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Suicide chez les Autochtones au Canada - Fondation autochtone de ...

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Chapitre 3<br />

La démoralisation, le manque d’efficacité personnelle, <strong>de</strong> capacité à résoudre ses problèmes, <strong>de</strong>s distorsions<br />

cognitives, un manque <strong>de</strong> soutien social et <strong>de</strong> raisons <strong>de</strong> vivre prédisposent une personne <strong>au</strong> comportement<br />

suicidaire, alors que le stress interpersonnel et le désespoir extrême apparaissent davantage comme c<strong>au</strong>ses<br />

immédiates (Malone et coll., 2000).<br />

En fait, le désespoir peut sembler plus directement lié à la suicidabilité que la dépression en soi (Thompson<br />

et coll., 2005). Dans le cadre d’une étu<strong>de</strong> prospective longitudinale <strong>au</strong>près <strong>de</strong> 207 patients psychiatriques<br />

hospitalisés suivis pendant 5 à 10 ans, une corrélation significative a été ressortie entre <strong>de</strong>s cotes élevées <strong>au</strong><br />

questionnaire <strong>de</strong> Beck sur le désespoir et un éventuel suici<strong>de</strong> (Beck et coll., 1985). Par contre, <strong>de</strong>s résultats<br />

obtenus à <strong>de</strong>ux <strong>au</strong>tres instruments, l’inventaire <strong>de</strong> dépression <strong>de</strong> Beck et l’échelle <strong>de</strong> l’idéation suicidaire,<br />

n’ont pas établi <strong>de</strong> corrélation avec un éventuel suici<strong>de</strong>, même si l’item unique <strong>de</strong> l’inventaire <strong>de</strong> dépression<br />

<strong>de</strong> Beck traitant du pessimisme a paru avoir une valeur prédictive. Des étu<strong>de</strong>s comparant <strong>de</strong>s ado<strong>les</strong>cents<br />

ayant commis une tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> grave avec <strong>de</strong>s groupes témoins ont révélé un nive<strong>au</strong> très élevé <strong>de</strong><br />

désespoir, <strong>de</strong>s traits névrotiques et un locus <strong>de</strong> contrôle externe <strong>chez</strong> le groupe <strong>de</strong> patients (Be<strong>au</strong>trais et coll.,<br />

1999; Csorba et coll., 2003). Les traits névrotiques sont un aspect <strong>de</strong> la personnalité associé à la tendance<br />

à l’anxiété, à se faire be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> souci et à rapporter <strong>de</strong>s troub<strong>les</strong> émotifs. Le locus <strong>de</strong> contrôle externe a<br />

pour effet <strong>chez</strong> une personne <strong>de</strong> donner le sentiment que son comportement est assujetti à <strong>de</strong>s facteurs hors<br />

<strong>de</strong> son contrôle et, par conséquent, l’amène à ressentir une diminution <strong>de</strong> sa compétence et à douter <strong>de</strong> ses<br />

capacités.<br />

Une étu<strong>de</strong> a fait une comparaison entre <strong>de</strong>s patients psychiatriques ambulatoires ayant fait une tentative <strong>de</strong><br />

suici<strong>de</strong> et d’<strong>au</strong>tres n’ayant pas i<strong>de</strong>ntifié <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux voies menant <strong>au</strong> suici<strong>de</strong>. Sur l’une <strong>de</strong>s voies, la dévalorisation<br />

(<strong>de</strong> soi), la solitu<strong>de</strong> et la séparation ou le divorce conduisent à la dépression et, par ricochet, suscitent le<br />

désespoir et l’idéation suicidaire aboutissant à une tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> (Dieserud et coll., 2001). La <strong>de</strong>uxième<br />

voie menant à une tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> commence par la dévalorisation et le sentiment d’incapacité, ce qui a<br />

pour résultat d’entraîner l’incompétence à résoudre <strong>de</strong>s problèmes interpersonnels.<br />

Dans le cas d’une étu<strong>de</strong> <strong>au</strong>près d’élèves <strong>de</strong> nive<strong>au</strong> secondaire <strong>de</strong> l’État <strong>de</strong> New York, ceux qui avaient été<br />

exposés à un camara<strong>de</strong> suicidaire avaient davantage <strong>de</strong> stratégies d’adaptation mésadaptées et avaient<br />

moins tendance à chercher <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> (Gould et coll., 2004). Ce qu’on entend comme stratégies d’adaptation<br />

inadéquates ou mésadaptées, ce sont notamment l’idée qu’on ne <strong>de</strong>vrait pas confier à d’<strong>au</strong>tres le fait <strong>de</strong> se<br />

sentir déprimé, l’usage <strong>de</strong> drogues ou d’alcool pour composer avec <strong>de</strong>s sentiments négatifs et la considération<br />

du suici<strong>de</strong> comme option.<br />

Avoir <strong>de</strong>s raisons positives <strong>de</strong> vivre peut protéger <strong>de</strong>s personnes pendant une dépression contre <strong>de</strong>s pensées<br />

suicidaires et le suici<strong>de</strong>. Une étu<strong>de</strong> menée <strong>au</strong>près <strong>de</strong> personnes hospitalisées pour une dépression majeure a<br />

permis à <strong>de</strong>s patients n’ayant pas tenté <strong>de</strong> se suici<strong>de</strong>r d’exprimer <strong>de</strong>s sentiments profonds <strong>de</strong> responsabilité<br />

à l’égard <strong>de</strong> leur famille, <strong>de</strong>s craintes plus fortes <strong>de</strong> la désapprobation sociale, <strong>de</strong>s objections mora<strong>les</strong> plus<br />

prononcées à l’égard du suici<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s compétences d’adaptation et <strong>de</strong> survie plus efficaces et une peur plus<br />

gran<strong>de</strong> du suici<strong>de</strong> que <strong>les</strong> patients ayant fait une tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> (Malone et coll., 2000).<br />

La théorie cognitive <strong>de</strong> la dépression souligne le rôle <strong>de</strong> schémas <strong>de</strong> pensée spécifiques qui génèrent et<br />

entretiennent une humeur déprimée, dont l’état <strong>de</strong> détresse, le désespoir, le pessimisme et la généralisation<br />

excessive (Beck et coll., 1979; Kovacs et Beck, 1978). Cependant, l’humeur modifie également le contenu <strong>de</strong><br />

la pensée et le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> cognition. Une humeur joyeuse pousse <strong>les</strong> personnes à donner davantage accès à <strong>de</strong>s<br />

raisons positives <strong>de</strong> vivre, alors que l’humeur déprimée rend difficile <strong>de</strong> se rappeler ou <strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s tel<strong>les</strong><br />

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