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SANS FAMILLE

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gens. En tout cas la parole n’a jamais été utile entre lui et moi ;du premier jour nous nous sommes tout de suite compris.N’étant jamais sorti de mon village, j’étais curieux de voirune ville.Mais je dois avouer qu’Ussel ne m’éblouit point. Ses vieillesmaisons à tourelles, qui font sans doute le bonheur des archéologues,me laissèrent tout à fait indifférent.Il est vrai de dire que dans ces maisons ce que je cherchaisce n’était point le pittoresque.Une idée emplissait ma tête et obscurcissait mes yeux, outout au moins ne leur permettait de voir qu’une seule chose :une boutique de cordonnier.Mes souliers, les souliers promis par Vitalis, l’heure étaitvenue de les chausser.Où était la bienheureuse boutique qui allait me les fournir ?C’était cette boutique que je cherchais : le reste, tourelles,ogives, colonnes n’avait aucun intérêt pour moi.Aussi le seul souvenir qui me reste d’Ussel est-il celui d’uneboutique sombre et enfumée située auprès des halles. Il y avaiten étalage devant sa devanture des vieux fusils, un habit galonnésur les coutures avec des épaulettes en argent, beaucoup delampes, et dans des corbeilles de la ferraille, surtout des cadenaset des clefs rouillées.Il fallait descendre trois marches pour entrer, et alors on setrouvait dans une grande salle, où la lumière du soleil n’avaitassurément jamais pénétré depuis que le toit avait été posé surla maison.– 74 –

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