BOURGEOIS - Toronto Public Library

LE LAC AU FLAMBEAU 245
" plus consideres d'une nation. Le Pavillon est une vraie mar­
" que de Cheferie dont tu dois te faire gloire, car nous n'en don­
" nons pas aux premier venus des Sauvages. II faut etre ce que
" tu es pour l' avoir, c'est a dire, aimer les Frangais comme tu
" fais, veiller a leur conservation et leur faire faire des paquets.
" Mes ordres etaient de ne te rien donner cet automne et d'at­
"tendre au printemps afin de te connaitre, mais, d'apres tout
" Ie bien que j' ai oui dire de toi pal' les Frangais, je n'ai pas
" hesite un moment ate rendre glorieux, convaincu que tu seras
"toujours Ie meme pour Ie Fort; que tu auras soin de mes
,. jeunes gens; qu'aucun chien ne les mOl'de (2) et qu'ils ne re­
" viennent jamais honteux lorsqu'ils iront a tes loges.
" C'est a toi, comme premier chef de l'endroit, a faire tous tes
" efforts pour que les Sauvages viennent tous en traite ici ce
" printemps ; ce sera pour toi une gloire de renvoyer les canots
" pleins au Grand Portage .
• , Ressouviens-toi que Ie nom du Grand Traiteur est sur Ie
"pavillon. Partout au tu iras, n'rmporte auquel de ses Forts,
., tu y seras regu les bras ouverts, et il ne peut te donner une
" plus grande marque de son amitie. II a ecoute tes plaintes et
" il est bien fache que Gauthier ait bu ton rhum l' anneee passee ;
" je puis t' assurer, camarade, qu'il n' en sera pas ainsi cette
" annee.
" Et, vous autres taus, regardez moi ! Voyez Ie Traiteur qui
" vous est £nvoye! Je suis celui que vous avez fait demander.
" J'ai regu, cet ete, trois paroles de trois chefs des prairies pour
" retourner hyverner sur leurs terres, mais je m'y suis refuse,
" pour laisser dire vrai a notre Grand Traiteur, qui a vouiu
"m'envoyer ici pour vous faire charite et non pour etre meprise.
" Cependant, je n'ai aucun reproche a vous faire parceque voila
" la premiere fois que nous nous voyons. Soyez donc devoues
(2) Qu'i\ ne leur arrive malheur.