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SANS FAMILLE

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parler qu’il n’eût assurément pas mieux exprimé par le langagearticulé ses désirs qu’il ne le faisait par les sons différents qu’ilpoussait, par les contractions de sa figure et par la mimique detout son corps ; c’étaient de vraies larmes qui mouillaient sesjoues, et c’étaient de vrais baisers ceux qu’il appliquait sur lesmains de Vitalis.– Tu veux jouer ? dit celui-ci.– Oui, oui, cria toute la personne de Joli-Cœur.– Mais tu es malade, pauvre petit Joli-Cœur !– Plus malade ! cria-t-il non moins expressivement.C’était vraiment chose touchante de voir l’ardeur que cepauvre petit malade, qui n’avait plus que le souffle, mettait dansses supplications, et les mines ainsi que les poses qu’il prenaitpour nous décider ; mais lui accorder ce qu’il demandait, c’eûtété le condamner à une mort certaine.L’heure était venue de nous rendre aux halles ; j’arrangeaiun bon feu dans la cheminée avec de grosses bûches qui devaientdurer longtemps ; j’enveloppai bien dans sa couverture lepauvre petit Joli-Cœur qui pleurait à chaudes larmes, et quim’embrassait tant qu’il pouvait, puis nous partîmes.En cheminant dans la neige, mon maître m’expliqua cequ’il attendait de moi.Il ne pouvait pas être question de nos pièces ordinaires,puisque nos principaux comédiens manquaient, mais nous devions,Capi et moi, donner tout ce que nous avions de zèle et detalent. Il s’agissait de faire une recette de quarante francs.Quarante francs ! c’était bien là le terrible.– 249 –

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