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BULETIN ğTIIN IFIC - Universitatea George Bacovia

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Ontos et logos dans une page de „La Peste“ de Camus 109<br />

en mouvement…” (cf. Petit Robert), tandis que l’autre met simplement en communication<br />

l’extérieur et l’intérieur. Le débouché est suggéré par le passage des voyelles postérieures<br />

[u], [] à la voyelle antérieure: [e ], [ ] ”ils poussèrent la porte vitrée…” Le synatgme<br />

“immense salle” prononcé comme s’il y avait un seul mot, configure un espace tendant à<br />

l’infini mais que les fenêtres obstruent car elles sont “hermétiquement closes”.<br />

Après les images visuelles c’est le tour des images sonores de stimuler le système<br />

de perception. Ce sont d’abord les sons émis par les ventilateurs [- animés] qui se font<br />

entendre. Leur ronronnement est évoqué par la dissémination de quatorze “r” à l’intérieur<br />

de la phrase. Le fonctionnement des appareils renvoie nécessairement à l’homme mais il<br />

n’est que souffrance et gémissements suggérés par les métaplasmes:<br />

“…de tous les côtés montaient des gémissements sourds ou aigus…qu’une plainte<br />

monotone…”<br />

[e o e õ e e e ã u u e y y o o o]<br />

et leur réitération: 8e; 5 o; 3u; 2 i; 2y.<br />

Et comme la maladie appelle les officiers de la santé, en voilà quelques-uns qui ne<br />

se distinguent des autres hommes que par leur habit blanc et par une certaine lenteur des<br />

gestes. C’est avec eux qu’apparaît la lumière, absente jusque là, ce qui nous fait penser<br />

aux docteurs comme à des anges du bien. S’il y a une polémique du récit et de la<br />

description on trouve aussi des moments d’amnistie et d’alliance dans le roman s’il ne<br />

s’agit de l’anagrammatisation. 7 Il faut faire attention aux “quarts de mots”, comme nous le<br />

conseille Paulhan, et à ”une simple lettre”, à la consonne “r”, par exemlpe, qui s’accumule<br />

vers la fin de la description de la salle en rencontrant les consonnes [b] et [t] et les<br />

voyelles [a], [ã], [e]:<br />

“dans la lumière cruelle que déversaient les hautes baies garnies de barreaux”.<br />

[ã e r r e e e r e e e a r b a r]<br />

L’intention en serait d’annoncer la présence de Rambert qui ne tarde pas<br />

d’apparaître au commencement de la phrase suivante. Le nom du personnage tente de<br />

s’écrire entre les lettres de la phrase précédente. En revenant à la troisième phrase, la<br />

prolifération de la même lettre (dont la fréquence y est 14!) nous fait observer que cette<br />

description est travaillée par l’initiale R des noms des deux personnages: Rieux et<br />

Rambert; “l’air” pourrait être lu comme l’homophone de [l’r]. “Dans le haut des murs<br />

ronronnaient des appareils qui renouvelaient l’air, et leurs hélices courbes brassaient l’air<br />

crémeux et surchauffé, au-dessus de deux rangées de lits gris.”<br />

Tout s’éclaire maintenant: la salle est donc vue par l’œil de Rambert et décrite de son<br />

point de vue, ce qui nous permet d’y reconnaître un exemple de focalisation interne.<br />

L’emploi du syntagme “lumière cruelle” qui semblait étrange (lumière = [-humain]; cruelle =<br />

[+humain]) s’explique par la prise de conscience du journaliste, processus qui ne se fait<br />

pas dans la joie. Si l’on relit “baie” comme “petit golf” alors cette salle d’hôpital, espace de<br />

la claustration, de la mort, c’est la ville d’Oran (ville maritime) peuplée de malades et de<br />

médecins, sévie par le fléau et ses victimes. Étant donné que le terme lumière peut<br />

connoter intelligence, la phrase “la lumière…que déversaient les…baies garnies de<br />

barreaux” pourrait donner lieu à une interprétation telle: intelligence emprisonnéee dans la<br />

ville isolée. Et Rambert, pris entre la maladie et la santé, “se sent[it] mal à l’aise dans la<br />

terrible …chaleur”<br />

[sã<br />

te] = santé<br />

[mal a d i] = maladie<br />

Le visiteur a du mal à reconnaître le docteur qui émerge, au niveau textuel, par son<br />

patronyme, tandis que son malade n’est plus un être vivant mais “une forme gémissante”.<br />

Cette image achève une phrase suivie d’une autre s’ouvrant logiquement par le terme<br />

désignant le métier qu’on regarde exercer. L’image n’est pas trop ample mais symbolique:<br />

<br />

<br />

<br />

7 selon Ricardou, Jean (1978) : Nouveaux problèmes du roman, Éditions du Seuil, pp.25-38

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