Suicide chez les Autochtones au Canada - Fondation autochtone de ...
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Chapitre 4<br />
pourquoi la coupe <strong>de</strong>s cheveux a suscité un sentiment <strong>de</strong> honte profond. Ce rituel constituait une attaque<br />
directe et un refus <strong>de</strong>s valeurs culturel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s <strong>Autochtones</strong> (Grant, 1996). Dans certains pensionnats<br />
comme le Mohawk Institute Resi<strong>de</strong>ntial School et le Mount Elgin Indian Resi<strong>de</strong>ntial School (<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux établis en<br />
Ontario), il y a eu une telle fréquence <strong>de</strong>s abus que <strong>les</strong> élèves étaient classés en tenant compte du nombre <strong>de</strong><br />
punitions reçues et <strong>les</strong> raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ils <strong>les</strong> avaient reçues (Graham, 1997).<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> ce système, <strong>les</strong> agents <strong>de</strong>s Indiens avaient la responsabilité professionnelle d’évaluer sous quel<strong>les</strong><br />
conditions <strong>les</strong> élèves dont ils avaient la charge vivaient et étudiaient. Les agents <strong>de</strong>s Indiens avaient le pouvoir<br />
<strong>de</strong> recomman<strong>de</strong>r le congédiement d’enseignants <strong>au</strong> ren<strong>de</strong>ment insatisfaisant, du directeur d’école et d’<strong>au</strong>tres<br />
membres du personnel <strong>au</strong> département <strong>de</strong>s Affaires indiennes, <strong>de</strong> même qu’ils avaient le droit d’expulser <strong>les</strong><br />
élèves. Les archives du gouvernement fédéral sont remplies <strong>de</strong> rapports négatifs remis par d’anciens agents <strong>de</strong>s<br />
Indiens attestant <strong>de</strong>s conditions cruel<strong>les</strong> et inhumaines observées dans <strong>de</strong> nombreux pensionnats (Satzewich<br />
et Mahood, 1995; Milloy, 1999; Johansen, 2000). Malheureusement, il y a peu d’indication que <strong>les</strong> agents <strong>de</strong>s<br />
Indiens se sont prévalus <strong>de</strong> leur pouvoir pour protéger leurs élèves et assurer avec régularité la surveillance.<br />
Abus sexuel dans <strong>les</strong> pensionnats<br />
Même si le nombre exact ne sera probablement jamais connu, un nombre important d’anciens élèves <strong>de</strong>s<br />
pensionnats ont été victimes d’abus sexuel (Haig-Brown, 1988; Knockwood, 1992; Miller, 1996; Grant,<br />
1996; Fournier et Crey, 1997; Milloy, 1999; Johansen, 2000; Million, 2000). Alors que <strong>les</strong> archives<br />
canadiennes contiennent <strong>de</strong>s documents sur <strong>de</strong>s abus physiques que d’anciens agents <strong>de</strong>s Indiens et <strong>de</strong>s<br />
fonctionnaires du gouvernement ont produits, ces dossiers officiels ne font pratiquement <strong>au</strong>cune référence<br />
à <strong>de</strong>s abus sexuels (Milloy, 1999; Johansen, 2000). Quant <strong>au</strong>x rapports « complets » exécutés sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
du gouvernement fédéral, notamment le Bryce Report en 1909 et le Caldwell Report en 1967, ils sont rédigés<br />
dans la même foulée, faisant abstraction du sujet. La plupart du temps, <strong>les</strong> rapports officiels ont mis en doute<br />
« l’aspect moral d’affaires (ou d’événements) » ( Johansen, 2000:19) ou ils ont exprimé <strong>de</strong>s inquiétu<strong>de</strong>s <strong>au</strong><br />
sujet <strong>de</strong> perceptions d’anomalies sexuel<strong>les</strong> concernant <strong>les</strong> enfants <strong>au</strong>tochtones (Milloy, 1999). Ils ont porté<br />
leur attention sur le comportement sexuel <strong>de</strong>s enfants; particulièrement, <strong>de</strong>s relations sexuel<strong>les</strong> entre garçons<br />
et fil<strong>les</strong>, <strong>de</strong> même que <strong>de</strong>s relations homosexuel<strong>les</strong> entre garçons (Haig-Brown, 1988; Milloy, 1999). Toutes<br />
ces allégations avaient pour but <strong>de</strong> cacher ou <strong>de</strong> détourner l’attention <strong>de</strong>s agresseurs adultes, <strong>au</strong>teurs <strong>de</strong><br />
violence et d’exploitation sexuelle.<br />
La reconnaissance relativement récente <strong>de</strong> cas d’abus sexuel dans <strong>les</strong> écrits sur <strong>les</strong> pensionnats soulèvent la<br />
question <strong>de</strong> savoir s’il s’agit d’une tendance injustifiée d’imputer la détresse <strong>de</strong>s personnes à <strong>de</strong> tels abus ou<br />
même d’évoquer le souvenir d’événements <strong>au</strong>ssi tr<strong>au</strong>matisants dans <strong>de</strong>s situations où, en fait, ils n’ont pas<br />
eu lieu. Il n’en reste pas moins qu’il y a <strong>de</strong>s preuves concluantes que <strong>les</strong> agressions sexuel<strong>les</strong> ont fait partie<br />
pendant longtemps du système <strong>de</strong>s pensionnats (Miller, 1996). À la fin du dix-neuvième siècle, <strong>de</strong>s rapports<br />
officiels font allusion <strong>au</strong> fait qu’un oblat faisant du recrutement <strong>au</strong>rait commis <strong>de</strong>s abus sexuels; il <strong>au</strong>rait été<br />
associé à l’exploitation sexuelle <strong>de</strong> jeunes garçons (Miller, 1996). Les <strong>au</strong>teurs d’agression correspondaient<br />
à <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> et différents types <strong>de</strong> profils et <strong>de</strong> catégories, englobant <strong>de</strong>s prêtres, <strong>de</strong>s religieuses et même<br />
<strong>de</strong>s élèves. Le type d’abus a également varié. Au pensionnat Moose Factory Anglican School, «[TRAD.] un<br />
membre féminin du personnel prenait sa douche avec <strong>les</strong> plus jeunes garçons cris, leur ordonnant <strong>de</strong> frotter<br />
ses seins et la partie pubienne pendant qu’elle gémissait... Un élève ojibway du pensionnat Shingw<strong>au</strong>k<br />
pendant <strong>les</strong> années 1950 se rappelle qu’un <strong>de</strong> ses surveillants masculins avaient l’habitu<strong>de</strong> d’asseoir <strong>de</strong> petits<br />
garçons sur ses genoux et <strong>de</strong> <strong>les</strong> bouger jusqu’à ce qu’il soit excité sexuellement » (Miller, 1996:330). Dans<br />
la même veine, <strong>de</strong>s élèves plus âgés ont été victimes d’abus sexuel. Certains <strong>de</strong> ces élèves ayant été en gran<strong>de</strong><br />
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