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transférée de manière héréditaire par les ascendants aux descendants, par héritage pour les lignages, transmission de père en fils. L’accès au foncier pour les femmes se fait seulement en cas de décès du mari s’il n’ y a pas de fils. La femme dépend du mari pour l’acquisition d’une parcelle à cultiver dont elle n’a que l’usufruit. En dehors de ces espaces individualisés, le reste du patrimoine foncier traditionnel appartient à la communauté et l’accès y est libre pour les autochtones. Cependant, il arrive que les activités conduisent les ressortissants de villages différents, à coloniser des terres à des distances assez éloignées de leurs origines. Dans ce dernier cas, les terres n’appartiennent pas aux villages, mais plutôt aux individus. L’espace que le village considère comme sien se divise entre le village (case et plantations derrière), la forêt proche du village (lieu des maîtrises foncières exclusives au village, champs et jachères, forêt non défrichée et pistes, ruisseaux, rivières), la forêt la plus éloignée soit trois à douze kilomètres. Les limites entre les villages sont les cours d’eau, les arbres naturels ou plantés. L’espace cultivé a une logique spatiale (territoriale) dominante. La forêt éloignée est le lieu des activités de collecte, chasse et pêche. Cet espace tend à devenir commun à plusieurs villages mais avec des limites de terroirs au moins connues des anciens. Dans la logique d’appropriation des ressources, (accès et contrôle), l’espace n’est qu’un support des activités, les limites correspondent aux modalités particulières d’une activité. Ce système permet des fluctuations, des interdépendances et des échanges. Les limites entre villages semblent connues des seuls vieillards et non transmises aux jeunes, ce qui pose un problème pour l’avenir, des tensions entre villages, surtout compte tenu de la vitesse d’accroissement de ces villages. L’accès se fait par prêt pour les étrangers au village (allogènes et voisins du même groupe ethnique), sur demande au chef de village qui consulte les chefs de famille. Si l’accès au foncier chez les Bantous se définit par l’occupation effective, chez les Baka au contraire, la notion de propriété foncière n’existe pas : l’espace forestier dans lequel ils ont toujours évolué appartient à tous, et chacun accède aux ressources selon ses besoins et ses capacités. C’est à ce niveau que se rejoignent les deux peuples, car même chez les Bantous, la forêt est un bien collectif : la chasse, le ramassage, la cueillette, la pêche ou toute autre activité peuvent y être pratiqués par tous. Ces activités représentent chez les Pygmées, les bases de leur vie, et chez les Bantous une part importante de leur alimentation et de leurs revenus. Même si on relève aujourd’hui une sédentarisation progressive chez les Baka, leur perception du milieu demeure. Cette perception de l’espace et de son utilisation par les peuples autochtones et surtout les Pygmées Baka s’oppose sur plusieurs aspects au droit moderne et à l’évolution des situations environnementales qui sont : • L’ordonnance de 1974 sur le régime foncier; • La loi n° 94-01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche, qui impose désormais des restrictions en matière de faune; • Les impératifs de la conservation qui ont induit la création ou les projets de création des parcs nationaux notamment celui de Boumba-Bek et Nki contiguë à l’UFA 10015 et celle des ZIC ( ZIC N° 38 chevauchant à 90% l’UFA 10015) à l’intérieur desquels les activités de chasse sont interdites pour les populations; • La politique de l’Etat Camerounais visant l’installation des Pygmées Baka le long des voies de communication et leur intégration dans les circuits socio-économiques modernes. Tous ces facteurs et éléments font que les populations ne se retrouvent pas dans la nouvelle structuration de l’espace. Les Pygmées sont encore plus touchés, car il s’agit là d’un <strong>JMN</strong> Consultant Etude d’impact environnemental de l’UFA 10015 - CIBC 60
ouleversement total dans l’utilisation de leur milieu. Un travail de sensibilisation est encore à faire dans l’orientation des populations dans l’utilisation des ressources naturelles ou la pratique des rites culturaux dans les zones à usages multiples. Dans l’arrondissement de Moloundou et ses environs, la propriété foncière est collective à toute la communauté sur un territoire donné. C’est ainsi que la communauté dispose des espaces d’habitation, des espaces cultivés, des jachères et des zones de chasse et de cueillette. Les populations ne sont pas très regardantes sur les limites de leur territoire ancestral, surtout en forêt, vu le caractère vaste de l’espace forestier. Au dire de l’autorité administrative, aucun titre foncier n’a déjà été délivré ou serait en cours d’établissement dans l’arrondissement de Moloundou. La propriété privée s’acquiert sur un espace par la création de plantations de cultures pérennes (cacao en l’occurrence). xi. Réunion avec les autorités locales et les représentants des populations de Adjala (photo Erith Ngatchou) <strong>JMN</strong> Consultant Etude d’impact environnemental de l’UFA 10015 - CIBC 61
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