétrospectivement en interviewant d’<strong>au</strong>tres personnes (ce qu’on appelle une « <strong>au</strong>topsie psychologique »), <strong>les</strong><br />
avis concernant l’intention <strong>de</strong>s personnes suicidées restent inévitablement incertains.<br />
Les rapports officiels <strong>de</strong>s coroners sur <strong>de</strong>s suici<strong>de</strong>s ou d’<strong>au</strong>tres c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong> décès sont souvent incorrects,<br />
incomplets, et ils ne contiennent pas d’information déterminante qui permet l’analyse précise <strong>de</strong>s corrélats<br />
psychologiques et socio-culturels d’un suici<strong>de</strong>. En réalité, le suici<strong>de</strong> est associé à un stigmate considérable;<br />
c’est pourquoi la famille et <strong>les</strong> <strong>au</strong>torités peuvent être réticentes à le rapporter ou à le reconnaître. Même <strong>les</strong><br />
dossiers <strong>de</strong>s hôpit<strong>au</strong>x peuvent être imprécis (Rho<strong>de</strong>s et coll., 2002). L’<strong>au</strong>tomutilation peut ressembler à une