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SANS FAMILLE

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Mais celui-ci, au lieu de donner ce morceau de bois à soncamarade, le passa derrière son dos.– Ah ! mais non, dit-il.– Donne, la soupe sera meilleure.– Si tu crois que je l’ai apporté pour la soupe : je n’ai quetrente six sous, je compte sur lui pour que Garofoli ne me fassepas payer trop cher les quatre sous qui me manquent.– Il n’y a pas de morceau qui tienne ; tu les payeras, va ;chacun son tour.Mattia dit cela méchamment, comme s’il était heureux dela correction qui attendait son camarade. Je fus surpris de cetéclair de dureté dans une figure si douce ; c’est plus tard seulementque j’ai compris qu’à vivre avec les méchants on peut devenirméchant soi-même.C’était l’heure de la rentrée de tous les élèves de Garofoli ;après l’enfant au morceau de bois il en arriva un autre, puisaprès celui-là dix autres encore. Chacun en entrant allait accrocherson instrument à un clou au-dessus de son lit ; celui-ci unviolon, celui-là une harpe, un autre une flûte, ou une piva ; ceuxqui n’étaient pas musiciens mais simplement montreurs de bêtesfourraient dans une cage leurs marmottes ou leurs cochonsde Barbarie.Un pas plus lourd résonna dans l’escalier, je sentis quec’était Garofoli ; et je vis entrer un petit homme à figure fiévreuse,à démarche hésitante ; il ne portait point le costume italien,mais il était habillé d’un paletot gris.– 283 –

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