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SANS FAMILLE

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Et Mattia joua ainsi un morceau sur chacun de ces instruments.– Ce gamin est un prodige, criait Espinassous ; si tu veuxrester avec moi, je ferai de toi un grand musicien ; tu entends,un grand musicien ! le matin, tu raseras la pratique avec moi, ettout le reste de la journée je te ferai travailler ; et ne crois pasque je ne sois pas un maître capable de t’instruire parce que jesuis perruquier ; il faut vivre, manger, boire, dormir, et voilà àquoi le rasoir est bon ; pour faire la barbe aux gens, Jasmin n’enest pas moins le plus grand poëte de France ; Agen a Jasmin,Mende a Espinassous.En entendant la fin de ce discours, je regardai Mattia.Qu’allait-il répondre ? Est-ce que j’allais perdre mon ami, moncamarade, mon frère, comme j’avais perdu successivement tousceux que j’avais aimés ? Mon cœur se serra. Cependant je nem’abandonnai pas à ce sentiment. La situation ressemblait jusqu’àun certain point à celle où je m’étais trouvé avec Vitalisquand madame Milligan avait demandé à me garder près d’elle :je ne voulus pas avoir à m’adresser les mêmes reproches queVitalis.– Ne pense qu’à toi, Mattia, dis-je d’une voix émue.Mais il vint vivement à moi et me prenant la main :– Quitter mon ami ! je ne pourrais jamais. Je vous remercie,monsieur.Espinassous insista en disant que quand Mattia aurait faitsa première éducation, on trouverait le moyen de l’envoyer àToulouse, puis à Paris au Conservatoire ; mais Mattia répondittoujours :– Quitter Rémi, jamais !– 521 –

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